Qu’est-ce que croire ?

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Qu’est-ce que croire ?

Intervention du père Louis-Pasteur le 30 novembre 2019

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple (Jean)courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Ensuite, les disciples retournèrent chez eux.                                                              Jean 20, 1-10

Il crut : C’est le verbe croire ; credere en latin ; credo, je crois. « Nous croyons comme nous avons été baptisés » (Pères de l’Église). Nous avons été baptisés + Au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. Amen ! Nous croyons en Dieu Père, en Jésus Fils Jésus-Christ et au Saint Esprit.

Jésus : Au centre de notre foi : Le christ, Jésus. On parle alors de christocentrisme de la foi.
Dans le christianisme, le Christ est au centre de tout.
Le christianisme, la religion Chrétienne, (être) « Chrétien » : ça vient du Christ.
Le christianisme et les chrétiens n’ont pu faire, ne peuvent faire, ne pourront faire de Jésus le centre de leur vie et de leur foi qu’en admettant la divinité de Jésus-Christ.

En Jésus, Dieu invisible se rend visible !

  • La foi en mouvement

Croire, c’est se mettre en route, partir, marcher, courir même

Ce sont des verbes d’action, des verbes de mouvement.

Notre Dieu est un Dieu en mouvement, qui marche, se promène, fait des va-et-vient, des aller- retour entre ciel et terre, entre le ciel de sa gloire (Ps 19) et la terre des hommes.

L’incarnation (Et incarnatus est de Spiritu Sancto, ex Maria Virgine, et homo factus estPar l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme) est exprimée dans le Prologue de l’évangile selon Jean : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » – Jn 1:14 – ) est une concrétisation, une manière concrète, un acte palpable, une preuve tangible de cette réalité d’un Dieu qui est en mouvement incessant, en déplacement permanent.
L’incarnation désigne le mouvement d’amour de Dieu pour les hommes qui le conduit, à travers Jésus, à quitter le trône de sa souveraine puissance, à descendre du ciel, à prendre sur terre notre condition humaine, de la naissance à la mort. En acceptant de s’inscrire dans ce mouvement de descente et en nous rejoignant dans notre humanité, il nous permet de remonter des profondeurs de notre humanité vers les hauteurs de sa divinité et de vivre de sa vie.

Le Christ est vu comme l’échelle reliant le Ciel et la terre, étant à la fois le Fils de Dieu et le Fils de l’Homme.
Dieu en mouvement, qui descend, qui remonte, qui va et qui vient, qui marche et qui entraîne l’homme, créé à son image et à sa ressemblance, dans ce mouvement et ces départs.

Dieu demande à Abraham de se déplacer.
Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai.
Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla avec lui. Gn 12, 1.4

Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant l’Évangile du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité.

Croire, c’est se mettre en route, partir, marcher, courir même

La foi, c’est sortir, aller dehors. Géographiquement, mais aussi et surtout spirituellement, intérieurement. Sortir de moi, de mes idées (arrêtées), de ma sensibilité, de ma spiritualité, de mes exclusivismes religieux, de mes égoïsmes psychologiques, de mes chauvinismes sociologiques, …, de ma bulle.

C’est exactement ce que Marie a vécu : elle était accordée en mariage à un homme (Lc 1, 27) et se projet va être complètement bouleversé par le plan de Dieu.

 

  • La foi en observation

Croire, c’est voir : éducation et conversion du regard

Croire, regarder avec les yeux de la foi, regarder autrement, changer de regard.

En Gn 15, 4, après avoir fait sortir Abram, après l’avoir emmené dehors, Dieu lui fait adopter une seconde attitude fondamentale et caractéristique de la foi : le changement ou la conversion du regard.

La foi, c’est regarder le ciel, les étoiles. Regarder Dieu, Créateur du ciel et des étoiles. C’est regarder comme Dieu. C’est convertir son regard, embrasser le regard de Dieu.

Croire, c’est faire un détour pour voir autrement, changer d’angle de vue, de lunettes, de critères d’appréciation, d’échelle de valeur, de paramètres d’appréciation pour voir les beautés paradoxales qui se cachent derrière les apparentes laideurs.
Croire, c’est voir le monde et les créatures (hommes, animaux, plantes, etc.) comme Dieu les voit : Il les aime et veut les sauver.

Croire c’est désirer le Salut de tous et de tout. C’est s’engager à travailler pour que ce salut advienne ici et maintenant. Croire c’est une transformation, une transfiguration.

  • La foi en action

Croire, c’est agir, témoigner, annoncer, rendre compte de l’Espérance qui est en moi

Notre Dieu a des mains. Il ne se contente pas de les admirer, de les entretenir avec des soins de manucure, il ne fait pas « mains jointes », il ne croise pas les bras. Avec ses mains, il crée, il fait, il travaille, il œuvre, il façonne, il agit.

Baptisés, nous avons revêtu le Christ ; nous sommes d’autres Christ. Et tout comme Jésus, nous sommes appelés agir, à travailler, à prendre part, à mettre la main à la pâte, à mettre la main à la charrue, à nous engager, à cause de notre foi, grâce à notre foi, au nom de notre foi.

Dieu créateur a confié l’œuvre de la création à l’homme ; il a remis à l’homme les outils avec lesquels il a créé. Grandeur et responsabilité de l’homme.

Croire, c’est être levain dans la pâte : mélanger, macérer, malaxer,
Être missionnaire, témoigner
Le lieu par excellence du faire, la source ou puiser et alimenter notre audace missionnaire c’est l’eucharistie, la messe.

Nous ne pouvons agir que si nous restons « branchés » sur Jésus. L’Eucharistie c’est la borne fontaine du village, le lieu de ressourcement

Tous, appelés, envoyés, embauchés, ouvriers du Royaume, témoins de la foi
De 7 à 97 ans ! « Ouvrir une porte, fermer une fenêtre ! »

Conclusion

Acte de foi
Je crois en toi, Seigneur.
Tu es un seul Dieu,
mais tu t’es révélé Père, Fils et Saint-Esprit.
Par le baptême,
tu m’as fait participer à ta vie.
Fortifie ma foi
et donne-moi d’agir en toute chose
comme ton Fils Jésus Christ.