Lettre de rentrée de Mgr Gérard Le Stang

Quand vient la rentrée, nous aimons reprendre la route ensemble, heureux d’être messagers du Christ, en Église. Beaucoup d’entre vous ont lu la lettre Vous êtes la terre que Dieu cultive, publiée pour la Saint Firmin 2022. Elle donnait des indications, qui restent d’actualité, pour la mission dans le diocèse d’Amiens. Je la prolonge ici, sans vouloir tout énumérer, mais pour que chacun sente le cap donné en ce début d’année. Nous avançons avec humilité, conscients de nos limites, avec beaucoup de confiance et d’énergie.

Dans le souffle des JMJ

Les Journées Mondiales de la Jeunesse de Lisbonne ont révélé au monde une Église jeune, joyeuse, et unie. Sans y participer directement, beaucoup ont ressenti la joie d’être croyant et la jeunesse du cœur donnée par la foi en Christ. « La joie est missionnaire » a martelé le Pape François aux jeunes. A cette joie, nous sommes tous appelés. N’est-ce pas, en ces temps de reprise, l’occasion de choisir de replacer notre vie dans le champ magnétique de la volonté de Dieu ?

Trois axes fondamentaux

Voici trois fondements, simples et précis, pour notre expérience commune. Chacun peut y trouver une voie pour grandir dans son amitié avec le Christ et son désir de le suivre, sans peur de prendre des initiatives nouvelles pour être témoin du Salut.
Qu’attendons-nous de notre Église ? Qu’au plus proche de ce que nous vivons, elle soit :

I. Une Église en prière. Sans la relation vivante à Dieu, notre âme se dessèche et nos communautés se coupent de leur source. Plus nous sommes liés à Lui, plus la connexion à sa volonté et à sa Parole se fait aisément, plus notre espérance et notre charité grandissent. Prier et se former ne sont pas facultatifs !

II. Une Église missionnaire. Annoncer Jésus Sauveur autour de nous est la raison d’être de notre vie chrétienne. Comment ? Que chacun trouve sa manière propre, mais que personne ne s’y dérobe!

III. Une Église solidaire. L’actualité interroge et souvent elle inquiète : les émeutes du début d’été, la crise environnementale, les crises des familles, de l’éducation, des migrations, de la santé etc. Les chrétiens, sans partager forcément la même analyse des problèmes et de leurs solutions, sont poussés à être témoins concrets d’espérance et de fraternité !

CONCRÈTEMENT, CETTE ANNÉE, DANS LE DIOCÈSE.

1 La pastorale des enfants et des jeunes marche fort dans notre diocèse, stimulée par l’élan des JMJ, et des nombreux camps et pèlerinages de l’été ! Un nouveau rassemblement est prévu à Fort-Manoir à l’Ascension. La Mission Saint-Leu à Amiens est renforcée par la présence de trois prêtres, dont un résidant sur place. L’enseignement catholique affermit sa mission essentielle d’être lieu de transmission de l’Évangile aux enfants et aux familles. Le service de l’autel est une belle voie à proposer pour grandir dans la foi. Transmettre le relai aux jeunes générations, tous azimuts, notamment par la liturgie, doit nous habiter tous en continu.
Quelles initiatives prendrez-vous en ce sens ?

2 Cette année sera aussi celle de la visite pastorale de l’évêque dans la ville d’Amiens et les villages proches, après la visite des treize autres secteurs les années passées. Ce sera à nouveau l’occasion d’entrer en dialogue avec la société et de nous projeter en vue d’une plus grande dynamique missionnaire à Amiens-Métropole.

3 Le « réseau de la terre et du frère » va s’étoffer. Un prêtre est chargé de l’animation de ce réseau. Les diverses manières de vivre une écologie intégrale – dont le label « Église verte » et une fraternité avec les plus pauvres -, vont croître. Une maison des couples et des familles va ouvrir à Amiens, sous la responsabilité d’une personne laïque. La fondation de nouvelles fraternités missionnaires de proximité reste une priorité.

4 Du 29 avril au 4 mai 2024, avec les autres diocèses de la Province, nous vivrons une semaine de marche et de prière pour les vocations, de Cayeux-sur-mer à Reims ! Notez la date ! Par ailleurs, les groupes de prière, d’adoration, d’intercession pour les malades et les souffrants, pour les vocations… sont à encourager partout, notamment en mobilisant des personnes dont la prière et l’offrande de leur souffrance sont une belle participation à la mission de l’Église. «Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux.»

CONSTRUIRE L’AVENIR

1 En octobre prochain, quarante personnes de notre diocèse se rendront à Lourdes pour le rassemblement national Kerygma, centré sur la première annonce de la foi. Cela rejoint une question qui nous concerne tous : Quels mots pour parler de Dieu à nos contemporains ? C’est notre mission de baptisés, chacun dans la situation particulière de sa vie, mais aussi en Église : par une catéchèse familiale (déjà bien active) qui implique les parents et la communauté chrétienne, par des préparations aux sacrements qui ne soient pas un simple vernis mais une vraie rencontre du mystère de Dieu et de son Église, par des initiatives qui rejoignent les chercheurs de Dieu au sein de la société etc. Tout, dans tous nos projets paroissiaux, doit sentir la bonne odeur de l’Évangile. N’hésitons pas à sortir de nos « zones de confort » ! Nous avons de quoi faire, à commencer par nous libérer des peurs et des blocages qui empêchent d’être témoins de la foi !

2 Des « missions paroissiales » pour une nouvelle évangélisation ? Oui, c’est possible ! Cela recouvre une série d’événements pour aller à la rencontre des personnes, pour renouveler nos communautés et les réinitialiser en « mode missionnaire ». Avec l’appui de l’atelier missionnaire diocésain et des jeunes, elles seront organisées en lien étroit avec les communautés locales. J’attends beaucoup du lancement de tels projets missionnaires. Menés avec rigueur et synergies, audace et persévérance, ils peuvent porter des fruits magnifiques, à commencer par la conversion des missionnaires eux mêmes.

3 Beaucoup de chrétiens se posent des questions concrètes pour l’avenir de nos paroisses : comment soutenir le ministère et la vie des prêtres, beaucoup moins nombreux ? Quelle relève pour les laïcs si admirablement engagés ? Face à ces évolutions radicales, il nous faut franchir des étapes pour réorganiser l’église sur le territoire sans renoncer à la proximité. Comment ? Par des regroupements paroissiaux ? Par la création de nouveaux espaces missionnaires, avec davantage de mutualisation entre les paroisses ? Par de meilleures synergies entre prêtres et laïcs ? Pour nous ajuster à la réalité, une réflexion synodale est nécessaire, nourrie par notre espérance chrétienne.

4 La situation financière et immobilière du diocèse interroge aussi fortement notre avenir. Elle appelle notre imagination pour trouver de nouvelles ressources. Nous n’aimons pas parler d’argent dans l’Église, dit-on, mais il serait irresponsable de nous voiler la face. La mission a besoin de l’apport de nos talents, de notre temps…et de moyens matériels !

Comme le Pape l’a rappelé aux jeunes, 2025 sera l’année du jubilé de l’Espérance, à Rome et dans toute l’Église. Le synode romain, en ses deux assemblées de 2023 et 2024, fera aussi cogiter bien des chrétiens, confiants dans l’Esprit Saint. Ces perspectives d’Espérance rappellent la dimension universelle de notre expérience de foi. Porté par le témoignage de sainteté qui a marqué notre diocèse, je vois déjà fleurir chez nous une nouvelle génération de chrétiens, moins nombreux peut-être, mais heureux de croire. Que cela nous fasse grandir en confiance et sérénité.

Belle année pastorale à tous. Notre-Dame d’Amiens, veillez sur nous !

+Mgr Gérard Le Stang
Evêque d’Amiens