Il était une foi: Portrait de Soeur Claudine

Moi aussi j’apprends…

Dans ce témoignage, Soeur Claudine, Soeur salésienne de la Visitation,  nous explique sa joie de donner du temps pour apprendre le français à de nouveaux migrants venus de différents pays et plus particulièrement du Nigeria…L’ Afrique: un pays qu’elle connait bien car sa congrégation l’avait envoyée en mission y a quelques années…

Depuis deux ans, je me suis engagée comme bénévole pour l’apprentissage du Français à des nouveaux Migrants venant de différents pays : du Congo, du Soudan, mais plus particulièrement du Nigéria.

Quand j’étais en Afrique (en RDC), j’ai pu expérimenter leur hospitalité, leur accueil, j’ai partagé leurs repas, j’ai appris la langue, j’ai chanté et dansé avec eux, ils m’ont fait découvrir leur culture. Le « MUNTU » c’est un « ÊTRE AVEC », toujours en relation, c’est important pour eux et pour moi aussi .Oui avec eux, j’ai prié, j’ai lutté pour plus de justice et moins de violence Et avec tout cela j’ai tant reçu !

Et maintenant que ces Migrants arrivent sur notre continent, je voudrais à mon tour bien les accueillir, contribuer à leur intégration afin qu’ils se sentent à l’aise, que nous continuions à découvrir et à nous enrichir de nos cultures respectives, que nous apprenions à vivre ensemble dans le respect de nos différences.

Deux fois par semaine, avec d’autres bénévoles, je retrouve une douzaine de nigérians anglophones (hommes et femmes), Je leur apprends le français pour qu’ils puissent communiquer, s’intégrer un peu à la fois, découvrir la France, comprendre ce qui se passe autour d’eux …, faire leur démarches, se débrouiller pour leurs différents besoins : aller chez le médecin ou à l’hôpital, faire des achats dans les magasins, prendre un rendez-vous, téléphoner, demander la route etc…

Au début, nous ne savons pas très bien d’où ils viennent et comment ils sont arrivés, nous ne posons pas trop de questions.Nous leur apprenons d’abord des mots, des phrases nécessaires pour leur quotidien, de la conversation pratique mais aussi de la grammaire, de la conjugaison, du calcul…

Ils sont bien motivés, certains apprennent vite, d’autres moins … chacun son rythme.Je suis confrontée à quelques difficultés comme les retards, l’irrégularité, la différence des niveaux, les démarches et les rendez-vous pour leurs papiers, cela m’agace et je doute parfois de l’efficacité de mon travail.

Mais au fur et à mesure de nos rencontres, ils commencent à mieux s’exprimer, j’écoute, j’essaie de comprendre et…. j’apprends, moi aussi

Le parcours d’un migrant est parfois bien pénible. Trouver un lieu pour dormir et se doucher. Certains et même certaines dorment dans la rue, cherchent des douches. Les centres d’hébergement sont saturés. Les démarches administratives sont compliquées, ils ont de multiples rendez-vous, ils viennent parfois de loin, il faut affronter le froid Des mamans viennent avec leurs enfants, cela complique aussi pour les transports …Au cours, je vois parfois qu’ils ont la tête ailleurs…ils sont préoccupés, ils attendent un coup de fil du 115…pour avoir un lit. Il y a toujours une inquiétude quant à leur avenir. Auront-ils leurs papiers ? Il y a des dates limites…certains sont menacés par l’OQTF (l’obligation de quitter le territoire Français).

Oui … j’apprends… et j’admire leur courage, leur patience, leur bonne volonté d’apprendre et de s’adapter, leur simplicité, leur attention. Leur compréhension aussi, car je ne suis pas très calée en anglais ! A la fin du cours : un beau et large sourire, un grand merci, une joie partagée.

Oui…J’apprends à relativiser aussi dans ma vie, à perdre certaines exigences, à accepter sans me plaindre les petits manques que je peux avoir dans ma vie.

Merci à mes nouveaux « Amis d’ailleurs », merci parce que vous me permettez de garder mon cœur ouvert au-delà de toute frontière.

Merci à mes nouveaux « Amis d’ailleurs », merci parce que vous me permettez de garder mon cœur ouvert au-delà de toute frontière
Soeur Claudine

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