« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples » Jean 13 -35

« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaitront que vous êtes mes disciples » Jean 13-35

Dans ma vie, j’ai de multiples occasions de vivre l’amour : du sourire gratuit adressé au facteur, en passant par le câlin à mes enfants, de la gratitude éprouvée devant un beau paysage au service rendu à qui en a besoin… Cela me comble, me fait du bien, et je sens que ça rayonne autour de moi… Mais malgré tout, même si j’essaie de tout mon cœur d’aimer, il subsiste en moi des agacements, des jugements, émis ou non, envers l’un ou l’autre, tout proche, ou inconnu… Et c’est tellement humain!

Mais, Jésus me demande, nous demande à tous de vivre l’amour : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples ». Comment est-ce possible de développer de l’amour pour tous ceux que je rencontre? C’est presque incompatible avec mon humanité !
Et pourtant… Lui l’a vécu. Il a aimé, sans limite, sans condition, quand c’était facile avec ses amis, et aussi, (surtout !) quand c’était difficile… jusqu’à pardonner à ceux qui l’ont fait mourir sur une croix, dans des souffrances atroces. Et cet amour qu’il a vécu sans condition dans sa vie terrestre est toujours vivant. Jésus m’aime aujourd’hui. Là où je suis, dans ce que je vis. Et j’ai le choix de lui ouvrir ma porte. Ou non.
Et si je choisis de lui ouvrir ma porte, d’être son frère, sa sœur, fils, fille d’un même Père, unis en l’amour de l’Esprit Saint, j’expérimente à quel point son Amour est vivifiant pour ma vie, sa parole source de plus de Vie. Mais O combien son message est exigeant !

« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples »
Oui son message est exigeant car il me demande d’aimer en vérité ! Non pas de faire semblant d’apprécier l’autre, en hypocrite, pensant je-ne-sais-quoi de contraire ! Mais plutôt d’aimer avec mon cœur, souvent, et parfois il me faudra faire appel à ma volonté. Il s’agit de choisir d’aimer l’autre, de le respecter, d’en penser du bien, d’en dire du bien… C’est presque (?) un combat à mener avec mon humanité faillible, fragile, blessée souvent, qui a tellement besoin de reconnaissance et d’amour. Oui, tellement que l’autre peut parfois être perçu comme un ennemi, un étranger, un être dont je dois me méfier, me protéger…

C’est là ma fragilité humaine ! Au cœur de ma fragilité, j’ai l’immense chance de savoir que je suis aimé d’une manière inconditionnelle par notre Seigneur. Je suis unique. Irremplaçable. Pas deux comme moi, mon histoire, mon vécu, mon expérience, mes dons… Tout cela fait de moi un être, une personne qui peut s’appuyer solidement sur ses ancrages, avec assurance, sans me comparer aux autres, mais plutôt en valorisant chacun de mes progrès ; qui peut aussi et surtout s’appuyer sur le roc qui est mon Seigneur et mon Dieu. Lui est infaillible !

Avec la force que me donne ma foi, je dépasse mon humanité, je découvre cette part divine qui m’habite, qui demeure au plus profond de mon être, et qui est plus grande que moi. Qui fait de moi un temple de l’Esprit Saint! Je peux aller dans ce lieu là. Et dire, chanter, louer : « Je te bénis Seigneur pour la merveille que je suis » (psaume 138) Nous sommes faits pour le beau, pour le bon et pour le bien. C’est en suivant cette voie que la joie profonde pourra jaillir.

« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples »
Revenons à la source, la parole de Dieu, Jésus, le Verbe qui s’est fait chair. Dans ce passage, c’est un conseil qu’il donne, un message pour plus de Vie, une mission pour ses disciples et tous ceux qui veulent le suivre… Pour toi, pour moi, pour nous tous !

Quel chemin ! Quelle mission ! Découvrir en l’autre qui peut-être m’agace, m’hérisse le poil, me dérange, (au départ !) oui, choisir de voir en lui en quoi il est merveille des merveilles. Lui aussi tout aimé. Essayer. Et recommencer si je tombe. Me relever, jour après jour. Tout cela avec l’aide que je n’oublie pas de demander à Dieu … Attention, il ne s’agit pas de dire oui à tout. Ce serait mentir : tout n’est pas bon ! C’est aussi être fraternel que de savoir dire non, que d’aider l’autre à ne pas se perdre sur un chemin sans issue. Et riche de tout cela, un jour, je pourrai rendre grâce pour avoir grandi en amour. Rendre grâce pour être un peu plus capable d’accepter la différence comme une chance, comme le dit la chanson. Ce ne sera jamais parfait. Je ne serai jamais parfait, mais c’est un beau chemin d’humilité, un chemin d’humanité…

Pour quoi faire me direz-vous ?
« C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples »
D’une part, pour être en cohérence avec ce que je crois, ce que je dis, ce que je fais! Pour ne plus être dans la pensée, dans les belles idées théoriques de la foi, mais dans l’expérience de mon humanité visitée par Dieu. Mon humanité habitée par Dieu. Et dans laquelle Il demeure. A laquelle j’adhère. Je lui ouvre la porte. Je sens que ça grandi en moi. Jésus me parle et je lui réponds, en acte. Justement ; avec justesse.
Et d’autre part, pour faire grandir le royaume de Dieu. Le royaume ? Comment dire autrement ? Pour faire grandir la communauté des gens qui aiment. Qui aiment Dieu, qui s’aiment entre eux. Qui sèment, simplement, car ce témoignage d’amour est inégalable. Il est le fondement.

« À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres »
Et ensemble, vivre des fraternités missionnaires, à la suite de la demande du Christ. Et plus récemment à la suite de la décision de notre évêque qui s’est mis à l’écoute de celles et ceux qui ont fait équipes synodales. C’est une conversion personnelle, exigeante mais nécessaire pour plus de fraternité… Ce serait comme ouvrir les bras pour entrer dans la dimension horizontale de ma foi, en m’appuyant sur l’amour de Dieu, cet Amour qui est infini, permanent, inconditionnel et gratuit. Et là : m’ouvrir entièrement pour aimer version XXL, sans besoin nécessaire d’être aimé en retour. Juste !

Marie Prousel

« Je te bénis Seigneur pour la merveille que je suis » (Psaume 138)

Nous sommes faits pour le beau, pour le bon et pour le bien. C’est en suivant cette voie que la joie profonde pourra jaillir. «