Edito de Pâques : Kérygme pascal !

Kérygme pascal ! 

L’alléluia pascal est un chant de surprise et de joie ! Il jaillit de la Résurrection de Jésus, qu’aucun esprit malin n’avait inventé, ni programmé. Comme hier les disciples voyant Jésus marcher sur les eaux pensèrent voir un fantôme, comme Marie-Madeleine qui confondit Jésus et le jardinier de service, Dieu vient à nous et l’événement nous déconcerte.  

Les sondages nous ressassent que peu croient en la Résurrection de Jésus. Parce que vous trouvez cela facile à croire, vous ? Pensez-y un peu. La foi en la Résurrection est toujours un don inattendu : il est vivant ! Il est proche ! Il m’aime tel que je suis ! Il fait de moi un messager. Ressuscité, il nous re-suscite et nous sort de la nuit. Sinon notre foi est vaine. Il n’y a pas de « marronnier » pascal, comme disent les médias, habitués aux événements cycliques et prévisibles. Pâques sera toujours l’imprévu de Dieu faisant irruption dans nos vies.  

Comme les disciples dispersés et meurtris par la mort de leur maître, la fatalité et l’insensé sont un ressenti intense. « Mon cœur a débordé d’un trop-plein de souffrances : le soin m’a dérouté, infligé sa violence. La lenteur des secondes, les angoisses qui grondent, l’aujourd’hui est brisé, l’ardeur crucifiée » écrit une jeune femme accablée par une récidive de cancer. Et pourtant, plus loin, sur son chemin de renaissance, elle ose les mots de l’espérance : « Solitude habitée, caresse d’une présence, un sens est insufflé, il réchauffe le silence (…). D’aujourd’hui si fragile, germent tous les possibles, l’esquisse mystérieuse d’une œuvre ambitieuse ». Ceux qui frôlent la mort évitent les incantations creuses : Dieu les arrache au gouffre. Renaître pour eux n’est pas un vain mot. Confesser la foi en Jésus présent est un cri du cœur, une vibration du corps, un élan de l’âme qui émeut au plus profond. 

Les nouveaux baptisés de Pâques aussi sont tout retournés par ce qui leur arrive. 53 adultes, des dizaines d’enfants, de collégiens et lycéens… sans parler des nombreux bébés portés sur les fonds baptismaux. Ils sont plus nombreux chaque année à plonger dans les eaux vives du baptême. Mais que se passe-t-il donc ? Pas une semaine sans de nouvelles demandes d’adultes parfois bien loin de l’Église et attirés par le baptême pour des raisons qui déjouent toute stratégie de communication. Vous pensiez l’Église au bout du rouleau ? Mais elle n’est que le modeste instrument d’un Dieu qui la précède ! Elle-même assiste éblouie au passage de l’errance à la joie qui se produit dans le cœur de ceux qui frappent à sa porte. Elle accueille, enseigne, accompagne, rassemble et déploie ses magnifiques rites catholiques, non pour en mettre plein la vue ou tromper des libertés, mais pour inonder de grâce divine tous ceux et celles que le Ressuscité rejoint à l’intime.  

Nous voilà donc poussés au « kérygme pascal » ! Au quoi ? Ce mot étrange, tiré de la première annonce pascale dans le Nouveau Testament, résume le cri, l’exultation de joie, la conviction de foi, l’élan de l’annonce et la force du témoignage que Jésus suscite à partir du matin de Pâques et jusqu’à la fin des temps. Kerygma : l’annonce du Vivant ! C’est le seul programme d’une Église emplie de cette vie de Dieu qui a définitivement mis la mort en échec.  

Que la joie et la bénédiction de Pâques vous soient données, 

A vous les croyants, et à toute personne qui cherche la vérité. 

 

+ Mgr Gérard le Stang. 

Évêque d’Amiens.