« Qui c’est, celui-là ? »

Croix en tuf – Millencourt-en-Ponthieu

Le numéro 126 du Guetteur n’est pas paru à cause de la fermeture de l’imprimerie Leclerc pour les raisons que vous devinez.
Rendez-vous, nous l’espérons, au mois de juin.
Nous mettons en ligne l’éditorial de l’Abbé Gérard.
Bonne Semaine Sainte, Joyeuse fête de Pâques !

« C’est qui, celui-là ? »

C’était la question posée par un enfant d’une dizaine d’années en voyant une grande croix dans la cour de l’école libre de Montdidier où il venait d’arriver. Cela se passait il y a une quarantaine d’années, mais ce serait peut-être bien possible aujourd’hui, même s’il y a beaucoup de calvaires aux entrées des villages de Picardie.

Pendant les trois premiers siècles du christianisme, personne n’aurait posé une telle question : la croix était une horreur réservée aux esclaves fugitifs ou à des rebelles politiques dangereux. Il faut attendre le début du IVe siècle, lorsque Constantin interdira ce supplice, pour que l’on représente Jésus en croix. (Pendant des siècles, ce sera un Christ glorieux habillé comme un roi)

Aujourd’hui, bien des adultes sont aussi ignorants que cet enfant et il faudrait d’abord leur apprendre que l’histoire de Jésus n’est pas une sorte de conte de fées bon pour des enfants !

Un jour, Jésus avait posé une question à ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? » et Pierre lui avait répondu : «Le Christ, le fils du Dieu Vivant » persuadé que Jésus serait un messie qui allait prendre le pouvoir pour expulser les envahisseurs romains. Quand Jésus annoncera son arrestation et sa  mort, Pierre lui fera la leçon avant de se faire remettre en place par Jésus !

Les célèbres disciples d’Emmaüs espéraient la même chose que Pierre : «  Nous espérions qu’il délivrerait Israël, lui qui était un prophète puissant par ses actes et par ses paroles. »

La grande croix qui intriguait l’enfant évoque une tragédie : celui sur qui reposait notre espoir était mort, humilié et maltraité par ses adversaires, abandonné par la plupart de ses disciples et, semble-t-il, abandonné de Dieu. Il ne restait plus à ses anciens amis qu’à essayer d’oublier, de se cacher pour éviter le même sort. L’évangile de Jean précise que les portes de la maison où ils étaient réfugiés étaient verrouillées. L’histoire de Jésus devait s’arrêter là comme celle de beaucoup d’autres crucifiés.

Ce crucifié était vivant, mais vivant d’une autre manière

Mais très vite, dans ce contexte dangereux, des disciples ont affirmé que ce crucifié était vivant, mais vivant d’une autre manière, comme il l’avait annoncé avant sa mort. Ces disciples vont employer des mots qui suggèrent (sans décrire) la victoire de l’amour de Jésus sur la mort, sur la haine : Il s’est levé d’entre les morts, Il s’est réveillé du sommeil de la mort, Il est assis à la droite de Dieu, Il est Seigneur. Ceux que l’on appellera « chrétiens » (un nom qui vient de « Christ ») surprendront ceux qui les avaient vus tellement effondrés peu de temps avant : leur courage vient de l’Esprit, la Force, que Jésus leur donne. Leur nouvelle façon de vivre est le signe qu’ils sont devenus enfants de Dieu, qu’ils sont passés de la mort à la vie en aimant leurs frères. Bientôt le baptême sera le signe de leur entrée dans l’Eglise, la communauté des croyants. Ils se retrouveront le « Jour du Seigneur » pour célébrer la résurrection de Jésus et partager son pain de vie.

C’est tout cela que les chrétiens célèbrent à la fête de PÂQUES en chantant « Alleluia » (un vieux mot de la langue de Jésus qui signifie « louez Dieu ! chantez Dieu ! )

Abbé Gérard LEFEVRE