Déclaration interconfessionnelle sur les droits de l’Homme et la dignité des migrants et des réfugiés 

Déclaration interconfessionnelle sur les droits de l’Homme et la dignité des migrants et des réfugiés 

Nous, en tant que représentants de différentes traditions religieuses et régions du monde, sommes rassemblés aujourd’hui afin de faire connaître nos perspectives humaines et spirituelles sur les droits de l’homme et la dignité des personnes en déplacement, à titre de contribution aux processus en cours concernant le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière, actuellement en phase de négociations intergouvernementales aux Nations Unies à New York, et le Pacte mondial sur les réfugiés, actuellement soumis à un processus consultatif sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, à Genève.

Nous RECONNAISSONS partout dans nos diverses traditions, l’élan fondamental à partager le chemin de l’étranger et à exercer l’hospitalité envers lui ;

Nous nous ENGAGEONS, sur la base de nos doctrines et valeurs, à continuer à encourager le dialogue et la paix au sein de nos communautés et entre les religions, dans le but d’être accueillants, ainsi que de dénoncer les injustices ;

Nous SAVONS combien l’accueil des nouveaux-venus nous aide à construire des communautés plus fortes et diversifiées et crée un esprit de fraternité et de solidarité qui dissipe les peurs et célèbre l’enrichissement personnel et collectif qu’ils amènent à nos cultures et sociétés ;

Nous RAPPELONS que, tout en reconnaissant la souveraineté nationale des États, tous les êtres humains aux frontières et à l’intérieur de leurs frontières méritent d’être traités dans la dignité et le respect et de se voir reconnaitre leurs droits humains, ce qui comprend l’accès aux services nécessaires à la réalisation de ces droits, indépendamment de leur statut migratoire et conformément au bien commun et au droit international ;

Nous nous UNISSONS à toutes les parties prenantes pour affronter les causes profondes de la migration forcée à travers un engagement renouvelé envers la paix, la stabilité et le développement durable entre Nations, et pour affronter aussi les autres facteurs contraignant les personnes à migrer ;

Nous SOMMES CONVAINCUS que la migration devrait toujours être une option, jamais une nécessité, et que les êtres humains devraient avoir toutes les chances de croitre et de s’épanouir dans leur propre pays, dans la dignité et l’espérance ;

Nous PRIONS tous ceux qui sont avec nous de chercher à protéger et garantir des solutions durables pour tous, en particulier pour ceux qui sont en situation vulnérable, comme les enfants non accompagnés, les femmes à risque, les victimes de la traite humaine, et tous ceux qui d’une manière ou d’une autre sont à risque dans leur déplacement, dans leur pays d’accueil, ou incapables de retourner en toute sécurité dans leur pays d’origine ;

Nous DEMANDONS aux États de considérer comment élargir les voies légales pour éviter que les migrants et les réfugiés soient victimes des passeurs et des trafiquants, de l’exploitation et des abus ;

Nous nous UNISSONS aux États et aux parties prenantes intéressées pour nous mettre d’accord sur des mécanismes de solidarité pour le partage de responsabilité dans le soin aux personnes touchées par les conflits, la violence et les catastrophes ;

Nous CROYONS que le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière et le Pacte mondial pour les réfugiés devraient avoir une approche de la situation des migrants et de réfugiés qui englobe toute la société, reconnaissant en particulier le rôle important que les communautés et organisations confessionnelles jouent sur le terrain ;

Nous OFFRONS notre soutien à travers nos réseaux capillaires de communautés et organisations confessionnelles – qui s’engagent à accueillir l’étranger depuis des centaines d’années – pour saisir cette occasion si particulière de collaborer entre États et parties prenantes intéressées pour mieux répondre aux mouvements de masse des personnes ;

Finalement, nous CROYONS que les États et les parties prenantes intéressées ont la responsabilité morale de profiter de cette occasion unique de collaboration pour soulager les souffrances de millions de migrants et de réfugiés.

Cette déclaration est adoptée par les intervenants de la Conférence interconfessionnelle, « Partager le chemin des migrants et des réfugiés : une perspective interconfessionnelle sur les pactes mondiaux » qui s’est tenue aux Nations Unies à New York, le 3 mai 2018, et organisée conjointement par la Mission d’observation permanente du Saint-Siège aux Nations Unies et par Caritas Internationalis.

Le cheikh Mohamad Abou Zeid
Le métropolite Emmanuel Adamakis
Le révérend Rachel Carnegie
Le rabbi David Rosen
Le révérend Gijun Sugitani
Le cardinal Luis Antonio Tagle