« Aucun don de grâce ne vous manque » 1 Co 1,7

« Aucun don de grâce ne vous manque » (1 Co 1,7)

Corinthe est une jeune Eglise passionnante et florissante. Un an et demi a suffi pour que Paul, l’apôtre, fasse naître une communauté dans cette cité de plus d’un demi-million d’habitants. Quelques pauvres gens ont entendu et reçu l’Evangile des Béatitudes. Ils ont connu l’ivresse des dons de l’Esprit. Rassuré, Paul peut partir à Ephèse poursuivre son œuvre missionnaire. Mais très vite il apprend que l’effervescence du départ a fait place à de regrettables déviations.

Une grave question se pose : comment annoncer l’évangile à des hommes marqués par la civilisation gréco-romaine ? Paul s’empresse alors d’écrire à la jeune communauté pour y préciser sa position sur les rapports entre l’évangile et la culture ambiante.

Comment aurait-il pu prévoir que, si riche de promesses et dépourvue de prétention intellectuelle (n’était-elle pas composée majoritairement de gens sans titre d’aucune sorte ?), elle allait oublier que sa raison d’être était la mission ? Comment avait-elle pu se laisser griser par les dons reçus au baptême ? Certains de ses membres pensaient même être devenus des êtres supérieurs ! Elle n’était plus qu’un groupement d’équipes rivales. Paul, avec force, voire avec violence, ne pouvait que condamner ce faux pluralisme qui la déchirait.

Mais c’est en pasteur qu’il réagit. Il prodigue des conseils à cette jeune Eglise. Il a été témoin de sa naissance, de sa vitalité. Il lui rappelle qu’elle est toujours riche des dons de l’Esprit. Il faut que cessent ces divisions. Tous peuvent comprendre qu’ils ne « forment qu’un seul corps » appelé à vivre d’un seul et unique amour (cf 1 Co 12 et 13).
C’est donc très logiquement que Paul commence sa lettre en rappelant que « tous ont reçu la grâce » et doivent à leur tour « rendre grâces ». Il dit sa louange : « Dieu a déposé en eux toutes les richesses de la parole et de la connaissance… le témoignage du Christ s’est affermi en eux ». Il les rassure : « Il ne vous manque aucun don, à vous qui attendez la révélation de notre Seigneur Jésus-Christ ». Il leur dit aussi sa foi et son espérance : « Jésus-Christ vous affermit jusqu’à la fin, pour que vous soyez irréprochables au Jour de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Co 1,7-8).
Le Synode que nous avons vécu a montré combien notre diocèse était riche de belles et nombreuses communautés. Elles se sont rencontrées et certaines sont nées. Des responsables ont été choisis pour les servir et veiller à l’unité de toutes en vivant une même mission dans des situations diverses. L’Esprit est venu raviver les grâces que chacun portait en lui depuis son baptême.

Que les excès qui ont marqué la communauté de Corinthe ne viennent pas abîmer le visage de notre belle « Eglise qui est à Amiens » ! Et… si jamais nous nous prenions à douter… si nous nous affligions de notre faiblesse dans ce monde où nous sommes envoyés, si souvent indifférent et parfois hostile, rappelons-nous encore ce message de Paul aux mêmes Corinthiens : « Nous ne sommes qu’un vase d’argile pour un tel trésor ». Notre puissance ne vient pas de nous mais de Dieu. « Nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre chair mortelle » (2 Co 4,7.11).

Allons sans peur à la rencontre du monde !

Père André Dubled

Si jamais nous nous prenions à douter… si nous nous affligions de notre faiblesse dans ce monde où nous sommes envoyés, rappelons-nous encore ce message de Paul aux  Corinthiens : « Nous ne sommes qu’un vase d’argile pour un tel trésor ». Notre puissance ne vient pas de nous mais de Dieu.