Homélie du 5e dimanche de carême « Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur »

Méditation : 5ème Dimanche de Carême, année A              Santerre, 28-03-20

« Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur » (Psaume 129/130)

Face au coronavirus, le Pape François a prié hier soir pour le monde entier et nous a donné la bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde). Dans son homélie, basée sur l’évangile de la tempête apaisée (Marc 4, 35-41), il martelait ceci : « Comme les disciples de l’Evangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous-nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque… nous nous trouvons tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse disent : ‘ Nous sommes perdus ‘ (v. 38), nous aussi, nous nous apercevons que nous ne pouvons pas aller de l’avant chacun tout seul, mais seulement ensemble »,[1] unis au Christ.

« Seigneur, nous sommes perdus, cela ne te dit rien ? ». Telle était le cri de désarroi des disciples face à mer agité et au vent violent qui menaçait de faire chavirer leur barque. Aujourd’hui, dans la barque de nos vies confrontée à la tempête du confinement que de crainte ! Que de questionnement ! A-t-on le droit d’espérer toujours ? De sourire toujours ? A quand la fin de ce confinement, de ce « s’en sortir sans sortir » ? Va-t-on s’en sortir véritablement ? Autant d’interrogations qui taraudent nos vies si confinées.

Dans un tel monde en arrêt où « s’en sortir sans sortir » est bien plus que salutaire, nous sommes invités à rester vigilants et à garder notre joie, notre sourire malgré tout, dans nos familles, dans nos services. Le sourire n’est certes pas le remède au covid-19, mais cependant, comme les essuies glaces d’une voiture qui n’arrêtent pas la pluie, il permet d’avancer. Avancer à tout prix voici le défi à relever dans ce nouveau monde de « s’en sortir sans sortir ».

Pour y arriver, la Parole de Dieu, en ce 5è dimanche de Carême, se présente à nous comme ces essuie-glaces, pour nous faire avancer, vaille que vaille. Oui, avancer, dans ces périodes incertaines, avec le Christ, qui se révèle particulièrement aujourd’hui, dans la Parole de Dieu, comme étant le Dieu des merveilles, capable de changer toutes nos situations ; capable de nous redonner force et vie au milieu de nos tourments. Ce qui était alors impossible aux yeux de ce monde qui s’effrite, devient possible ! On comprend maintenant pourquoi le psalmiste en ce jour l’invoque avec insistance : « Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière ! »[2].

En réponse à nos appels, aux cris qui montent de nos cœurs endoloris, le Seigneur s’engage. Déjà dans la 1ère lecture (Ezéchiel 37, 12-14), il prend les grands moyens qui dépassent sa taille, (il est permis de sourire ici justement) en dépêchant l’Esprit-Saint au chevet de cette humanité malade, afin de la remettre à nouveau debout, comblée de sa paix : « Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre ». Dans son incommensurable amour pour cette même humanité, le Seigneur va même plus loin encore dans son engagement pour nous, son peuple : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple »[3]. Dans l’évangile de ce dimanche (Jean 11, 1-45), en ressuscitant Lazare de son tombeau, il nous révèle effectivement avec véhémence qu’il ne lâchera rien ! Même pas la mort ne saurait nous ébranler et nous séparer de Lui, quoi qu’il nous arrive.

C’est cette même conviction de foi que partage saint Paul dans la 2ème lecture : « celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous »[4].

Aujourd’hui donc, dernier dimanche de carême, le seigneur veut ainsi nous mettre déjà dans la tonalité de Pâques, en orientant nos regards, notre foi tout entière vers la Croix rédemptrice du Christ, source de vie véritable et de délivrance ! Par sa Sainte Croix, le Christ a vaincu le monde ! Il s’est acquis la victoire définitive sur la mort.

Voilà la bonne Nouvelle, la CROIX triomphante du Christ, se dresse devant nous, en plein confinement, pour nous délivrer et nous pourrons avec cette croix, cette croix glorieuse de notre Seigneur, enfin « sortir pour s’en sortir » parce que le Seigneur ne lâchera rien. Qu’il nous bénisse, bénisse nos familles, nos malades, le personnel soignant, et tous ceux qui œuvrent dans l’ombre afin que la vie de notre nation et celle du monde s’éveille à nouveau, lui qui nous aime maintenant et pour les siècles sans fin, amen.

Père Omer.