Ces Chrétiens qui manquent à l’appel…
Extrait de la croix :
Messe du dimanche : ces paroissiens qui manquent à l’appel depuis le confinement
Enquête
On estime jusqu’à un tiers le nombre de paroissiens qui ne reviennent plus à la messe du dimanche depuis le début de la crise sanitaire. « La Croix » a voulu connaître le profil et les motivations de ces fidèles.
« Un soulagement. » C’est ce qu’a ressenti Clément, 33 ans, quand, à l’annonce du premier confinement, en mars 2020, ce professeur d’université a compris qu’il ne retournerait pas tout de suite à la messe. De fait, assister aux célébrations du dimanche de sa paroisse nantaise (Loire-Atlantique) avec son épouse et ses trois enfants était devenu une gageure pour ce proche de la spiritualité dominicaine. « On arrivait transpirants, pile à l’heure, avec nos enfants sous le bras. Puis il fallait faire la police pour essayer de pas trop déranger nos voisins, sans pouvoir rien écouter, ni prier, tout en endurant les soupirs à cause du bruit qu’on faisait. C’était ça, la messe pour nous », décrit-il sans fard.
Alors quand l’obligation de l’office du dimanche ne s’est plus imposée, les questionnements, déjà en germe, ont éclos : « Nous avons pris du recul vis-à-vis du caractère un peu triste du rite dominical, pas très adapté aux enfants. Avec mon épouse, nous avons aussi réfléchi sur l’eucharistie. La communion systématique, est-ce vraiment la manière privilégiée de rencontrer Dieu ? En travaillant sur la parole d’Évangile en famille, je me sens nourri. » Aujourd’hui, il s’interroge : « Revenir à la messe, ne serait-ce pas renouer avec une posture de spectateur dans ma foi ? »
À l’instar de Clément, la suspension des célébrations qui a marqué à deux reprises l’année 2020, aura, pour une petite partie des fidèles catholiques, remis en question la centralité de la messe dans leur pratique. La proportion de « décrocheurs » au sein l’Église de France depuis la première suspension des offices en mars dernier, est difficile à évaluer et varie franchement selon les territoires. Interrogés par La Croix dans toute la France, des évêques et une trentaine de curés évoquent jusqu’à un tiers de paroissiens « manquant à l’appel » par rapport aux assemblées « pré-Covid ». Dans certaines églises, la baisse de fréquentation oscille entre 15 et 30 %, quand dans d’autres, la vie paroissiale a repris son cours au même rythme que l’avant Covid-19.