Visite pastorale paroisse Saint-François d’Assise Église Ste Thérèse d’Amiens

Frères et sœurs,  

En Avent ! Voilà ce que nous dit la liturgie des 4 dimanches de décembre. Avent comme Ad-venue, comme Aventure ! Le mot Avent signifie « arrivée ». Mais ce qui est annoncé, c’est l’arrivée de Dieu ! Mais me direz-vous, n’est-il pas déjà arrivé ? Ne l’avons-nous pas déjà connu et cru en lui ? C’est vrai et cela se voit dans votre paroisse. En ces jours de visite pastorale, comme évêque heureux de vous rencontrer, je pourrais dire comme Saint Paul (2° lecture), en voyant tout ce qui se réalise de beau chez vous et en admirant tant de personnes données pour la mission :  

Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet,
pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ;
en lui vous avez reçu toutes les richesses,
toutes celles de la parole
et de la connaissance de Dieu.
Car le témoignage rendu au Christ
s’est établi fermement parmi vous.
Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque… 

Mais Saint Paul ajoute et écrit  : 

à vous qui attendez
de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ.
C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout,

Oui, il est déjà arrivé. Première arrivée de Dieu fêtée en Avent, qui accomplit l’attente d’Israël en la naissance du Fils de Dieu, à Noël. Mais -deuxième arrivée de Dieu célébrée en Avent – il continue chaque jour d’arriver quand nous ouvrons portes et fenêtres de notre cœur à son arrivée (puisque vous avez choisi ce thème de « la maison » pour cet Avent). Nous reconnaissons déjà son arrivée dans le quotidien de nos vies. Nos frères catéchumènes sont là pour en témoigner : Dieu est arrivé dans leur vie en 2023, de façon détectable du moins (car il préparait leur cœur depuis longtemps). Et Dieu arrive chez nous chaque jour, car il a dit : Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! Quelqu’un ne peut pas être avec nous tous les jours, sans nous donner des signes de sa présence. C’est pourquoi, Jésus nous dit à tous, dans l’Évangile : veillez ! Car je suis là, tout près de vous. Au présent, nous sommes souvent tentés dire, comme dans la première lecture : Ah, Seigneur, si tu déchirais les cieux et descendais ! Mais il nous faut entendre alors la réponse en Isaïe : Dieu dit : mais je suis déjà venu !  

Tu viens rencontrer
celui qui pratique avec joie la justice,
qui se souvient de toi
en suivant tes chemins. (…) 

Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes :
nous sommes tous l’ouvrage de ta main.

Et puis, et c’est important, il y a une troisième arrivée de Dieu dont nous parlons en Avent : elle se produira à la fin des temps. Après la consécration du pain et du vin à la messe, nous chantons : « Nous attendons ta venue dans la gloire ». Nous croyons à la venue, à l’arrivée de Dieu, pour le jugement du monde et la fin de l’histoire, « à la fin des temps », à l’heure que Dieu choisira.  

Souvent bien des inquiétudes face à l’avenir taraudent notre cœur. Je ne les cite pas, vous les connaissez aussi bien que moi et chacun a les siennes. Nous nous demandons : « De quoi demain sera-t-il fait ? ». Nos peurs face à l’avenir sont celles de bien des gens. Et pourtant, en cette Église qui entre en Avent. Si on nous demande : De quoi demain sera-t-il fait ? Qu’est-ce que tu attends de l’avenir ? Tous, ici, au cœur de la messe, nous répondons ensemble : j’attends l’arrivée de Dieu. L’avenir c’est Dieu. Tout sortes d’évènements peuvent se passer dans les jours et les années qui viennent, des événements heureux comme malheureux, terribles peut-être. Pourtant, quoiqu’il se passe, de bon ou de mauvais, il y aura toujours l’arrivée de Dieu en même temps, la grâce de Dieu, sa consolation et sa force au cœur des événements. Il ne nous abandonnera pas et il rassemblera tous les hommes et le monde en lui au jour de son retour. La foi chrétienne est Espérance. L’espérance est dans son ADN. Un chrétien qui dirait : Dieu ne viendra plus, son arrivée n’est plus programmée, ne serait plus disciple de Jésus ! L’arrivée de Dieu, sa venue dans notre vie et à la fin de l’histoire est programmée. Rien ne l’empêchera.  

J’en retire deux conséquences : 

Nous devons préparer notre vie à cette venue. Dieu nous a déjà donné des signes de sa venue dans notre vie et il en donne encore. Alors, guettez l’arrivée de Dieu chaque jour ! Organisez vos vies pour ne pas les encombrer de ce qui éloigne de l’amitié de Dieu. Simplicité, sobriété, prière intérieure, choix de l’essentiel, présence là où Dieu vient. Quand nous attendons l’arrivée de Dieu, nous mettons de l’ordre dans nos vies. Il vient frapper à la porte, il s’invite, et nous préparons notre demeure. Un cœur qui veille ne reste pas en mode veille mais devient actif ! Il se dilate pour aimer, il a hâte de la rencontre, il s’émerveille de tout ce qui révèle les signes de la venue de Dieu. L’arrivée de Dieu toute proche nous aide à nous convertir un peu plus, un peu comme dans les calendriers d’Avent : chaque jour nous faisons un pas de plus, nous ouvrons une porte ou une fenêtre de notre vie, nous faisons le ménage, nous nous apprêtons pour la fête, nous habillons notre cœur. Veillez !  

L’autre conséquence est pour toute votre paroisse, dont je fais la visite pastorale comme évêque. Le mot évêque vient du grec episcopos, qui veut justement dire « veilleur » ! L’évêque a la mission prioritaire de veiller à l’arrivée de Dieu dans le diocèse qui lui est confié. Il vient, ce jour, visiter les paroissiens de Saint François d’Assise et leur demande : alors, est-ce que Dieu arrive chez vous, à travers la prière et les sacrements, à travers la communion fraternelle qu’il y a entre vous, grâce à l’amour des pauvres dont vous faites preuve, grâce à vos projets missionnaires ? Est-ce que, par votre sens de la rencontre des autres, vous êtes conduits à découvrir sa présence dans leur vie, à leur dire : vous êtes bénis, aimés de Dieu, cela se sent ? J’ai pu constater cela chez vous : beaucoup d’entre vous attendent l’arrivée de Dieu et sont témoins qu’il vient chaque jour au milieu de nous ! je voudrais simplement vous remercier d’être ainsi veilleurs malgré les ténèbres fréquentes, la violence jusqu’au cœur de vos quartiers et les souffrances du monde, vous remercier d’être missionnaires de l’espérance dans ces quartiers. Je vous remercie d’être ces veilleurs heureux qui croient à la victoire de Dieu sur le mal, même quand le découragement nous guette. Et je vous encourage à faire de votre paroisse, de toutes les cellules chrétiennes de cette paroisse, des fraternités de veilleurs, témoins de cette arrivée de Dieu parmi nous.  

 En Avent, frères et sœurs ! Il est venu, il tient encore. Dieu tient toujours ses promesses. Nous sommes tiens, Ô Notre Père, en Jésus, ton enfant. Amen.  

 + Mgr Gérard Le Stang
Evêque d’Amiens