Homélie du 4e dimanche de Pâques « je suis la porte »

4ème Dimanche de Pâques Année A
Dimanche du Bon Pasteur / Dimanche des Vocations

Homélie du Père Louis-Pasteur
Textes : Actes 2, 14A.36-41 ; Ps 22 (23) ; 1ère Lettre de Pierre 2, 20b-25 ; Jean 10, 1-10

« Je suis la porte »

Le 4ème discours du Président de la République, depuis le début de la crise sanitaire, prononcé le lundi 13 avril, comportait une double annonce d’ouverture et de fermeture de portes : « A partir du 11 mai, les crèches, écoles, collèges et lycées pourront rouvrir leurs portes. Bars, restaurants, commerces et lieux de culte resteront fermés ».

Deux semaines plus tard, dans son allocution du 28 avril, le Premier Ministre, faisant allusion aux cultes, rappelle que « les lieux de culte pourront continuer à rester ouverts » mais demande « de ne pas organiser de cérémonies avant la date barrière du 2 juin. » Cette annonce suscite une vague de réactions et de commentaires au sein de l’église, tant du côté des fidèles chrétiens que de celui des prêtres et des évêques : vidéos, interviews, tweets, tribunes signées dans les médias, etc.

C’est dire que lorsque qu’on touche à la porte, on touche à quelque chose d’essentiel, de fondamental, de très délicat. On aura beau user de concentration pour ne pas faire de bruit en en rentrant le soir, un peu tard dans la nuit, lorsqu’on ouvre le portail ou la porte d’entrée du hall de la maison, il y a toujours quelqu’un qui ne dormait pas, qui a entendu ou qui est réveillé par le bruit à peine perceptible du tour de clé ! La porte, ouverte ou fermée, entrebâillée ou verrouillée à double tour, faite de bois frêle ou en fer blindé, révèle un état d’esprit et donne des indications fort parlantes sur le lieu où l’on se trouve.

La porte : tel est le thème central de l’évangile de ce 4ème dimanche de Pâques, dimanche du Bon Pasteur, dimanche des Vocations. De l’évangile de Jean, au chapitre 10, qui nous rapporte les paroles de Jésus se présentant aux pharisiens comme le Bon Pasteur, nous sommes beaucoup plus familiers aux versets 11 à 16 : « Je suis le Bon Pasteur, le Vrai Berger. Je connais mes brebis, et mes brebis connaissent. Je donne ma vie pour mes brebis »

Mais ce dimanche, nous entendons plutôt les versets 1 à 10, dans lesquels Jésus se présente comme étant la Porte. Dans ces 10 versets, le mot porte/portier revient 5 fois et, de façon allusive ou déductive, 5 fois aussi (escalader par un autre endroit… que la porte, ouvrir… la porte, faire sortir… par la porte, passer par moi… qui suis la porte, entrer… par la porte), soit, 10 fois en 10 versets. C’est impressionnant, absolument inédit !

« Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. »

Dès lors, 3 considérations s’imposent au sujet de la porte, mot clé de l’évangile de ce dimanche :

Premièrement, quand Jésus déclare : « Je suis la porte », cela nous fait penser à d’autres déclarations solennelles qu’il fait dans l’évangile : « Je suis le pain vivant, Je suis la lumière, Je suis la résurrection et la vie, Je suis le chemin-la vérité-la vie ; Je suis le vrai cep, Je suis le bon berger. » Cela rappelle aussi le nom par lequel Dieu va se présenter, lorsqu’il envoie Moïse libérer son peuple de l’esclavage d’Egypte et le ramener en terre promise. « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : “Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.” Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? » Dieu dit à Moïse : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : “Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS”. » (Genèse 3, 13-14) « Je suis » : c’est le nom de Dieu ! Lorsque Jésus se présente aux pharisiens et, finalement, à nous, en disant : « Je suis la porte », il manifeste qu’il est Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du Vrai Dieu ! C’est lui qui nous révèle le visage de Dieu, il est la face visible du Dieu invisible. «Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14, 9)

Deuxièmement, en tant que porte, Jésus s’ouvre et nous avons accès à lui. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jean 1, 1 .14) Il est la Parole de Dieu, la voix du Père qui a aussi parlé par les prophètes. Souvent, on associe les prophètes et la Loi (de Moïse). La Loi et les prophètes se résument en ces 2 commandements : aimer Dieu et aimer son prochain. Jésus a parfaitement accompli ces 2 dimensions de l’amour. La croix, avec ses 2 branches, une verticale et une, horizontale, est le signe de l’amour dont Jésus a aimé son Père et dont il nous a aimés. Il est le nouveau Moïse, qui non seulement nous délivre et nous sauve de l’esclavage du péché, mais aussi et surtout nous fait entrer dans la connaissance des mystères de Dieu, quand il ouvre, comme une porte, nos yeux à l’Ecriture et nous partage le pain. Par le baptême, « porte d’entrée des sacrements », nous sommes entrés par Lui, Jésus, avec Lui et en Lui dans l’Eglise, pour gouter à l’abondance de la miséricorde de Dieu, obtenir le pardon de nos fautes et nous sommes invités à sortir, pour proclamer les merveilles de Celui qui nous a appelés des ténèbres à l’admirable lumière de la résurrection.

Troisièmement, quand nous sortons, nous prenons des risques. Surtout si ces sorties sont nocturnes, ou en temps de brouillard, de crise ou de guerre. Est-il encore besoin de rappeler que nous sommes en guerre contre le coronavirus, cet ennemi, cette armée, qui a fini d’installer ses bases aux quatre coins du monde et qui a déjà porté un coup fatal à l’économie mondiale, à la structuration sociétale, aux relations internationales, non sans avoir déstabilisé notre quotidien ? Le déconfinement progressif annoncé et fortement attendu suscite déjà nombre de polémiques et des voix discordantes continuent de s’élever, et au sein de notre Eglise, parfois, hélas, semant la panique à bord, la confusion dans certains esprits, le manque de confiance dans d’autres, la précipitation, l’empressement, le rentre-dedans… Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus nous alerte au sujet de « la voix des étrangers », des voix étranges, des voix discordantes, des fausses paroles et fausses doctrines que ses brebis ne suivent ni n’écoutent, ni n’entretiennent ; mais au contraire qu’elles fuient comme on fuit la peste ! Dans une tribune publiée le 29 avril, Monseigneur Bruno Valentin, évêque auxiliaire de Versailles pointe bien cette réalité : « Méfions-nous d’habiller avec des arguments spirituels des combats qui ne seraient en réalité que les nôtres, et gardons en toutes circonstances la sérénité et la confiance de nous savoir, quoi qu’il arrive, dans la main de Dieu »
Le Bon Pasteur, le Vrai Berger, appelle « ses brebis à lui, chacune, par son nom ». Appeler en latin c’est vocare, vocatio qui a donné vocation. Dans son message à l’occasion de cette 57ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, le pape François, ratisse large en parlant de vocations : « Je pense à ceux qui assument d’importantes charges dans la société civile, aux époux que, non pas par hasard, j’aime définir comme « les courageux », et spécialement à ceux qui embrassent la vie consacrée et le sacerdoce ».
Prions : « Pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l’appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire « oui », vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous. » (Pape François, Message 57ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations)

Pack Famille 4ème Dimanche de Pâques: Jésus est le bon berger