Retour sur la Fête de la St Firmin 2016

Une Cathédrale en fête, des cris de joie pour cette belle fête de la Saint-Firmin 2016…

Certains se sont levés tôt , venus de tout le Diocèse en bus ou en co-voiturage: comme nous confie Nadine:  » c’est bon pour la planète et nous permet aussi  de faire connaissance et  d’échanger! »

Pour les paroisses d’Amiens, le pèlerinage s’effectue le long du chemin du Halage ou sur d’autres sentiers : l’essentiel c’est de marcher, découvrir, s’émerveiller et aussi prier me confie François …

Pendant que les uns cheminent, les personnes à mobilité réduite sont accueillies par les membres de  l’ECP de la Paroisse Saint Jean-Baptiste. Un petit café avant de partir ,accompagnés des membres de l’Hospitalité d’Amiens et de quelques bénévoles, vivre les sept étapes proposées. dans le livret « Chemin de Miséricorde dans la Cathédrale d’Amiens ».

Il est 11h30:  les enfants convergent sur le parvis , les chants commencent à mettre une ambiance de fête et de joie… Les témoignages de jeunes partis aux JMJ de Cracovie cet été, de femmes et d’hommes touchés et relevés par une expérience de miséricorde vécue lors de cette année sainte donne le ton de cette fête : Une joie profonde d’être ensemble des témoins de l’amour du Père pour chacun et chacune d’entre nous…

Après le passage de la porte sainte,une célébration joyeuse et festive , Monseigneur LEBORGNE a lancé l’Année de l’Esprit-Saint: Un lâcher de colombes sur le parvis à la fin de la journée: Tout un  symbole!

Homélie de Monseigneur Olivier Leborgne

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu : aucun tourment n’a de prise sur eux

déclare l’auteur du livre de la Sagesse en ouverture du passage que nous entendions en première lecture. La foi en la résurrection s’appuie sur la fidélité de Dieu. Une fidélité en acte qui se révèlera en plénitude en Jésus, par la Croix et dans le mystère pascal.

Ces mots résonnent cependant aujourd’hui un peu comme une provocation. Nous avons vécu une belle année de la miséricorde : de nombreuses initiatives locales et diocésaines nous ont permis de creuser la réalité que désigne ce mot si cher au Pape François et à l’Ecriture Sainte, d’essayer de l’accueillir pour nous et d’en vivre avec les autres. Il est évident qu’une année de la Miséricorde ne clôturera jamais ce thème pour nous. Elle ne voulait que nous y relancer, nous y renouveler. Avec 150 jeunes du diocèse, nous avons aussi vécu les inoubliables JMJ de Cracovie. Que dire encore du pèlerinage à Lourdes, des multiples camps scouts, du MRJC, du MEJ de l’aumônerie ou des paroisses. Bref, une belle année ecclésiale, jusque dans le quotidien de la vie des communautés paroissiales et des mouvements, marquées toujours par la visitation de Dieu qui, dans l’apparente répétition, fait fondamentalement toute chose nouvelle. Pas sans épreuve, certes – nous savons aussi ce que cette année de la miséricorde a révélé comme « écarts » de miséricorde dans nos vies et nos communautés. Mais une belle année ecclésiale.

Cependant la vie de notre Eglise ne se déploie pas hors monde. L’année de la miséricorde a été aussi l’année du terrorisme accru – qui parfois, comme pour Daesh, fait des chrétiens une cible explicite – , de la guerre au Moyen Orient qui n’en finit pas de ne pas finir, de la démocratie en danger dans un certain nombre de pays, de la situation de Calais toujours pas résolue, échos de tensions politiques, économiques et environnementales aux dimensions du monde – et de drames humains et familiaux ; de la crise agricole particulièrement violente; d’une scène politique aux Etats Unis, en Grande Bretagne ou  en France comme dans tant d’autres pays n’est pas sans laisser perplexe….

Je m’arrête là. Chacun peut continuer la liste. L’inquiétude, le tourment, semblent s’installer durablement. Avec l’inquiétude, le repli sur soi et la culture des murs progresse. Certes, il faut prendre des mesures responsables par rapport à tous ces défis. Responsables… c’est-à-dire des mesures qui répondent de… mais de quoi et devant qui ? Pour les chrétiens, la réponse est très claire : des mesures responsables sont des mesures qui répondent de l’homme et des hommes, et qui en répondent devant Dieu.

« Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, aucun tourment n’a de prise sur eux ». Cette affirmation du livre de la Sagesse nous indique une direction décisive.  Parce que nous sommes dans la main de Dieu, parce que dans le mystère pascal que l’Esprit Saint vient faire vivre en nous,  nous sommes unis au Christ qui nous a « plantés » dans le Père, nous n’avons aucune raison d’avoir peur. Ou plus exactement, partageant les craintes et les espoirs de nos contemporains, avec eux traversés par des peurs et des inquiétudes légitimes, nous ne nous laisserons pas entraîner ou enfermer en celles-ci. De fait, le Christ, et le Christ ressuscité seul est notre sécurité. En lui, aucun tourment n’a, au plus profond, de prise sur nous. Nous vivons les mêmes épreuves que tous. Mais avec le père Hamel, nous saurons nommer le mal et être fermes, mais même quand il nous agressera, nous saurons que le Christ, le crucifié ressuscité est notre plus sûr compagnon, la fidélité de Dieu dans nos vies, notre avenir certain, notre espérance en acte, et que nous pouvons nous offrir avec lui.

Cette certitude rend profondément libre. Pas irresponsable ou arbitraire, mais libre. Elle permet de nous « armer » pour le bon combat. Parce qu’il s’agit bien de cela. Un jeune que je confirmerai bientôt m’écrivait : « je vous demande aujourd’hui la confirmation parce que c’est un sacrement qui doit armer tout chrétien pour mener sa vie en lien avec Dieu. »

J’en entendais l’écho dans la deuxième lecture. L’apôtre Paul ne cache pas que l’Evangile de Dieu ne s’annonce pas sans de « grandes luttes ». St Firmin, fondateur et premier évêque de notre diocèse, en a fait l’expérience. Nous en faisons l’expérience. Ces luttes ne sont d’ailleurs pas toujours là où on croit. Il y a dans l’Eglise des inquiétudes vis-à-vis de son propre avenir, vis-à-vis de l’avenir de nos communautés locales qui la pétrifie. Le monde change, l’Eglise change. Mais on est tenté parfois de répéter les mêmes recettes, on a peur de la nouveauté… Et voilà que le Seigneur nous invite à nous lever, même avec nos faibles moyens, pour être témoins au cœur du monde. Avec Saint Paul, nous ne nous engageons pas dans la mission « pour plaire aux hommes, mais à Dieu », nous appuyant sur la Parole de Dieu que nous voulons accueillir pour ce qu’elle est réellement « non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre au cœur des croyants. »

Pour tenir la miséricorde dans un monde qui semble perdre ses repères, pour oser cette liberté des fils et des filles de Dieu qui n’ont pas peur de leurs peurs mais ne s’y laissent pas enfermer, pour oser la mission et l’annonce claire de la bonne nouvelle de Jésus Christ (Saint Firmin comme saint Paul ont donné leur vie pour cela, et Jésus dans l’Evangile de cette fête ne peut pas être plus clair)  nous devons nous armer pour le bon combat.

C’est tout le sens de l’année de l’Esprit Saint dans laquelle nous entrons à la suite de l’année de la miséricorde. Parce que nous n’emploierons pour ce bon combat que les armes de l’Esprit. Le but de cette année de l’Esprit Saint ? Nous désaltérer encore et encore à la source d’eau vive que le mystère pascal a définitivement ouverte pour tous les hommes, nous laisser vivifier par l’Esprit Saint pour faire l’expérience de sa puissance, tant dans notre vie personnelle, sociale, qu’ecclésiale. C’est vraiment ce que je demande au Seigneur : que chacun et tous, que personnellement et communautairement, nous soyons vivifiés et renouvelés dans la puissance de l’Esprit Saint. Et que nous ayons foi en cette puissance. Frères et sœurs, nous en avons besoin. Moi, votre évêque, j’en ai besoin. Vous aussi. C’est ainsi et ainsi seulement que nous « plairons à Dieu » pour reprendre l’expression de Paul, c’est  à dire que nous tiendrons notre place dans ce monde inquiet et pour une part inquiétant, et que nous serons à son service.

Viens, Esprit Saint

Embrase le cœur de tes fidèles.

Embrase chacune de tes filles, chacun de tes fils ici présents.

Embrase toutes les paroisses de notre diocèse. Tous les mouvements et toutes les associations qui y agissent au nom de l’Évangile.

Esprit Saint que nous contristons si souvent par la faiblesse de notre foi, de notre espérance et de notre charité, secoue-nous, réveille nous, renouvelle nous.

Brûle l’Église qui est dans la Somme de ton feu. Toi seul la guidera sur les chemins de son avenir au cœur du monde et à son service.

Viens Esprit Saint, embrase le cœur de tes fidèles et de ton Église.

Béni sois-tu !

+ OLIVIER LEBORGNE
ÉVÊQUE D’AMIENS

Merci à  Sabine Godard, Philippe Saguez et Olivier Damiens et pour les photos!

Voir l’album photo de cette magnifique journée

Saint-Firmin 2016