Paroles de jubilaires!

Rendons grâce pour les 30 ans de sacerdoce de l’abbé Nicolas Jouy, vicaire général et curé des paroisses de Flixecourt et de Piquigny et pour les 15 ans de l’abbé Arnaud Lejeune, responsable du service diocésain des vocations. Quels souvenirs gardent-ils du jour de leur ordination? Comment ont ils vécu cet instant et la suite… Ils se livrent dans cet article!

Nous avons été ordonnés à 3 : Xavier qui est Jésuite, Bernard-Marie frère de Croixrault et moi. Nous avons fait connaissance pour l’ordination et ensuite nos nominations respectives ont séparé nos chemins. Nous ne nous sommes jamais revus… sauf…
Pour mes 10 ans d’ordination je voulais aller à Lourdes pour confier à Marie mon merci. Mais, cette année-là impossible de partir pendant tout le pèlerinage diocésain. Le dimanche après-midi, après les messes et les baptêmes, je prends le train pour descendre à Lourdes en me disant que faire l’aller-retour sur 2 jours était une folie. J’arrive à Lourdes de nuit et lundi matin, dès potron-minet, je me rends à la grotte. En traversant le pont qui enjambe le gave Bernard-Marie est la première personne que je croise. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre et là il me dit : « Tu tombes bien. Pour mes dix ans d’ordination je voulais vivre le pardon. Acceptes-tu de me confesser?» Nous nous sommes mis à l’écart et avons partagé cette rencontre de grâce avec le pardon de Dieu.
Ensuite, le cœur léger je suis allé confier mes mercis à Marie, avec un de plus : ça valait vraiment la peine de faire l’aller-retour sur 2 jours… Marie est vraiment trop forte !

Une ordination commence par un dialogue avec l’évêque : « Père, la Sainte Église, notre Mère, vous présente Arnaud pour que vous l’ordonniez à la charge du presbytérat ».

J’aime à réentendre ces mots en ce quinzième anniversaire en faisant mémoire du souffle mystérieux qu’ils m’ont donné, qu’ils me donnent. Nous le savons, un prêtre est d’abord un baptisé, donc un enfant de Dieu et de l’Eglise. Il n’est pas prêtre pour lui. Comme prêtre diocésain, nous sommes enracinés dans une Eglise diocésaine. C’est Elle qui m’a présenté à l’évêque après m’avoir accompagné pendant mes années de formation mais aussi bien avant en m’aidant à vivre mon baptême notamment par les curés et les laïcs engagés dans la paroisse de mon enfance !

C’est notre Eglise diocésaine qui a participé à façonner ma vie de prêtre par les missions que j’ai reçu d’Elle : vicaire, curé, chapelain, missions diverses et passionnantes auprès des jeunes (Mission Saint-Leu, Vocations, JMJ, Scouts et Guides…), auprès de services diocésains (vie spirituelle, Famille, …) Elle m’a permis aussi de répondre à l’appel de Notre-Dame de Vie.

En paraphrasant saint Augustin, je dirai pauvrement : « pour vous je suis prêtre, avec vous je suis chrétien. ». Une immense action de grâce emplit mon cœur ! Tant de visages, de rencontres, d’événements de Moreuil, à Amiens, en passant par Venasque, Doullens, Lisieux et en tant d’autres lieux !

L’évangile de Jean se termine ainsi : « Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait » (Jn 21, 25). Avec saint Jean-Baptiste, je redis avec force que « je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale » (Jn 1, 27) et pourtant la vie que le Seigneur m’a donné, faisant de moi un prêtre, m’a rendu, me rend témoin de ces choses que Jésus fait encore aujourd’hui qui ne peuvent être contenu dans des livres, tellement il y en a.

Je ne ferai écho que d’un événement : rentrant tardivement d’une réunion, je trouve sur le répondeur un appel de l’hôpital pour venir au chevet d’une dame. J’arrive tard dans la nuit. Je trouve la chambre. La porte est entrouverte. J’entends deux aides soignantes s’affairant avec douceur et respect auprès de cette vieille dame encore avec nous mais pour combien de temps. En sortant, ces deux dames prennent encore le temps de s’excuser de m’avoir fait attendre. Je ne peux que leur témoigner de mon admiration pour ce qu’elles font. J’entre auprès de la dame mourante. Je prie pour elle, avec elle. L’Eglise aussi, je donne les derniers sacrements. Dans la nuit a brillé cette lumière de l’Espérance. L’Eglise a été présente et a fait son œuvre. Mes mains qu’Elle a consacré, l’huile qu’Elle a consacré ont permis à cette Dame consacrée par le Baptême de trouver un certain réconfort exprimé à travers un visage paisible. Ce chemin de la grâce a été précédé par la douceur et la charité en acte de celles et ceux qui soignent, celles et ceux qui ont eu souci de l’âme de cette Dame. J’ai été un témoin, et acteur. Alors que Dieu soit béni ! Que l’Eglise qui est dans la Somme soit bénie ! Merci à Elle !