Homélie des confirmations à Ham

Chers amis confirmands,

L’un d’entre vous m’a écrit : « La nature est pour moi primordiale et elle doit être respectée ». Tu seras donc heureux de voir que Jésus aime aussi la nature. Il aime prendre des images rurales pour parler de sa mission. Aujourd’hui, celle d’un berger avec un troupeau de brebis et de boucs. Il y a un prêtre du diocèse qui, avant d’entrer au séminaire, était berger et il aime aussi ces images. Jésus reprend l’image à l’Ancien Testament. C’est la première lecture : le prophète Ézéchiel parle de la mission du berger. Il dit : voilà que moi-même je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles. J’irai les délivrer. J’irai paître mon troupeau. Je le ferai reposer. La brebis perdue, je la chercherai. Etc. On le voit, berger est un travail d’attention et de patience.

L’un d’entre vous m’écrit : « Le point le plus difficile de ma vie est la patience ». Pour avancer sur ce chemin de la patience, qui est une qualité magnifique, tu peux donc méditer sur cette image du berger qui veille sur les autres avec attention. Le prophète dit que le berger, au fond, c’est Dieu. Vous avez bien étudié les 7 dons et ils vous ont frappés. L’un d’entre vous me dit « Un don a retenu mon attention car il me représente bien : la Sagesse ». Bravo ! Comme quoi la Sagesse n’attend pas le nombre des années !

Mais, outre les dons de l’Esprit Saint, il y a aussi les fruits de l’Esprit Saint, des fruits portés par notre vie quand nous ouvrons notre cœur à l’action de Dieu. Saint Paul les énumère dans un verset de la lettre aux galates que je vous invite à connaître par cœur (Gal 5,22) : voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Dieu est patient. Il nous donne ce qu’il a et surtout ce qu’il est. Sa présence en nous porte un fruit de patience. Tu peux donc garder confiance, car l’Esprit te rendra patient. La vie aussi : si un jour, tu as des enfants, tu seras forcé d’être patient !

Plusieurs (vous êtes-vous donné le mot ?) souhaitez être confirmé aujourd’hui pour vous « rapprocher de Dieu » et aussi savoir « comment l’Esprit Saint agit en vous ». C’est un très beau désir. Eh bien je vous donne deux pistes :

  • Lis la Parole de Dieu. Par exemple, ces textes sur le berger que nous lisons aujourd’hui : si la lecture de ces textes vous réjouis, fait grandir la paix et la joie en vous, vous donne envie de mieux comprendre la parole, et d’être vous aussi comme ce bon berger… alors vous savez que l’Esprit Saint agit en vous.
  • Ensuite (deuxième piste), scrute ta vie pour voir si, comme Saint Paul le dit, elle porte des fruits d’amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et de maîtrise de soi. Si tu sens qu’en vivant, en travaillant, en aimant, en priant ou en essayant de faire la volonté de Dieu, tu portes des fruits de ce genre, c’est que Dieu habite en ton cœur. Et franchement qu’il a-t-il de plus grand que Dieu qui puisse habiter notre cœur ?

On pourrait peut-être en ajouter d’autre fruits que nous ressentons quand l’Esprit travaille en nous. On dit parfois, par exemple : Dieu est humour (peut-être parce que dans humour est la contraction de ‘humilité et amour’ ?) ! (Cela peut vous aider s’il vous prend de vouloir être humoriste !) …à condition que ce ne soit pas un humour chargé de trop d’ironie ou de méchanceté, mais plein d’esprit. Ceux qui ont de l’humour sont plein d’esprit. On peut espérer que dans cet esprit, il y ait aussi un peu d’Esprit Saint… qui met, sous forme d’humour, les gens sur le chemin de l’humilité et de l’amour. Voilà un exemple de fruit.

Je reviens à l’image du berger. Jésus l’utilise pour parler du jugement dernier, quand le Fils de l’Homme – c’est-à-dire lui Jésus -devra faire le tri entre les brebis et les boucs. Vous connaissez bien ce passage de Saint Matthieu où le berger dit : j’ai faim et vous m’avez donné à manger (ou pas). Qui nous ? mais quand ? A chaque fois que vous l’avez fait (ou pas) à l’un de ces petits qui sont les miens, c’est à moi que vous l’avez fait (ou pas). Au jugement dernier, nous serons jugés sur l’amour, un amour si intense qu’on ne regarde plus son propre nombril mais les autres, un amour qui rend capable de voir notamment le visage de Jésus sur le visage des pauvres. Cela aussi est un signe puissant que tu as l’Esprit Saint en toi. L’un d’entre vous l’a bien compris quand il m’écrit qu’il n’est pas un super pratiquant (« loin de là » ! dit-il) mais que le chrétien n’est pas chrétien seulement à la messe. Bien vu ! Cependant je veux te dire ceci : n’oppose pas, au contraire unit ! Plus tu seras dans la prière et l’amour de Jésus qui se donne à l’autel, plus tu découvriras Dieu dans le monde, y compris dans le visage des pauvres et par le service que tu rendras. N’oppose pas, unit les deux : Jésus à l’autel et Jésus dans la vie !

Tu l’as d’ailleurs bien compris, toi qui écris que tu garde mémoire de ta première communion, devant l’autel, un Jeudi Saint (près de l’autel) que tu as reçu un signe venant de Dieu lui-même (à mon avis). Tu dis en effet : je me suis alors réellement senti disciple de Jésus, comme si j’assistais à son dernier repas. C’est là que l’a foi s’est éveillée en moi. J’ai voulu tenter de comprendre le message de Jésus ». Une telle expérience vient de l’Esprit Saint. Nous pouvons tous la vivre d’une manière ou d’une autre. L’expérience de devenir vraiment disciple de Jésus… afin de pouvoir devenir son témoin. Disciple-missionnaire, comme écrit le Pape François… et comme me l’écrit si fortement l’un de vous dans une expression formidable : devenir utile à Dieu ! Êtes-vous, frères et sœurs, comment vous sentez-vous utiles à Dieu ?

Voyez donc ce que produit l’Esprit Saint. Il nous conduit à dire au fond : Seigneur, tu es le Roi de ma vie (ça tombe bien, c’est la fête du Christ-Roi de l’univers !). Ton amour est royal. Il me remplit d’une liberté royale, qui me permet de découvrir quelle est ta volonté sur ma vie. J’achève avec cette magnifique phrase de l’un d’entre vous : « Je demande cette grâce qui me permettra de faire davantage encore l’expérience de la présence du Christ dans ma vie, de grandir dans l’amour et la confiance, de fortifier ma foi et trouver la force d’en témoigner ». Que cette grâce vous soit donnée, à chacun. Amen.

+ Mgr Gérard Le Stang
Evêque d’Amiens