Rencontre avec François Charbonnel, séminariste

A quelques semaines de son ordination diaconale le à François a accepté de répondre à nos questions sur sa vocation, son parcours et les différentes étapes qui ont balisé son chemin.

François a 28 ans, il a passé son enfance avec ses 2 sœurs dans le Santerre. Scolarisé à l’ Ecole primaire de Rosières-en-Santerre , ses années collège et  lycée se déroulent à Amiens
Après le bac, il fait 2 ans de classes préparatoires à Versailles puis entre en école d’ingénieur (AgroParisTech). En 2016, il entre en propédeutique à la Maison Madeleine Delbrêl de Neuilly-sur-Seine puis au séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux. Il est actuellement en 3ème année du Cycle de théologie à Rome.

François, comment est née ta vocation ?
Toute vocation vient de Dieu et en ce sens elle demeure un mystère qui nous échappe… Il y a quelques jours, à l’occasion de la canonisation de Charles de Foucauld, un évêque expliquait aussi que la vocation est « dynamique », c’est-à-dire que c’est uniquement à la fin de notre vie, une fois que nous serons face à Dieu que nous pourrons dire : « telle était ma vocation ». Je trouve cela très éclairant.
Ceci étant dit, je peux malgré tout relever plusieurs éléments importants qui ont contribué, je crois, à la naissance et la croissance de ma vocation : tout d’abord l’éducation chrétienne que j’ai reçu dans ma famille, la présence de religieuses dans mon école primaire, les figures marquantes de prêtres de la paroisse et surtout la prière de nombreux chrétiens pour demander des vocations !

Comment as-tu répondu à cet appel ?
Pour répondre à un appel, il faut déjà l’avoir entendu… Une étape importante de ma vie spirituelle a été le moment où, sur la suggestion du prêtre de la paroisse, j’ai commencé à consacrer chaque jour quelques minutes à la lecture de la Parole de Dieu et à la prière en silence. C’est à partir de ce moment là qu’il m’est devenu possible, je le crois très sincèrement, de répondre à cet appel. Ensuite tout simplement j’en ai parlé à un prêtre qui m’a permis de rencontrer le service des vocations du diocèse d’Amiens. Mais l’essentiel se trouve dans la prière et cela vaut pour tous. Quand on commence, peu importe la durée, cinq ou dix minutes suffisent, ce qui compte c’est la fidélité quotidienne à cette rencontre avec le Seigneur et tenir sans se décourager quand les minutes semblent durer des heures !

Les différentes étapes de tes années de séminaire ? Quelle année as-tu préféré ?
Les étapes du séminaire sont celles programmées par l’Eglise. D’abord la propédeutique qui est un temps de fondation spirituelle et d’approfondissement de sa vocation (1 an). Puis le cycle de formation du disciple-missionnaire (2 ans) et de configuration au Christ Tête et Pasteur (3 ans). Plusieurs étapes marquent aussi l’avancée dans le parcours : l’admission parmi les candidats au sacerdoce, le lectorat (engagement à prier et méditer la Parole de Dieu) et l’acolytat (qui nous prépare à être un ministre de l’eucharistie). Chaque année à sa saveur particulière, son lot de nouveautés, de découvertes et de surprises. Difficile d’en préférer une car ce que nous avons à préférer, ou plutôt à choisir, c’est la vie quotidienne dans sa simplicité et sa grandeur. A cet égard, cette question me rappelle cette affirmation du supérieur du séminaire d’Issy-les-Moulineaux : « l’ordination ne sera pas le plus beau jour de votre vie ». Je pense qu’il ne se trompait pas en disant cela.

La vie d’un séminariste à Rome ?
Etre séminariste à Rome c’est d’abord être un étudiant puisque nous venons d’abord ici pour suivre une formation dans une des universités romaines. Une des spécificités par rapport aux autres centres de formation, en France par exemple, c’est que nous vivons une expérience internationale en rencontrant des professeurs et des étudiants du monde entier. C’est une vraie richesse. Du reste notre vie, comme celle de tout séminariste, demeure rythmée par les temps de prière, la vie en communauté et tout simplement la vie quotidienne (laver sa chambre et repasser ses chemises !). Bref nous n’avons pas le temps de nous ennuyer… Il faut reconnaître qu’accueillir de la famille, des amis ou des pèlerins à Rome nous permet aussi de découvrir le riche patrimoine historique et culturel de cette ville. Enfin vivre à Rome c’est aussi profiter d’une certaine proximité avec le Vatican où se trouvent les fondations de l’Eglise depuis saint Pierre jusqu’au Pape François.

Selon toi, que signifie pour toi, être ordonné diacre (en vue du sacerdoce) ?
Etre ordonné diacre en vue du sacerdoce, c’est d’abord répondre à un appel du Christ à lui donner toute sa vie. Il va sans dire que cela nous dépasse toujours un peu. Toutefois je suis persuadé que c’est un appel au bonheur. Après toutes ces années de séminaire, je suis également convaincu que cette ordination à un caractère profondément ecclésial, c’est-à-dire qui concerne tout le monde. Je demeure marqué par le message du Pape pour le Journée mondiale de prière pour les vocations en 2015 intitulé « l’Eglise mère des vocations ». Il explique tout à fait cela : « L’appel de Dieu nous arrive à travers la médiation de la communauté. (…) Le parcours vocationnel se fait avec les frères et les sœurs que le Seigneur nous donne : c’est une con-vocation ». Autrement dit, on ne devient pas diacre (ni prêtre) pour soi mais pour les autres. Plus largement, être ordonné c’est recevoir en vertu de la configuration au Christ Bon Pasteur et malgré nos limites, la capacité de représenter et de témoigner de l’amour miséricordieux de Dieu pour tout homme. C’est un don qu’il faut oser affirmer mais dont on ne peut que s’émerveiller !

Ton saint préféré ?
On les retrouve dans la litanie des saints qui sera chantée le jour de l’ordination. Il y a bien sûr mon saint patron, dont j’ai reçu le prénom le jour béni de mon baptême et dont je marche sur les pas ici en Italie : François d’Assise. Je suis aussi marqué ici à Rome par le témoignage de Jean-Paul II, le pape de mon enfance : je me souviens du rayonnement qui se dégageait de lui. Deux apôtres de la miséricorde me sont aussi très chères : sainte Faustine et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face.

Que dirais-tu à un jeune qui se pose la question de la vocation ? … et à ses parents ?
Je ne peux que reprendre les mots du Pape Benoît XVI lors de la messe d’inauguration de son pontificat, le 24 avril 2005, il s’adressait spécifiquement aux jeunes en leur disant : « n’ayez pas peur du Christ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. » Tout est dit… Et je crois que des parents qui veulent que leur enfant soit heureux n’ont pas à craindre la vocation. Il y a des questions qui se posent, il faut être réaliste : le célibat, la solitude, l’avenir de nos diocèses. Mais s’arrêter à cela est injuste car tout projet de vie est un peu fou. Sinon que faudrait-il dire à de jeunes parents qui se préparent à avoir un enfant ?

Tu participes à la marche pour les vocations la nuit du 17 juin pourquoi est ce qu’il est important de prier/marcher pour demander des vocations ?

Cela ne se commande pas tout à fait et cela demande du temps – sûrement tout une vie – mais la Vierge Marie doit nécessairement avoir une place à part dans notre vie spirituelle. Alors combien sommes-nous heureux, dans le diocèse d’Amiens, de pouvoir l’honorer en marchant sur ses pas depuis Notre-Dame d’Amiens jusqu’à Notre-Dame de Brebières.
Marcher pour les vocations, c’est prendre conscience que nous avons besoin de toutes les vocations : époux et épouses, laïcs consacrés, religieux et religieuses, diacres et prêtres. Plus particulièrement en ce qui concerne les vocations de prêtre, notre évêque nous a donné cette belle prière : « Seigneur, tu veux rendre visible l’unique Eglise du Christ ; envoie les ouvriers à ta moisson dont notre Eglise diocésaine a besoin ». Nous n’avons pas le droit de désespérer, comment imaginer que le Seigneur puisse abandonner son Eglise ? D’un autre côté, faire un pèlerinage, c’est aussi se mettre en marche car si le Seigneur donne tout, il attend aussi de nous que nous fassions un pas, autrement dit que nous répondions à son appel !

L’ordination diaconale de François sera célébrée par Mgr Le Stang
Dimanche 19 juin 2022
à 15h30
En l’Eglise Saint-Quentin de Fressenville

SAVE THE DATE…

Marche pour les vocations
Vendredi 17 Juin
D’Amiens à Albert

Départ à 21h30 de l’église St Leu (Amiens)
Arrivée aux aurores à Notre-Dame de Brebières (Albert)

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