Hommage à Mgr Noyer,

Hommage à Mgr Noyer,

le 11 juin 2020, Cathédrale Notre Dame d’Amiens

 

 

Jacques Noyer, le Père Noyer vient de fêter ses 93 ans. Il écrit le 20 avril dernier :

« Est-ce l’effet du confinement ? Je n’ai jamais reçu tant de signes d’amitié pour mon anniversaire. Il me plaît de les lire comme on raconte l’histoire d’un arbre en comptant les auréole

s de son aubier… L’an prochain Facebook vous invitera à me souhaiter un joyeux anniversaire et je sourirai sur ma photo d’accueil même si je suis déjà mort depuis des mois. Et j’en serai heureux. Et j’en suis heureux aujourd’hui par avance. La mort n’empêche pas de vivre. c’est ce que j’ai appris d’un tombeau vide et d’une silhouette effacée. »

Le 11 décembre 2018 Jacques Noyer écrit :

« Je tiens à redire toute la confiance que je porte au Père de Jésus-Christ, cette source d’amour qui crée et sauve le monde. L’Église Catholique est le lieu où je l’ai découvert et servi. J’ai partagé sa sainteté avec fierté. J’ai partagé ses fautes avec honte. Parce que je sais que je serai jugé comme j’ai moi même jugé, je voudrais porter sur tous ceux que j’ai connus un regard plein de miséricorde et de paix. Dieu me pardonnera mes insuffisances comme vous me les pardonnez vous même. Ne soyez pas tristes alors car j’entre dans la joie de Dieu. »

Dans son livre « Le manteau partagé » en 1997 Jacques Noyer écrit :

« La foi devra passer l’ultime défi, là où les mots ne peuvent suffire, ni les faux-semblants. Ce sera l’instant décisif. Jusque-là tout est provisoire, demain peut reprendre hier ! Le sens

 de la vie demeure flottant jusqu’à cet instant. Je ne saurai jamais si ma foi est vraie qu’au moment de ma mort. Serai-je capable de mourir en disant oui à la vie ? Mourir sans perdre le goût et la volonté de vivre, mourir en jetant aux autres la moitié de son manteau comme une promesse de retrouvailles, comme un appel à recoudre. Mourir en laissant à la terre de son être avec les souvenirs des combats, des échecs et des victoires en espérant qu’ils soient leçons de vie.

Mourir en attendant de retrouver le Christ. Nous reconnaîtrons le Christ orné ou blessé de tout ce que nous avons fait aux autres.

Et puis vivre, vivre pour toujours, vivre de Dieu… vivre de la vie qu’on a aimé malgré tout… survivre avec le Christ qui a vaincu le mal. »

Un berger nous a devancés. A nous aujourd’hui dans nos vies il revient d’écrire l’évangile dont a témoigné Jacques Noyer… Un bon berger.

André Dubled