Homélie des confirmations de jeunes à Abbeville

Frères et sœurs,

En demandant que vienne l’Esprit Saint sur les jeunes de votre secteur, je suis sûr que vous avez le désir, vous aussi, de recevoir à nouveau une effusion de l’Esprit Saint. Chaque jeune va recevoir les dons de l’Esprit Saint : esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de connaissance et de crainte, esprit de piété filiale et d’adoration. Ne désirons-nous pas, nous aussi, recevoir cette part de l’Esprit Saint qui nous fait entrer dans les secrets du cœur de Dieu, le connaître et l’aimer, le voir à l’œuvre et entendre ce qu’il nous dit aujourd’hui. Quand nous prions : Esprit de Jésus, toi dont le fruit est amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi, descends dans le cœur de ces jeunes, ne supplions-nous pas : viens aussi sur moi, notre communauté ce matin, et bien au-delà, pour qu’en tous, murissent ces fruits dans les comportements, les corps, les âmes et les cœurs. Quand enfin vous désirez que chaque jeune découvre dans sa vie, grâce à l’Esprit, un charisme ou plusieurs charismes, une vocation particulière, un appel pressant à suivre Jésus, je ne doute pas que ce désir secret, formulé ou non, habite encore votre cœur. Alors, chers jeunes, soyez renforcés dans votre foi et votre engagement : votre entourage, au moins en partie, et toute notre Église vibre et s’engage avec vous. Vous n’êtes pas seuls et vous ne le serez jamais.

Tu me dis dans ta lettre : « Je suis passionné de voitures, mais avant tout chrétien catholique, la moindre des choses pour pouvoir prétendre à être confirmé ». Tout est dans cet avant tout. Dans la vie, on est conduit à tracer une ligne entre l’essentiel et ce qui ne l’est pas. Avant tout, je suis chrétien. Tout est dans cet « avant tout ». L’Esprit Saint est déjà à l’œuvre dans ta vie car il t’a permis de comprendre cela : avant tout, mettre Jésus au centre de ta vie, et ensuite partir à l’aventure avec lui ! Avant tout, poser les bases, le fondement, et de fondement, dit saint Paul, je ne veux pas connaître d’autre que celui qui s’y trouve : Jésus, le Christ. Tu m’écris « J’aime Jésus, mais je ne sais pas parler de Dieu… Voilà pourquoi je veux faire ma confirmation : pour qu’il m’aide, qu’il m’apprenne à parler de lui ». Tu as dit l’essentiel : j’aime Jésus. Le reste suivra, avec le don de l’Esprit Saint. Avant tout, poser les bases. Qui sera la base ?

Dans la première lecture, Paul et Barnabé sont en tournée missionnaire, et en ce jour, ils sont à Antioche de Pisidie et prennent congé des chrétiens. Que leur disent-ils : ne perdez pas courage ! Persévérez dans la foi ! il faut passez par bien des épreuves pour entrer dans le Royaume de Dieu. Quelles seront ces épreuves ? Les événements tragiques de nos vies (deuils, maladies, difficultés de tous ordre…), mais aussi les épreuves intérieures (doutes, difficultés à prier, lenteur à rejoindre la communauté chrétienne le dimanche…) et enfin les épreuves qui viennent d’un monde indifférent et parfois hostile à notre foi chrétienne. L’Esprit Saint fait de nous des chrétiens qui propagent leur foi, et cela n’est pas toujours bien reçu, y compris parfois auprès de nos amis et familles.

Alors, il faut continuer à marcher, à prier, à lire l’Évangile, à communier avec d’autres. Quand la joie d’être croyant est là, personne ne peut nous la voler. Mais il faut aussi savoir protéger cette joie de ceux qui veulent l’abimer. Tu me dis : « une fois rentré dans l’Église, je ressentais cette force attirante, accueillante, comme si elle nous ouvrait les bras… voilà ce qui m’a décidé. (…) Je voudrais garder cette fusion avec Dieu ». Quand une fois dans sa vie, on a senti ce feu de Dieu, qui nous donne comme le sentiment d’un cœur en fusion, on sait que « Dieu fait toute choses nouvelles » (2° lecture), et on veut que cela dure éternellement. Et l’amour de Dieu est éternel. La confirmation te met sur le chemin de cette éternité, car l’Esprit de Dieu est en toi. Il est la force intérieure qui te pousse à te donner pour les autres, non pas seulement dans le foot, le hockey, ou le badminton – qui sont pourtant de beaux sports -, ou le soin de tes chats, ou les défilés de mode… Il te pousse à vivre vraiment quelque chose pour les autres et pour Dieu : certains d’entre vous ont déjà commencé : la catéchèse auprès des plus jeunes, servir comme pompier volontaire, chanter et jouer de la musique pour louer Dieu, servir à l’autel… Aimer, servir, se donner pour les autres. L’Esprit Saint donne l’élan brulant du don de soi, de la sortie de soi, de la générosité de l’offrande de soi pour l’amour de Dieu et celui de nos frères et sœurs, l’élan de l’évangélisation. Il nous donne notre vocation.

Vous avez entendu l’Évangile. Avant son départ, Jésus dit : je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres (…) A ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. Jésus n’invente pas le commandement de l’amour. Mais il invite à aimer comme Lui, en étant complètement guidé par l’Esprit Saint. Nous vivons dans un monde qui fonctionne plus aux rapports de force qu’à la fraternité. Parfois même dans l’Église, nous arrivons à nous déchirer. L’amour en ce monde tient presque du miracle. Eh bien, si nous le vivons entre nous, dans nos communautés chrétiennes, tous le reconnaîtront : c’est bien l’Esprit du Christ qui agit en nous.

Dans un instant, je te dirai : « Sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu ». Et tu répondras : Amen ! Pense maintenant, dans le silence, à cet Amen qui veut dire : j’y crois, je te reçois mon Dieu dans ma vie, tu seras avec moi, tu es le rocher sur lequel je veux construire, je t’aime et je te resterai fidèle. Dans le silence, pense à cet amen que tu vas prononcer, non seulement du bout des lèvres, mais de tout ton être. Tu t’engageras, mais Dieu se sera engagé avant, pour ta joie et ton bonheur, pour la réussite de ta vie en réponse à son amour.

Amen.

+ Mgr Gérard Le Stang
Evêque d’Amiens

Dans un instant, je te dirai : « Sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu ». Et tu répondras : Amen !

Pense maintenant, dans le silence, à cet Amen qui veut dire : j’y crois, je te reçois mon Dieu dans ma vie, tu seras avec moi, tu es le rocher sur lequel je veux construire, je t’aime et je te resterai fidèle.