St Joseph et fête des travailleurs

En cette fête des travailleurs, prions St Joseph : qu’il nous éclaire sur un nouvel art de vivre notre travail !

La figure de ce sage silencieux met en lumière combien le travail pourrait être une fête si nous le vivions comme une source de vie, de relations, d’embellissement de la Création. Vous tous qui en êtes privés vous êtes blessés au plus profond de vous-même. Mais ce temps d’arrêt pourrait être aussi un temps de grâce comme le montre tout ce que vous savez inventer pour rester en relation et produire ce qui est essentiel à notre existence humaine : les soins et les médicaments, la nourriture et sa distribution, les recherches scientifiques, les mesures de protection de chacun mais aussi de la nature, des plantes et des animaux.

La figure de St Joseph illustre cet apprentissage d’un travail humain au service des besoins. Son histoire ouvre nos yeux sur la manière dont il a fait grandir l’enfant qui lui avait été confié, pour qu’il devienne un homme. Sa mission a participé à l’incarnation réelle du Fils de Dieu dans notre histoire humaine : son enracinement dans un village, dans une famille, son apprentissage d’un travail, un métier parmi les plus techniques qui soient, celui de charpentier. Il faut toute une science pour choisir les bois de charpente, les équarrir, calculer leur résistance au poids de la terrasse et leurs dimensions, enfin les lever pour les ajuster à l’ensemble de l’édifice. Quelle fête cela devait-il être à la fin de chaque toiture ainsi achevée, la fête du travail ! La fête de l’embellissement de la Création, la fête d’un plus de vie et d’un mieux être offerts à d’autres.

Joseph, un homme ouvert sur le service des autres par son métier. Un homme en marche qui entraine Jésus encore dans le sein de Marie, sur les routes vers Bethléem, pour s’inscrire dans la loi décrétée par César Auguste pour un recensement. C’est dans la proximité de cette localité que son nom « Jésus » fut inscrit en sa personne « Dieu sauve »… comme pour annoncer que ce fils de Marie était Fils de Dieu. Il naît dans la maison du pain Beth-léem, pour s’offrir déjà en nourriture à ceux qui ont faim de Dieu. Mais aussi pour nous rappeler que sans le travail humain qui le produit à partir d’éléments de la nature travaillés par la main de l’homme… aucune nourriture, ni corporelle, ni spirituelle ne serait possible. Vous qui êtes privés de pain de Dieu, c’est le moment favorable au cœur de cette abstinence à saveur pénitentielle, de nous rappeler qu’ils sont nombreux ceux qui manquent du pain quotidien. Il ne faudrait pas que nous aspirions avec toute notre énergie à ne vouloir que le pain du ciel .. tout comme à ne vouloir que le pain du corps.

Joseph un homme qui entraîne l’enfant et sa mère en Egypte pour le protéger des persécutions… Comment Joseph a-t-il vécu avec son épouse cette inquiétude, cette précarité ? D’où leur venaient les subsides nécessaires pour faire face au quotidien d’un étranger-migrant en terre d’exil ? Puis ce fut le retour à Nazareth, le silence de la petite enfance, l’apprentissage du métier par l’enfant auprès de Joseph, la pratique de la foi des pères qui s’inscrivit dans le pèlerinage au Temple par deux fois : pour la circoncision, et lorsqu’il aura une douzaine d’années, suscitant une nouvelle inquiétude pour Joseph et Marie.

C’est ainsi que Joseph accompagna dans le silence tout au long de ces années l’enfant confié pour qu’il lui apprenne au cœur des aléas de l’existence ce que c’était que de devenir un homme. Joseph s’éclipsera dans le silence au terme de la mission accomplie dans une docilité sans faille qui fut son itinéraire de sainteté.

Jacques Turck + 1er mai 2020