Coulisses de la Semaine Sainte de Don François !

Don François Reynes, prêtre de la Communauté Saint Martin, vicaire à la paroisse Saint Jean Baptiste à Amiens, nous explique comment il vit, en tant que prêtre, les temps forts de la Semaine Sainte.

Don François à la journée du pardon le 1er Avril 2023 à la cathédrale d'Amiens ©Florine Müller

Don François, comment vivez-vous la Semaine Sainte ?

Du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques, la Semaine Sainte est le cœur de l’année liturgique, la « grande semaine » comme l’appelle la tradition de l’Église. Jour après jour, notre regard est fixé sur Jésus qui offre sa vie, qui traverse la mort et nous emporte dans sa résurrection. C’est le cœur de notre année avec Dieu. Dans les paroisses, les écoles, les différents groupes d’aumônerie ou de catéchisme, c’est aussi un moment d’effervescence : de nombreux temps forts de retraite, de prière ou de confession sont organisés, sans oublier les cérémonies pour lesquelles beaucoup de bénévoles sont mobilisés : chorales, servants d’autel, fleuristes, etc. Dans les familles, c’est souvent aussi un temps de retrouvailles avec ses préparatifs. Donc, que l’on soit prêtre ou laïc, il faut un peu se démultiplier, sans perdre l’esprit de recueillement, que l’on doit sauvegarder coûte que coûte par des temps de prière. Il faut aussi être vigilant aux épreuves et aux combats qui surgissent toujours à l’approche de la Semaine Sainte ! Le démon cherchera à glisser quelques peaux de bananes pour que nous passions à côté de l’essentiel. Alors n’oublions pas que c’est pour chacun de nous, et pour moi, personnellement, que le Christ a choisi de vivre son offrande ; et qu’il nous renouvelle en profondeur par cette semaine si nous sommes fortement unis à lui.

Pendant la messe chrismale, vous allez renouveler vos vœux, qu’est ce que ce temps représente pour vous ?

La messe chrismale manifeste chaque année la communion de l’Église locale autour de son évêque. D’abord parce qu’à cette occasion sont consacrées les huiles saintes qui seront utilisées pour les sacrements de l’année dans le diocèse (baptêmes, confirmations, ordinations, sacrement des malades). Mais aussi parce que tous les prêtres concélèbrent l’eucharistie avec l’évêque et renouvellent solennellement les engagements pris lors de leur ordination : « vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus et chercher à lui ressembler, en renonçant à eux-mêmes », « être les fidèles intendants des mystères de Dieu par la sainte eucharistie et les autres célébrations liturgiques, et assurer fidèlement la charge sainte de l’enseignement avec désintéressement et souci des âmes » (Rituel de la messe chrismale).
Je ne suis prêtre que depuis trois ans, mais c’est toujours une joie de faire mémoire de ce jour qui a changé notre vie, ma vie. Le sacerdoce est un don de Dieu, tout comme le célibat. Je ne le méritais pas plus que n’importe quel autre prêtre. Il nous est donné gratuitement par Dieu pour le service de son Église. Redire ce « oui » à Dieu, c’est redire qu’il est à l’origine de notre vocation et de notre consécration. Ce n’est pas une mission que nous nous sommes donnée à nous-mêmes. Le Christ est le seul et unique prêtre. Nous ne sommes que ses instruments, souvent défaillants, mais voulus par lui.

Les prêtres de la ville d’Amiens ont récemment proposé une « journée du pardon » à la cathédrale. Avec les autres prêtres du diocèse, vous vous retrouvez aussi régulièrement tous ensemble pour des journées de retraite et de prière commune. Quelle place la prière et la confession ont-elles dans la vie d’un prêtre ?

La prière quotidienne et la confession fréquente sont absolument vitales pour un prêtre. Pour transmettre la miséricorde, il faut en vivre ! Comme prêtre, je ressens le besoin de toujours revenir à cette source. Devant les obligations du ministère et les défis de la sécularisation, tout prêtre court le risque de devenir un fonctionnaire du culte. Il peut aussi se laisser gagner par l’activisme, la recherche de réussite, la médiocrité ou le renoncement. Pour ma part, je ressentais déjà le besoin de me confesser avant d’être prêtre. Mais depuis que je suis devenu prêtre, à l’âge de 33 ans, j’essaye de me confesser toutes les semaines. Cela m’aide à rester « des deux côtés du confessionnal ». Les fidèles connaissent bien nos défauts. Il faut dire qu’ils sont parfois très visibles… Mais si l’on cherche à se convertir, je crois qu’ils finissent par le voir également. Comme chaque baptisé, nous sommes appelés à la sainteté, mais cela ne se fait pas en un jour !