Retour sur les confirmations d’adultes…

Retour sur la célébration des confirmations d’adultes à la Cathédrale, dimanche 20 mai, fête de Pentecôte. Émotion et joie partagées avec leurs proches, amis et accompagnateurs!

Homélie prononcée par Mgr Olivier Leborgne

Vous êtes 110 cet après-midi à demander le sacrement de la confirmation. Vous le demandez parce que vous avez été baptisés cette année pendant la nuit de Pâques, parce que en vous préparant au mariage ou en demandant le baptême pour vos enfants, quelque chose d’un chemin inattendu s’est ouvert avec Dieu, parce que les équipes synodales ont réveillé en vous le goût de la fraternité évangélique et de l’amour fou de Dieu, ou encore parce que, engagés en Eglise depuis longtemps, vous n’étiez pas encore confirmés et que le moment vous semblait venu.

Jésus vous a déjà parlé au cœur. Il vous a dit l’amour du Père pour vous. Il vous a promis l’Esprit comme celui qui vient le faire vivre en nous, qui fait de l’amour du Père et du Fils notre demeure, notre terreau, notre atmosphère, notre horizon, notre dynamisme, notre consolation et notre énergie. Bref, notre salut. Vous l’avez entendue cette parole, sans quoi vous ne seriez pas là.

Les lettres que vous m’avez écrites en sont le témoignage. Comme j’ai aimé les lire. En les lisant j’entendais parfois très directement, d’autres fois plus indirectement, mais j’entendais toujours que Dieu vous a parlé en Jésus, et que cette parole vous met debout et ne cesse de vous appeler vers l’avenir.

Eh bien ce que Jésus vous a dit, ce n’est pas grand-chose – alors que c’est déjà tellement – par rapport à ce qu’il a encore à vous dire. Et il n’aura jamais fini de vous dire l’amour de Dieu pour vous. Votre foi comme vie vivante n’est pas derrière vous mais devant vous, il a encore beaucoup à vous dire ! Votre expérience de Dieu n’est pas derrière vous mais devant vous, il a encore beaucoup à vous dire ! L’aventure de notre Eglise n’est pas derrière nous mais devant nous, Jésus a encore beaucoup de choses à nous dire !

Alors frères et sœurs, ne restons pas figés dans ce que vous avons entendu, dans l’expérience que nous avons déjà faite ou dans ce que nous croyons connaitre de Jésus. Travaillons à garder toujours grandes ouvertes les oreilles de notre cœur et de notre âme.  Ne lâchons rien de la Parole de Dieu, celle que vous avez partagée pendant votre chemin catéchuménal ou avec votre équipe synodale. Ne lâchons rien de la prière. Ne lâchons rien de l’eucharistie, elle est par excellence cette parole qui se donne dans le corps ressuscité du Seigneur. Ne lâchons rien de cette permanente conversion du regard qui vous permet de contempler Dieu à l’œuvre et d’entendre à travers événements et rencontres la manière dont il vient vous dire, dans « notre propre langue », pour reprendre les derniers mots de la première lecture, ses merveilles dans notre vie.

Laissez-vous surprendre par l’Esprit : c’est lui qui vous enseignera comment vivre de l’Evangile dans toutes les activités qui font votre vie. Votre confirmation ne scelle pas une histoire passée, elle ouvre une aventure toujours nouvelle où Dieu a encore tellement de chose à vous dire, et à vivre avec vous.

« Quand il viendra, lui l’Esprit de vérité, il vous conduira à la vérité toute entière », précise Jésus. Pendant longtemps, j’ai cherché la vérité comme une doctrine – et il y a bien une doctrine chrétienne, on ne peut pas dire n’importe quoi sur Jésus et il faut prendre le temps de connaitre et de comprendre celui qui nous aime et que nous voulons aimer. Pendant longtemps, j’ai cherché la vérité comme un art de vivre – et il est vrai qu’il y a un art de vivre à la manière de Jésus, que l’Esprit veut nous y conduire, le déployer en nous, dans la puissance de la vie et la radicalité de l’amour. Pourtant la vérité à laquelle nous conduit l’Esprit de vérité n’est pas d’abord ni essentiellement une doctrine ou une morale, mais c’est Jésus lui-même. « Je suis la vérité » dit Jésus ailleurs dans l’Evangile. « L’Esprit de vérité vous conduira à la vérité toute entière. » Et il le fait ! L’Esprit nous conduit à Jésus. Par le sacrement de confirmation, il agit pour que Jésus devienne votre demeure. Que vous demeuriez en lui comme il demeure en vous.

Et alors, « ce qui va venir, l’Esprit vous le fera connaître » comme le dit encore Jésus dans l’Evangile. Attention, pas de contresens : l’Esprit ne va pas vous dévoiler en avant-première la fin du scenario de votre vie et de la vie du monde. Il ne vous la dévoilera pas, parce qu’il veut l’écrire en l’inventant avec vous. C’est sa joie. Mais ici, Jésus parle d’autre chose. « Ce qui va venir, il vous le fera connaître. » Ces paroles sont prononcées juste avant son arrestation, nous les recevons après sa passion et sa résurrection. Ce qui va venir est en fait ce qui ne cesse de venir. Ce qui n’est jamais acquis – nous ne pourrons jamais en être propriétaire – et qui pourtant nous est toujours déjà offert. Ce qui va venir c’est ce qui vient dès maintenant, Jésus ressuscité, dans lequel l’Esprit Saint veut nous enraciner toujours plus profondément, duquel il veut nous faire vivre à chaque instant. La pentecôte n’est pas un moment de l’histoire, elle introduit une nouvelle étape de l’histoire. La vie vivante n’est pas pour demain seulement, elle est déjà pour aujourd’hui. Elle vient ! Ainsi, ce qui va venir ne nous met pas en attente d’un hypothétique futur, mais il nous rend présent au présent dans lequel Dieu se donne. Alors ce que nous ne pouvions pas porter (« j’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant, vous ne pouvez pas les porter »), notamment la violence et la douleur du monde, nous pourrons le porter, le traverser.

Frères et sœurs, la confirmation ne vous promet pas une autre vie que celle de nos contemporains, en revanche, dans la grâce de l’Esprit, il vous ouvre et vous donne de vivre cette vie autrement.

C’est ce que l’Esprit Saint vous donnera à entendre dans tous les moments de votre vie, c’est cette Parole qu’au nom de Jésus il ne cessera de vous dire, c’est cet amour dont vous ne cesserez de découvrir la hauteur, la profondeur, la largeur et la puissance.

Et s’il le dit à chacun d’entre vous, c’est pour le dire à l’Eglise. Et s’il le dit à l’Eglise, c’est pour qu’elle vous le redise sans cesse, et que cela soit proclamé au monde.

Frères et sœurs, depuis septembre dernier, nous sommes en synode. 650 équipes ont remonté 630 propositions qui ont été débattues et travaillées par 230 délégués, il y a 8 jours, au cours de l’assemblée synodale. 70 propositions m’ont finalement été transmises pour que, par la prière et le discernement, je promulgue en septembre prochain des décisions qui, je l’espère, engageront le diocèse avec un élan renouvelé sur les chemins de l’Evangile.

Dans le réalisme de ce que nous sommes, s’appuyant sur ce qu’il nous a déjà dit dont la tradition de l’Eglise est l’écho et le garant, Jésus a encore beaucoup de choses à nous dire que nous n’avons jamais entendu. L’aventure est devant nous. Laissons-nous conduire par l’Esprit jusqu’à la vérité toute entière. Il nous enracine en Jésus, dans la grâce de son mystère pascal. Il nous dévoile ainsi ce qui va venir et qui vient. Le Seigneur ressuscité comme vie vivante offerte à tout homme et à toute femme. De cela nous voulons être les témoins.

Dans quelques instants, je confirmerai 110 d’entre vous. Qu’il vous embrase de son feu. Je demande aussi à l’Esprit de ranimer le souffle de Pentecôte en tous ceux qui sont déjà confirmés, et de susciter au cœur de tous ceux qui ne le sont pas encore la liberté et l’audace de demander ce sacrement.

« Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit, » disait Saint Paul en conclusion de la deuxième lecture.  Esprit, de vérité, de puissance et de vie, viens ! Et sois béni !

+Olivier Leborgne
Évêque d’Amiens

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