Portrait de Jean Baptiste Gning, futur prêtre

Dimanche 25 juin, François Charbonnel et Jean Baptiste Gning seront ordonnées prêtres à la Cathédrale d’Amiens. Rencontre avec Jean Baptiste qui nous en dit un peu plus sur son enfance, son parcours et pourquoi il a choisi d’être ordonné pour la communauté lazariste.

Jean Baptiste, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous?

Je suis né au bord de l’océan Atlantique, à Dakar, dans ce pays tropical d’Afrique de l’Ouest qu’est le Sénégal. Quand je me présente comme sénégalais, on me fait souvent remarquer que mon prénom Jean Baptiste ne correspond pas à l’attendu d’un pays où les prénoms les plus courants sont Abdoulaye, Moussa, Ousmane Néanmoins, si je viens d’une famille de la minorité chrétienne, j’ai grandi dans un milieu multireligieux avec des cousins et cousines, oncles, tantes chrétiens ou musulmans qui n’ont pas entièrement délaissé la foi et les pratiques de leurs ancêtres. J’ai 3 frères et une sœur.

Comment est née votre vocation?

Très jeune, je voulais être prêtre. L’adulte que je suis, pense que je voulais imiter le prêtre. Mes parents, en accord avec le curé, me laisseront réfléchir une année avant de m’envoyer au petit séminaire de Ngasobil. Située au sud de Dakar, sur la petite côte, juchée sur une falaise blanche dominant la mer sonore, Ngasobil est un lieu où j’ai appris à aimer les études, où j’ai appris l’autonomie, où j’ai aimé la prière des heures. Ngasobil m’a donné une vie régulière et une éducation humaine. 

Comment est né l’appel à entrer chez les Lazaristes ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette communauté ? Quels types de mission pouvez-vous avoir ?  

J’ai rencontré les Lazaristes en Algérie. J’habitais la maison paroissiale de Boumerdès quand ils sont arrivés. Ainsi des liens se sont créés et cette envie d’être prêtre s’est réveillée en moi.  La Congrégation de la Mission, c’est son nom officiel, est fondée, comme tout le monde le sait, par Saint Vincent de Paul au XVII siècle. M. Vincent lui-même, raconte que cette congrégation a été fondée – au moins spirituellement – ici en Picardie, à Folleville un 25 janvier 1617. Ce jour de la fête de la conversion de Saint Paul, à la demande de Mme de Gondi, il prêcha, des confessions générales qui eurent un succès inespéré. L’aventure commence par cette prise de conscience d’un besoin de missions populaires dans les campagnes. Depuis, les types de mission se sont diversifiés déjà à l’époque de Vincent lui-même. Il dit à ses missionnaires : « Notre vocation est donc d’aller, non en une paroisse, ni seulement en un évêché́, mais par toute la terre ; et quoi faire ? Embraser les cœurs des hommes, faire ce que le Fils de Dieu a fait, lui qui est venu mettre le feu au monde afin de l’enflammer de son amour. Il est donc vrai que je suis envoyé́, non seulement pour aimer Dieu, mais pour le faire aimer. Il ne me suffit pas d’aimer Dieu si mon prochain ne l’aime » (Coste, XII, 262).  Selon le charisme de chacun et l’orientation communautaire, il me semble que toute mission idoine est possible tant qu’elle contribue à manifester l’amour de Dieu avec comme point de départ les plus petits et les plus fragiles. En vue de cette mission, nous vivons en communauté, lieu de soutien, de fraternité et de partage. 

Comment avez-vous pris la décision de rentrer au séminaire ? En propédeutique ?   

J’ai demandé à entrer chez les lazaristes après des exercices spirituels chez les Jésuites. L’expérience du secrétariat du synode diocésain de Valence m’a fait aimer l’Église.  Je me suis rendu compte que j’étais heureux de servir et de travailler en Église sans crainte des difficultés inhérentes à tout chemin. Par la retraite, j’ai pris conscience humblement que ma vie était déjà donnée à travers de multiples engagements. Cette conversion du cœur m’a conduit à vouloir continuer ce qui était déjà à l’œuvre en moi, pour une plus grande joie. Par fidélité au chemin déjà accompli avec les Lazaristes, j’ai choisi de demander au provincial d’entrer à la Congrégation. J’ai été accueilli généreusement. C’est lui qui m’a envoyé au Séminaire Interdiocésain d’Orléans pour commencer ma formation en vue d’être prêtre. 

Y-a-t-il un prêtre qui vous a inspiré ? Qui a eu un rôle particulier dans votre vocation ? Quel est votre saint patron préféré ?  

S’il y a plusieurs prêtres qui m’inspirent, je ne citerai que deux parmi eux : le P. Christian Mauvais, un lazariste et le P. Pierre-Antoine Bozo. P. Christian, je l’ai rencontré en Algérie et P. Pierre-Antoine à Caen où il était aumônier des étudiants. P. Christian m’a marqué par la maturité de son humanité, son témoignage a converti mon regard, il m’a donné à voir la beauté d’une personne qui aime les gens en assumant ce qu’il est sans se dévaluer, ni se surestimer. P. Pierre-Antoine m’a fait grandir dans la confiance par le témoignage d’une prière assidue, d’une bienveillance et d’amitiés fidèles ; il a cette capacité rare à donner sens à ces questions existentielles qu’un étudiant n’ose se poser de peur de remettre en cause ce qui le fait tenir. Voilà deux figures de prêtres que j’ai eu la chance de rencontrer.