homélie de la veillée pascale « Il est ressuscité, alléluia »

Homélie du Père Louis-Pasteur

Il est ressuscité, alléluia

Lors de sa conférence de presse quotidienne, le professeur Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé, faisant le point de situation coronavirus en France déclarait hier soir :

« Au cours de ces dernières 24 heures, le solde, qui représente le nombre total de patients à prendre en charge chaque jour est, pour le deuxième jour consécutif, légèrement, très faiblement, négatif de 62 patients en moins. C’est donc une très légère diminution des besoins de places dans les réanimations ; un pâle rayon de soleil. Mais cette timide éclaircie est très importante pour l’ensemble des soignants. »

 Le soleil, la clarté et la lumière sont d’importance capitale pour la vie des plantes, des animaux et des hommes. Ils sont nécessaires, indispensables, fondamentaux et vitaux. Sans soleil et sans lumière, il n’y a pas de vie ! Le soleil et la lumière, c’est la vie !

Cette nuit, la lumière va jaillir des ténèbres du péché et de la mort. Cette nuit, la clarté va surgir de l’obscurité du tombeau. En séjournant au tombeau, en descendant aux enfers (en non pas en enfer !), c’est-à-dire aux séjours des morts, ce lieu dit le shéol en hébreux, lieu au plus profond des abîmes de la terre, lieu sombre et obscur, lieu de perdition et de damnation, Jésus, le Bon Pasteur, ramène de-là, comme un sous-marin qui remonte en surface,  les enfants de Dieu que la mort retenait captifs.  Il les libère des entraves de la mort, il les sauve. En cette nuit, la mort n’a plus aucun pouvoir, elle est vaincue par la Vie. Alléluia ! C’est-à-dire, Vive Dieu, loué soit Dieu, pour cette grande merveille de notre Libération, de notre Rédemption, de notre Salut.

Cette nuit, vers la fin de, alors qu’il ne fait pas encore jour, « à l’heure où commence à poindre les premières lueurs du premier jour de la semaine », le soleil va se lever, la lumière va resplendir sur « le peuple qui marchait dans les ténèbres et sur les habitants du pays de l’ombre. » (Isaïe 9, 1) Rappelons-nous qu’au lendemain de la mort de Jésus, les grands prêtres et les pharisiens avaient demandé à Pilate de donner l’ordre que le sépulcre soit surveillé jusqu’au troisième jour, de peur que les disciples de Jésus ne viennent voler le corps et ne disent qu’il est ressuscité d’entre les morts. Pilate, accédant à leur demande, leur avait déclaré : « Vous avez une garde. Allez, organisez la surveillance comme vous l’entendez ! » (Matthieu 27, 62-65)

En secouant les assises du cosmos par « un grand tremblement de terre », en faisant sauter les scellés du tombeau, en roulant la grosse pierre qui fermait l’entrée du tombeau, en projetant par terre les gardes qui n’eurent pour drôle d’attitude de soldats que crainte et tremblement, Dieu, en cette nuit, a définitivement anéanti le royaume de Satan, royaume du péché et de ses nombreuses conséquences. Elles ont pour nom : solitude, peur, désespérance, fatalisme, fanatisme, pauvreté, injustice, corruption, exploitation, précarité, maladie, le mal e la mort. Sans oublier virus, épidémie, pandémie, confinement et état d’urgence ici et ailleurs, partout.

Le Révérend Père Didier RIMAUD (1922-2003), prêtre Jésuite, membre du Centre National de Pastorale Liturgique (CNPL) a composé une hymne liturgique qui m’arrache toujours des frissons quand on la chante la nuit de Pâques, alors qu’on est tous réunis pour allumer le feu pascal : « Voici la nuit». https://www.youtube.com/watch?v=eRckpg_ZYvU

Voici la nuit, l’immense nuit des origines. Et rien n’existe hormis l’Amour, hormis l’Amour qui se dessine. En séparant le sable et l’eau, Dieu préparait comme un berceau, la terre où il viendrait au jour.

Voici la nuit, l’heureuse nuit de Palestine. Et rien n’existe hormis l’enfant, hormis l’enfant de vie divine. En prenant chair de notre chair, Dieu transformait tous nos déserts, en terre d’immortels printemps.

Voici la nuit, l’étrange nuit sur la colline. Et rien n’existe hormis le corps, hormis le corps criblé d’épines. En devenant un crucifié, Dieu fécondait comme un verger, la terre où le plantait la mort.

Voici la nuit, la sainte nuit qui s’illumine. Et rien n’existe hormis Jésus, hormis Jésus où tout culmine. En s’arrachant à nos tombeaux, Dieu conduisait au jour nouveau la terre où il était vaincu.

Voici la nuit, la longue nuit où l’on chemine. Et rien n’existe hormis ce lieu, hormis ce lieu d’espoirs en ruines. En s’arrêtant dans nos maisons, Dieu préparait comme un buisson, la terre où tomberait le feu.

Le caractère sublime de cette nuit, c’est aussi ce que magnifie le chant de l’Exultet ou Annone de la Pâque que nous avons, d’année en année, cierges allumés, joie et allégresse à chanter d’un même cœur : « Nous te louons, splendeur du Père, Jésus, Fils de Dieu ! »

« Voici dans la nuit la victoire, voici dans la nuit la lumière, voici la liberté pour tous les fils de Dieu. Ô nuit qui vit la lumière, Ô nuit qui vit le Seigneur ressusciter. Que brille à tout jamais cette lumière ; que brille dans nos cœurs la joie du Père ; que brille dans l’Eglise la joie des fils de Dieu. Ô nuit si lourde de mystère, Ô nuit si riche de clarté, Ô nuit d’amour ! »

 

Le Christ ressuscité, nous emporte dans l’élan de sa Résurrection. En effet, notre baptême est comme une mime de la mort et de l’ensevelissement de Jésus. Plongés dans les eaux du baptême, nous avons été comme ensevelis avec le Christ. En remontant des eaux du baptême, nous renaissons, nous naissons de nouveau, et nous possédons ainsi les prémices de la Résurrection. C’est ce que l’apôtre Paul confirme dans l’épître aux Romains que nous entendrons : « Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts »

Prions : Dieu qui fais resplendir cette nuit très sainte par la gloire de la résurrection du Seigneur, ravive en ton Église l’esprit filial que tu lui as donné, afin que, renouvelés dans notre corps et notre âme, nous soyons tout entiers à ton service. Par Jésus Christ… — Amen.

 

Alléluia !!!  JOYEUSE PÂQUES à tous et toutes Alléluia !!!