Célébration des obsèques de Mgr François BUSSINI

Homélie de Mgr Bouilleret
Archevêque de Besançon

Frères et sœurs en Christ, cher amis, notre frère François BUSSINI a rejoint la maison du Père ce 13 octobre 2018. Evêque d’Amiens pour un temps trop court, il aimait cette cathédrale qui le reçoit aujourd’hui. Il était né à Sallanches et tenait beaucoup à ses racines savoyardes. Sa mère était de Megève. Ordonné prêtre à Belfort pour le diocèse de Besançon, il s’était attaché à la Franche Comté pour y revenir au temps de sa maladie. Il a beaucoup donné au diocèse de Grenoble comme évêque auxiliaire.

Depuis quelque temps, la santé de François se fragilisait et il avait fait plusieurs séjours à l’hôpital universitaire de Besançon. Il avait conscience que sa santé se dégradait et préparait son passage vers Dieu dans le face à face avec le Père des miséricordes. Il m’avait redit à plusieurs fois qu’il voulait que ses funérailles soient célébrées à Amiens. Il a gardé une affection particulière pour ce lieu qu’il a servi quelques mois. Son parcours comme prêtre et évêque l’a conduit à servir l’Eglise dans la recherche universitaire, dans le partage de la responsabilité épiscopale à Grenoble et dans la brève mission qu’il a accomplie à Amiens. Cet homme était d’une l’intelligence brillante, chaleureusement fraternel, serviteur humble. Ses confrères évêques avaient été bouleversés par son accident à bicyclette. Celui-ci a changé le cours de son histoire. En quelques instants, sa vie a basculé.  Accueilli dans son diocèse d’origine, il avait trouvé sa place à la maison de retraite du centre diocésain de Besançon.

Sa fragilité corporelle et psychique l’affectait profondément. Il avait conscience de ne plus maîtriser sa vie et devenait de plus en plus dépendant. Il souffrait de solitude même si ses exigences envers les personnes qui étaient proches de lui étaient fortes et parfois déraisonnables. La prière devenait difficile et il entrait dans une solitude spirituelle qui le faisait souffrir. Il se dépouillait peu à peu de ce qui avait été ses talents et son être de prêtre et d’évêque. L’eucharistie habituelle lui manquait.

Ce qui m’a impressionné dans nos dialogues les plus récents, c’est son interrogation sur les rapports entre le monde et la foi chrétienne. Conscient des changements de rapport entre la société française et le catholicisme contemporain, il manifestait une forme de détresse intellectuelle. Il trouvait que le catholicisme avait trop souvent cherché à donner réponse à toutes les questions de l’homme moderne.

Dans ses moments de lucidité, il exprimait que nous devions rester humbles devant les grandes questions que tout homme se pose : Pourquoi la maladie, le mal et la souffrance ? Qu’est-ce que la vie ? Comment entrer en conversation les uns avec les autres ? Les angoisses qui le taraudaient le laissaient sans voix.

Il faisait siennes les paroles de Job du fond de sa misère. Il gardait la foi en Dieu enracinée au plus profond de son être : « Je sais, moi, que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts ; avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu… » Profession de foi de Job. Profession de foi que François BUSSINI faisait avec d’autres paroles. Tout au long de ces années, il était marqué par la faiblesse et la grandeur humaines.

Avec lui, nous entendons l’Evangile de Jean et la sollicitude de Jésus pour chacun d’entre nous : « Il (le Fils) donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». Connaître Dieu, tel est le chemin que François BUSSINI a parcouru tout au long de sa vie.

Frères et sœurs, nous rendons grâce à Dieu pour la vie et le ministère de notre frère François. Au cœur des vicissitudes de son existence, il a vécu un chemin de service et de foi.

 

 

+ Jean-Luc BOUILLERET
Archevêque de Besançon

Biographie Monseigneur François BUSSINI

Né le 21 mai 1936 à Sallanches (Haute-Savoie),

Ordonné prêtre à Belfort  pour le diocèse de Besançon le 4 juillet 1965, après encore une année d’études à l’université de Strasbourg et deux années de vicariat  à Gray de 1965 à 1967, il fut professeur au grand séminaire interdiocésain à Lons-le-Saunier de 1967 à 1970 puis  assistant   à la faculté de théologie de Strasbourg de 1970 à 1977.

Nommé Evêque auxiliaire de Grenoble le 12 décembre 1977 et ordonné évêque le 4 mars 1978, il servit ce diocèse jusqu’au 28 décembre 1985, date à laquelle il fut nommé évêque d’Amiens.

De graves ennuis de santé le contraignirent   à donner sa démission le 6 mars 1987. Accueilli à Lille   par Mgr Vilnet alors évêque de Lille, il revint à Besançon en avril 1994, à la Maison Saint Joseph du Centre diocésain. Depuis le 6 octobre 2017, il résidait à l’Ehpad de Quingey.

Il est décédé le 13 octobre 2018 à Besançon

La messe des obsèques a été célébrée le vendredi 19 octobre 2018 
en la cathédrale d’Amiens suivie de l’inhumation dans le caveau des évêques

Dans la fidélité à l’Évangile de Jésus-Christ,
à la suite des quatre-vingt-dix-neuf évêques d’Amiens
Je viens pour servir

+ François Bussini
Cathédrale d’Amiens
le 2 février 1986

Photos de la célébration des obsèques de Mgr Bussini à la Cathédrale d’Amiens