Retour sur la fête de la Saint-Firmin 2018

Dimanche 30 septembre 2018 à la Cathédrale d’Amiens:  Monseigneur Olivier Leborgne  est entouré de nombreux fidèles pour la célébration eucharistique et la promulgation des décrets synodaux. Une belle fête diocésaine pour accueillir ensemble cette lettre pastorale « A Dieu, tout est possible »  » et rendre grâce au Seigneur pour ces rencontres fraternelles et ces moments partagés ensemble…

Homélie de Mgr Leborgne

Saint Firmin 2018 – Conclusion du synode

« Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi. » Jésus, dans l’Evangile que nous venons d’entendre, fait un lien entre le fait de faire un miracle en son nom, et le fait de ne pas mal parler de lui. « Ah si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » s’exclamait Moïse dans la 1ère lecture. Faire un miracle au nom de Jésus, et bien parler de lui, devenir prophètes et missionnaires…

Le synode que nous venons de vivre « au nom de Jésus » me semble avoir eu la saveur du miracle. Expliquons-nous sur ce mot. Le miracle n’est pas de la poudre de perlin pinpin qui change le réel et tout à coup nous ferait vivre dans un autre monde, ou dans une autre Eglise. Le miracle, est un acte de Dieu qui provoque à la foi. Il est ce que nous ne pouvons pas faire de nous-mêmes et qui pourtant ne se fait pas sans nous. Il est l’action de Dieu qui surprend et emmène au-delà de ce que nous pensions possible. Il s’accomplit, le plus souvent dans une très grande discrétion, et s’avère d’une fécondité inattendue, tout aussi incroyable que réelle.

Plusieurs parmi vous m’ont témoigné du miracle qu’avaient été les équipes synodales : une qualité d’échange exceptionnelle entre des personnes qui se connaissaient très bien ou pas du tout, croyantes ou apparemment éloignées, de même origine ou de sensibilités tellement différentes. La Parole de Dieu nous a donné la parole. Nous avons partagé ce qui nous tenait à cœur. Nous y avons gagné une joie inattendue, une force intérieure renouvelée, une espérance pour notre Eglise et pour le monde. Et ce miracle s’est poursuivi lors de l’assemblée synodale. Avec des moments géniaux, et d’autres où nous avons été nettement moins bons. Gloire à Dieu ! Ancré dans la réalité, le synode n’a pas essayé de me vendre un diocèse qui ne serait pas le nôtre.

Je l’atteste, le Seigneur a parlé. Avec vous et par vous, je me suis mis à son écoute. Dans le travail des équipes synodales, dans ce que l’assemblée synodale m’a transmis, dans nos attitudes, nos paroles et nos silences, le Seigneur a parlé. Ce que j’ai compris, c’est qu’il nous invite à faire du miracle notre lieu, notre souffle, notre audace et notre énergie.

Le miracle dans lequel nous avons été renouvelés par le synode est celui de la fraternité. Par ce que nous avons vécu, mais aussi par toute vos réflexions et les propositions confiées, le Seigneur nous appelle à la fraternité évangélique comme fraternité missionnaire. Parce que je l’ai reçue du Seigneur à travers le synode, je vous confie cette orientation pastorale fondamentale pour les années à venir dans notre diocèse. Je demande que toutes nos actions et tous nos projets soient discernés et relus à la lumière de cette priorité : la fraternité missionnaire.

Notre société est malmenée. Je suis saisi de voir la violence devenir un mode habituel d’expression. Il suffit d’observer nos relations de voisinages ou professionnelles, voire familiales, pour en faire l’expérience. Dans une terre de Somme qui doute d’elle-même et qui est si malmenée par les soubresauts économiques de ces dernières décennies, au cœur d’une population qui subit de manière appuyée la violence de la précarité sociale, culturelle ou affective, nous avons à vivre entre nous ce miracle de la fraternité, pour le partager au plus grand nombre.

La fraternité est un miracle, car elle déborde nos capacités. Nous en avons fait l’expérience tout particulièrement pendant l’assemblée synodale.

La fraternité est un miracle car elle ne se déploie qu’en se recevant du Père – notre société oublie que nul n’est frère ou sœur s’il n’est d’abord fils ou fille – dans l’union au Christ et la grâce de l’Esprit.

La fraternité est un miracle car elle nous permet de nous accueillir dans la diversité de nos dons et de nos charismes, sans angélisme ni mièvrerie, mais dans la force de la recherche de la vérité, dans l’échange parfois passionné et dans la correction fraternelle.

La fraternité est un miracle car elle nous donne de traverser nos propres violences et nos propres contradictions pour nous engager avec le Christ, le seul frère universel, pour une société plus juste, déterminée dans la construction de la Paix.

La fraternité est un miracle, car elle s’adresse à tous mais n’est pas un processus de masse : elle reconnaît chacun comme unique, donné pour la construction de notre monde et l’accueil du Royaume.

La fraternité est un miracle, car alors qu’elle parait si faible par rapport aux puissances économiques qui prétendent gouverner notre monde, elle seule nous vivifie en profondeur, nous restaure dans notre humanité et nous rend l’espérance.

Frères et sœurs, c’est à ce miracle là que le Seigneur nous convoque. Cela va nous déranger. Le miracle déplace et décape toujours quand il est accueilli pour ce qu’il est. La fraternité évangélique n’est pas une réalité mièvre et gentillette qui brosse dans le sens du poil. Elle ne s’accueille et ne se déploie que dans la conversion pastorale permanente. Elle nous invite à réinterroger nos pratiques et elle vient pointer les compromissions, appropriations, facilités et petits arrangements entre amis ou avec notre conscience qui font le lit des cléricalismes de tout bord que le pape nous invite à combattre. Elle est le seul antidote à toutes nos errances. Ce miracle de la fraternité nous demande de quitter toute pastorale de l’entretien et de la prestation, – celle dans laquelle enferme l’habitude et le « on a toujours fait comme ça » ou son jumeau du « ça ne marchera jamais » -, pour nous recentrer sur l’espérance en actes.

Si nous entrons dans ce miracle, alors nous ne pourrons pas mal parler de Dieu. Peuple de prophètes, nous deviendrons vraiment missionnaires. Car par nature, la fraternité évangélique est missionnaire ! Ce n’est pas un état de perfection que je vous demande, mais d’être toujours en mouvement, disposé à vous laisser souffler par l’Esprit du Dieu trois fois saint. Ce n’est pas d’en faire plus que je vous demande, mais c’est de vous laisser toucher par le frère universel Jésus, la Parole du Père dans nos vies, pour vous laisser transpercer par lui, accueillir sa fraternité de salut dans tous les aspects de votre vie. Si nous essayons ensemble, nous prendrons des initiatives qui nous surprendront, nous verrons des actions apparemment anodines porter un fruit tout à fait inattendu. Et nous tiendrons la place que le Seigneur nous demande de tenir dans notre pays de Somme.

Dans quelques instants, je publierai la lettre pastorale qui conclut notre synode, et je promulguerai les décrets synodaux. « A Dieu, tout est possible ! » en est le titre. Miracle de la fraternité missionnaire qui devient notre orientation pastorale prioritaire. Vous découvrirez, conjugués en cinq fils, 12 décisions dans lesquelles je m’engage et j’engage tout le diocèse, 7 invitations que j’adresse à toutes les communautés et 6 chantiers que je décide d’ouvrir sans préjuger du résultat. Nous les détaillerons ensemble cet après-midi.

« Ah si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » Je fais mien ce cri de Moïse. Seigneur, je te le demande de toute ma foi, et plus encore du cœur battant de la foi de l’Eglise que j’ai mission de servir en ce diocèse. Regarde ce peuple qui a été convoqué en synode. Regarde ceux qui sont entrés dans l’aventure des équipes synodales comme ceux qui n’y sont pas entrés. Regarde les prêtres, les diacres, les consacrés, les fidèles laïcs, ceux qui sont très engagés et ceux qui le sont moins, ceux avec lesquels nous célébrons chaque dimanche et ceux que nous voyons rarement. Regarde tous les baptisés de la Somme, jeunes ou âgés, en pleine forme, fatigués ou malades, d’ici ou d’ailleurs, apparemment dans les clous ou pas du tout, ceux que l’on appelle « progressistes » comme ceux que l’on affuble du qualificatif de « tradis », et tous ceux qui sont entre les deux ou ailleurs, ceux qui sont assurés dans leur vie et dans leur foi, comme ceux qui ne savent plus trop où ils en sont, ceux qui commencent toujours par râler comme ceux qui peuvent être trop légitimistes.

Seigneur déploie sur eux la puissance de ton Esprit Saint reçu au baptême, et fais de tout ton peuple un peuple de prophètes, un peuple de fraternité missionnaire, signe de la folie de ton amour !

Seigneur, pour Toi tout est possible. Je te rends grâce de ce que tu m’as exaucé. Béni sois-tu !

Intervention de l’après-midi: Mgr Olivier Leborgne présente les décrets synodaux et la Lettre pastorale

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La fête continue sur le parvis…