Mgr Le Stang au Salon de l’agriculture

Mgr Le Stang accompagne la délégation d’évêques français en visite ce lundi 26 février au Salon international de l’agriculture. Dans cet interview, Mgr Le Stang souligne: dans le contexte explosif qui secoue le monde agricole, la visite d’évêques exprime attention, soutien et amitié aux femmes et hommes qui vivent, souvent avec peine, de l’agriculture. Il revient également sur les problématiques et les enjeux que soulèvent cette crise.

Mgr, vous vous rendez ce lundi 26 avril, avec une délégation d’évêques, au salon international de l’agriculture, à Paris. Quelle est le but de cette visite ? 

Dans le contexte explosif qui secoue le monde agricole, la visite d’évêques exprime attention, soutien et amitié aux femmes et hommes qui vivent, souvent avec peine, de l’agriculture. Je me suis déjà rendu à plusieurs reprises au Salon, par intérêt pour le monde agricole dont je suis issu. Par émerveillement aussi, je le confesse ! Le Salon n’est pas qu’une vitrine pour parisiens qui ne connaissent pas le rural. Il est aussi un lieu de rencontres, de fête, et de présentation de l’incroyable richesse des savoir-faire de la production agricole en France. Mais il y a cette année, une gravité qui pousse à essayer de comprendre et de soutenir les voies d’avenir. 

Vous rencontrez souvent des agriculteurs de notre diocèse, au fil de vos déplacements. Le 24 janvier dernier, vous vous êtes rendu à la Chambre d’Agriculture de la Somme. Concrètement, quels échanges aurez-vous à Paris ?  

J’espère d’une part y croiser plus de diocésains que de politiques en campagne (électorale) ! Par ailleurs, plusieurs rendez-vous sont prévus avec les chambres d’agriculture, les syndicats, les organismes comme l’INRAE ou la fédération de l’agriculture biologique, les filières de formation etc. C’est une visite assez dense, coupée par le déjeuner à l’espace restauration du Cantal (c’est l’évêque du Cantal qui accompagne la Mission rurale au niveau national).  

Comment réagissez-vous face à cette crise du monde agricole en France et en Europe ? 

Sans grande surprise, en fait. Il y a une accumulation de difficultés, d’injustices, de politiques contradictoires et de transformations du monde agricole qui pèsent sur les personnes et la vie des communautés rurales. J’ai longtemps été scandalisé par la toute petite retraite de mes parents qui avaient trimé toute leur vie dans une ferme modeste.  

Que cette crise lancinante et tant de fois mise sous un couvercle explose ainsi n’est pas étonnant. Sur l’agriculture européenne et mondiale reposent des enjeux immenses pour l’alimentation et le développement, dans le respect des populations rurales et du trésor que sont nos terroirs. Il est temps de repenser souveraineté et d’une proximité alimentaires. Le premier des constats est que notre quotidien dépend de ceux qui nous nourrissent et que ceux-ci ont le droit de travailler dans des conditions humaines et de gagner leur vie par une profession qu’ils aiment, et que des jeunes veulent aussi exercer. 

Quel rôle l’Église peut jouer dans ces évolutions ?  

Tout d’abord, l’Église a une présence et un accompagnement des agriculteurs depuis des siècles. Il y a eu un formidable engagement de prêtres, vivant dans les villages, proches des gens, et aussi un engagement de beaucoup chrétiens au fil des évolutions, des dernières décennies notamment.  Cela doit nous remplir de gratitude d’abord, et balayer les critiques déplacées contre l’Église. Aujourd’hui, cette proximité demeure, même si les prêtres et les communautés chrétiennes sont moins nombreux.  

L’Église soutient les initiatives prises pour accompagner les agriculteurs qui veulent donner du sens à leur profession, et pour soutenir ceux qui sont en difficulté. Elle soutient aussi tout ce qui permet davantage de solidarité et d’attention mutuelle entre agriculteurs. Elle encourage les chemins de dialogue entre agriculteurs pour ouvrir des voies d’agriculture raisonnées ou biologique respectant les écosystèmes, dans la ligne des enseignements du Pape François. J’aimerais qu’on réfléchisse davantage à tout cela aussi dans le diocèse d’Amiens aussi, dans la ligne du festival « Terres d’Espérance » qui a lieu dans la Drôme en 2022. Certains le font déjà (les équipes CMR* par exemple), d’autres proposent des voies d’approfondissement spirituels.

*Chrétiens dans le monde rural