Journée de prière et de mémoire pour les personnes victimes de violences et d’agressions sexuelles dans l’Église: « ne pas oublier »

« Ne pas oublier…»

Ne pas oublier, non pour garder une plaie ouverte et y remuer sans cesse un poignard de douleur, mais pour que l’oubli ne devienne un déni. Prier encore, c’est d’abord ne pas refuser d’écouter ceux qui sont victimes et le seront toujours, enfermés dans ce statut si nous ne les laissons pas être témoins.

Ils demandent à être entendus, ceux pour qui le passé est un traumatisme, un piège dont ils seraient à jamais les captifs. Ils ont le droit d’en faire le récit, c’est une histoire qui mérite d’être racontée et honorée. Il ne s’agit pas ici de grands principes, simplement d’un peu de compassion, du souvenir des mots de Jésus, « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).

Face à l’abus, cette volonté de détruire l’autre, de l’asservir, de le consommer, de le dévorer, nous ne pouvons accepter la tragique complicité du silence. Je voudrais dire : plus jamais ça, mais comment l’espérer, si je n’ouvre pas mon âme jusqu’à la souffrance de l’autre. Ce n’est pas du dolorisme ou du masochisme que de dire cela, mais j’ose le croire, juste un peu d’humanité et une fidélité au Christ lui-même abusé par ses bourreaux, trahi par ses amis et les prêtres de son temps, blessé dans chacun de ces enfants quel que soit leur âge aujourd’hui.

Je prie parce que je ne sais quoi dire, je prie parce que je ne veux pas désespérer, je prie parce que j’ai honte de tant de silences coupables dans l’Eglise que j’aime toujours et que j’essaye de servir. Je prie parce que Jésus nous a demandé de nous tourner vers son Père avec ses mots : « délivre nous du mal ».
Délivre tes enfants Seigneur.

Père Bertrand Ledieu
Pôle pastoral de la DDEC