« Il m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. » Luc 4, 16-22

« Il m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. » Luc 4, 16-22

Ce qui marque dans ce texte, c’est la place de l’habitude. Celle des personnes présentes dans la Synagogue, tout d’abord, dont on perçoit qu’elles sont assez coutumières du fait de voir Jésus faire la lecture. Alors que Lui ne lit pas par habitude et ne se dérobe pas devant ce que la lecture produit en Lui ! En effet, après avoir pris le temps d’accueillir la Parole en son coeur, Jésus dit lui-même qu' »aujourd’hui » elle s’accomplit. Attitude que cette citation de Dom Louf illustre parfaitement : « Si le lecteur fait attention à demeurer au niveau de son coeur, quelque chose se produira entre son coeur et la Parole« [1]. On se dit alors que tous dans la Synagogue ont dû percevoir que quelque chose d’unique se passait. Mais après un bref moment d’effervescence, on observe qu’ils reviennent à leurs habitudes et se montrent empêchés de faire à Jésus « un accueil favorable » (v24). Ils se dérobent.

Et qu’en est-il pour moi ? Quelle est la place de l’habitude dans ma vie ? Quelle est ma manière d’accueillir la Parole de Dieu en mon coeur ? Ce qui est en jeu est de l’ordre de la résonnance de cette Parole en nous. Il s’agit de s’ouvrir aux profondeurs de notre coeur, là où Dieu précisément habite déjà, sans que nous l’y rencontrions souvent, préoccupés que nous sommes à le chercher à l’extérieur. Lorsque cette résonnance se manifeste, la Parole trace en nous un appel à quitter nos manières de vivre par habitude, pour habiter notre quotidien d’un amour qui témoigne de la tendresse du Père pour chacun de nous. Cet appel nous convie à nous soucier particulièrement de ceux qui sont pauvres, opprimés, ou qui attendent une libération. Il nous pousse à sortir de nos zones de confort pour vivre de Celui qui nous anime et qui inscrit en nous le désir d’une « Fraternité qui assume toutes les dimensions de la vie »[2].

C’est là que nous pouvons être tentés nous aussi de nous dérober ou de penser que nous ne sommes pas « à la hauteur ». Et pourtant, si le Seigneur nous appelle, n’est-ce pas parce que mieux que quiconque, Il sait, que malgré nos imperfections et nos chutes, nous pouvons aller de l’avant et répondre à son appel ? Vers Lui, en toute confiance, nous pouvons nous tourner, nous abandonner et Lui dire : « Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur« [3].

Demandons-Lui la force d’affronter nos habitudes, de descendre au plus profond de notre coeur, pour Le rencontrer, et ne pas nous dérober devant l’appel à rendre la vie humaine plus favorable.

Laurent GUILLARD

 

[1] Dom Louf, Initiation à la vie spirituelle, Parole et silence, 2008, p.36.

[2] Décrets synodaux et lettre pastorale de Monseigneur Leborgne, « A Dieu tout est possible », page 16.

[3] Pape François, Exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel, § 15

 

« Seigneur je suis pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur »

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Lettre pastorale "A Dieu, tout est possible"