Joyeuse Pâques !

L’étymologie de Pessah, ce vieux mot hébreux qui a donné le nom de Pâque, est bien incertaine, on pourrait le traduire par « sauter ou passer au-dessus ». En effet la nuit de l’Exode, l’Ange du Seigneur passa au-dessus des maisons des hébreux marquées par le sang de l’Agneau sacrifié en l’honneur du Dieu unique annoncé par Moïse, c’est-à-dire qu’il leur épargna la dixième et dernière plaie d’Egypte. Ils auront ensuite à vivre eux-mêmes un passage en franchissant la Mer des Joncs, pour passer de l’esclavage à la liberté, et cela ne se fit pas en une nuit, mais en quarante ans de désert pour qu’une bande fugitive d’esclaves deviennent le peuple de Dieu.
Chaque année nos frères juifs font mémoire de cet événement (et depuis plus de trois mille deux cents ans !), et cette année nous la fêtons en même temps. Mais nous écrivons Pâques avec un « s » nous les chrétiens, la Pâque de Moïse est pour nous une préfiguration de celle du Christ qui nous a offert sa vie lors des fêtes de la Pâque juive.
Jésus est bien celui qui passe au-dessus de la mort, et nous ouvre un « passage ». Pendant tout ce carême nous avons essayé avec plus ou moins de bonheur de vivre une conversion, c’est à dire de nous exercer à la liberté d’enfant de Dieu en affrontant nos esclavages personnels. Et quelques soient nos progrès ou nos échecs le Christ nous veut vivants avec Lui. Une fois encore, Il « passe » sur nos péchés, nous rappelant que l’Alliance nouée entre Dieu et l’humanité est en Lui nouvelle et éternelle selon les mots mêmes de l’institution de l’Eucharistie. Nous n’offrons plus un agneau, c’est Jésus, l’Agneau de Dieu, qui s’offre à nous et à son Père dans un même mouvement. C’est ce mouvement, cette « geste » (au sens des épopées d’autrefois) d’Amour dont nous faisons récit lors de la Veillée pascale.
Nous y évoquons les hauts faits de Dieu pour son peuple les alliances successives que finalement et absolument le Fils de Dieu accomplit en Lui. C’est par le Fils qu’en cette nuit nous devenons vraiment les enfants de Dieu pour la vie éternelle, c’est la nuit du baptême pour les catéchumènes. Mais aussi celle où nous allons renouveler les promesses du nôtre en proclamant le credo baptismal.
Pâques, c’est bien la fête du « mouvement », Dieu n’est pas immobile, on n’a pas pu le fixer sur une croix ou même l’enfermer dans un tombeau. Dieu est le « mouvement perpétuel » de l’amour : le Père aime le Fils qui naît de cet Amour et y répond, et cet Amour est l’Esprit, la Sainte Trinité est mouvement. Et puisqu’Elle est source de la vie biologique et spirituelle, Elle nous fait entrer par le Baptême en son nom (nous avons été baptisés au nom du Père,et du Fils, et du Saint Esprit) dans cet amour et cette vie qui en Dieu se confondent éternellement.
Alors si nos vies sont un passage sur cette terre et non sans douleurs parfois, il est bon de boire à la source vivifiante de Pâques, et d’y renouveler notre espérance : par sa Résurrection Christ est victorieux de la mort et du mal, et cette victoire est déjà la nôtre. Dieu nous aime infiniment et rien ne pourra épuiser cet Amour.
Bertrand Ledieu.