Vers la Maison du Père : Mgr Jacques NOYER

Monseigneur Jacques Noyer, qui a célébré ses 93 ans le 17 avril 2020, est parti rejoindre la Maison du Seigneur le mardi 2 juin 2020.

Ordonné prêtre en 1950, il fêtait cette année ses 70 ans de sacerdoce.

Ses obsèques seront célébrées
Jeudi 11 juin 2020 à 10h00
en la Cathédrale Notre-Dame d’Amiens

Biographie

  • 17 avril 1927 : naissance au Touquet
  • 2 juillet 1950 : ordonné prêtre à Arras
  • 1950 à 1952 : étudiant à Rome (licence de philosophie scolastique)
  • Octobre 1952 à juillet 1963 : professeur de philosophie au lycée Haffreingue de Boulogne-sur-Mer
  • Juillet 1963 à septembre 1966 : directeur au Grand Séminaire d’Arras
  • Septembre 1966 : nommé responsable de la formation permanente du clergé et supérieur du Grand Séminaire d’Arras
  • 1967 : nommé vicaire épiscopal du diocèse d’Arras, tout en étant responsable de la formation permanente et du Grand Séminaire
  • Juillet 1976 à novembre 1987 : curé du Touquet et doyen des Plages
  • 4 novembre 1987 : nommé évêque d’Amiens
  • 13 décembre 1987 : consacré évêque à la cathédrale d’Amiens
  • 1993 : nommé chevalier de la Légion d’honneur
  • 1995 à 2004 : membre du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement
  • 2003 : évêque émérite du diocèse d’Amiens

Mgr Jacques Noyer invité du Journal « Église d’Arras » en Avril 2020 pour l’anniversaire de ses 70 ans de sacerdoce

Une complication après une opération l’aura emporté. Mgr Jacques Noyer, évêque émérite d’Amiens (Somme), est décédé mardi 2 juin, au matin, à l’âge de 93 ans. Retiré dans sa ville natale du Touquet (Pas-de-Calais) depuis 2003, il n’avait cessé de participer à des rencontres et conférences, et de faire preuve de son acuité intellectuelle dans les chroniques qu’il tenait fidèlement pour Témoignage chrétien.

« Il y a trois semaines, j’avais reçu de lui un projet de livre, confie son ami l’éditeur Michel Cool. Il était obnubilé par la question de la transmission de son expérience, et avait la hantise que le christianisme devienne une langue morte. »

  • Évêque d’Amiens pendant seize ans

Ce fils unique d’une famille de blanchisseurs est né au Touquet en 1927. Ordonné prêtre pour le diocèse d’Arras en 1950, il est directeur du grand séminaire d’Arras au moment où s’ouvre le Concile Vatican II, qui suscitera en lui un grand enthousiasme. Il devient supérieur du grand séminaire alors que Mai 68 secoue jusqu’aux séminaristes dont il a la charge. « Il a d’ailleurs été contesté, et tirera de cette expérience un enseignement », souligne Michel Cool.

Curé du Touquet de 1976 à 1987, Jacques Noyer y met en place une pastorale du tourisme, fruit de « son souci de rentrer en relation avec les personnes venant dans la cité balnéaire », raconte Michel Cool. « Il voulait, par la culture, entrer en lien avec le monde contemporain. »

Nommé évêque d’Amiens en 1987, Mgr Noyer laisse dans son diocèse, où il restera jusqu’en 2003, le souvenir d’un homme « extrêmement cordial et attentif », se rappelle le père André Dubled, qui fut son vicaire général pendant seize ans. « Il n’y avait que vous qui existiez quand vous étiez avec lui », ajoute le père Dubled.

De cette qualité d’écoute, Emmanuel Macron lui-même avait pu profiter avant son élection à l’Élysée. Après une conversation de plus d’une heure, à bâtons rompus, dans les rues du Touquet, Jacques Noyer, frappé par la personnalité de son jeune interlocuteur, avait confié à Michel Cool : « J’avais le sentiment qu’il se sentait appelé. »

  • Ancien professeur de philosophie

Membre du conseil pontifical pour les migrants de 1995 à 2004, Mgr Noyer a toujours manifesté un grand souci des marginaux et des plus démunis, tout comme il s’est toujours montré attentif à la situation des divorcés remariés. Suscitant, sur le terrain politique comme ecclésial, de vives réactions. Homme de fidélité, il manifesta son amitié à Mgr Gaillot lorsque celui-ci fut évincé du diocèse d’Évreux.

Les homélies de cet ancien professeur de philosophie, où se mêlaient poésie et théologie, ont aussi beaucoup marqué. Inspiré par la mer de son enfance, il répétait volontiers que l’Église devait être le phare guidant les bateaux.

« En 2003, le pape Jean-Paul II me nommait évêque d’Amiens. Je succédais à Mgr Jacques NOYER. Mgr Jacques NOYER a profondément marqué le diocèse d’Amiens.

Dans la mise en œuvre du concile Vatican II, il a proposé des responsabilités importantes aux laïcs dans la vie diocésaine. Il souhaitait donner toute sa place au peuple de Dieu. Il désirait une Église grande ouverte sur le monde.  C’était un homme audacieux dans ses propositions pastorales.

Il était à l’écoute de l’Esprit Saint qui parle au cœur de l’humanité. Il avait un contact chaleureux avec tous ceux qu’il rencontrait. »

Jacques Noyer est mort : un évêque qui portait haut les couleurs d’une Église en dialogue avec tous

« C’est une figure remarquable – et attachante- de l’Église de France qui est décédée ce matin au Touquet, dans le Pas-de -Calais, là ou il avait vu le jour il y a 93 ans, fils unique d’une famille de blanchisseurs.

Après des études brillantes de littérature et de philosophie il est ordonné prêtre en 1950. Diplômé de théologie à la Grégorienne à Rome, il deviendra supérieur du grand séminaire d’Arras, pendant les événements de mai 1968. Curé doyen de sa chère ville du Touquet il y développera une pastorale du tourisme originale appelée à faire école. Nommé évêque d’Amiens en 1987, il marquera fortement le diocèse picard de son empreinte jusqu’à son départ pour cause de limite d’âge en 2003. Il prendra position publiquement contre le Front national quand Jean-Marie le Pen est sélectionné pour le second tour de la présidentielle en 2002, rappelant l’incompatibilité entre les principes évangéliques et l’idéologie discriminatrice de l’extrême droite. Il fut la « bête noire » également des catholiques traditionalistes et il apporta son amitié à Jacques Gaillot quand celui-ci fut brutalement démissionné de l’évêché d’Evreux après avoir manifeste sa sollicitude pour les personnes homosexuelles. De 1995 à 2004, il fut membre de la congrégation pontificale pour les migrants à Rome. Engagé avec passion dans le dialogue entre la foi chrétienne et la culture d’aujourd’hui, Jacques Noyer était hanté par l’idée que le christianisme devienne une « langue morte », faute de réinventer des langages pour aujourd’hui. Il craignait aussi que l’Eglise de France n’emboite pas le pas du pape Francois et préfère se fermer plutôt que s’ouvrir à une société laïque et sécularisée en quête profonde de valeurs suprêmes. En 2004-2005 il avait accompagné 600 Français en pèlerinage interreligieux pour la paix en Israël et en Palestine lors de voyages organisés par Témoignage chrétien .

On ne verra donc plus sa haute houppelande blanche déambuler dans les allées du salon du livre du Touquet dont il était un fidèle arpenteur depuis le premier jour.

L’été dernier il était venu dans mon village, dans Pas-de-Calais, pour célébrer la messe de la ducasse et baptiser une petite fille. Il nous avait une fois de plus gâtés en nous servant une homélie alliant comme toujours, souffle, faconde, culture et élévation. Très actif sur Facebook ou ses posts  » du vieux noyer » rencontraient beaucoup de fidèles,

Il y a trois semaines, il m’avait envoyé par email un projet de livre. Une fois encore, il voulait témoigner, transmettre son expérience et se projeter dans l’avenir de l’Eglise: une église qu’il aimait profondément; ce qui lui permettait d’être critique sans jamais briser l’esprit de famille, sans jamais chercher à gêner ses frères dans l’épiscopat. Esprit critique et esprit fidèle, tel il fut toujours.

Le président Emmanuel Macron se souviendra sûrement de cette longue conversation qu’il avait eue avec lui au Touquet avant son élection a l’Elysée. Jacques Noyer avait été frappé par la personnalité hors norme de son jeune interlocuteur:  » J’avais le sentiment qu’il se sentait appelé », m’avait-il confié.

Jacques Noyer était un homme à l’écoute des grands comme des petits, habité par une empathie naturelle pour les gens; une empathie augmentée par sa foi torride au Christ des rencontres.

L’appartement ou il résidait au Touquet s’appelait Pentecôte. Il s’en est allé rejoindre le Seigneur de sa vie dans le sillage de cette grande fête de l’Esprit saint. Tout un symbole pour cet homme qui porta haut la joie de l’Évangile et l’amitié avec ses frères humains. »

Michel Cool