Mon curé chez les « gilets jaunes »

Mon curé chez les « gilets jaunes »
À Flixecourt, dans notre Diocèse, le père Nicolas Jouy,  a organisé deux débats. L’occasion de tisser des liens entre chrétiens et membres du mouvement de contestation, au cœur d’un territoire déclassé.

Dans le presbytère de Flixecourt, ville d’un peu plus de 3 000 âmes située à une vingtaine de kilomètres d’Amiens, monsieur le curé fait la cuisine. Il vient de raccompagner un couple qui se prépare au mariage et son samedi après-midi s’annonce chargé.« Si vous voulez dîner ce soir, il va falloir m’interviewer dans ma cuisine ! », s’exclame-t-il. Du haut de son mètre 93, un tablier bordeaux recouvrant sa soutane noire, Nicolas Jouy, 52 ans, met à l’aise ses visiteurs. Préparant le café d’une main, il remue une béchamel de l’autre. « Je fais un gratin de pâtes, ma recette favorite quand je reçois du monde : elle vient d’un livre de cuisine inspiré de la série Desperate Housewives ! C’est avec ce plat que Susan séduit Mike », s’amuse le prêtre, qui confesse dans un éclat de rire son goût pour les « feuilletons ».

Du dialogue peut naître la lumière

Ce soir, c’est pour discuter d’un sujet des plus sérieux qu’il a invité quelques paroissiens à sa table. Ils vont préparer l’organisation de deux débats, qui auront lieu dans deux églises du secteur. Quand Emmanuel Macron, après quatre samedis de blocages dans toute la France, a proposé aux citoyens de participer à une grande consultation pour sortir de la crise des « gilets jaunes », le prêtre a décroché son téléphone pour sonder les maires des alentours. « Ils se sentent méprisés par le gouvernement, raconte-t-il. L’un d’eux m’a dit : « On ne va pas organiser un débat pour se faire engueuler à la place du Président ! » » Lui a saisi la balle au bond. « Depuis le début de la contestation, je ressens un grand besoin de se parler, explique-t-il en attrapant un plat à four. Il faut essayer. Je crois vraiment que d’un vrai dialogue peut naître la lumière. »

LIRE L’ARTICLE COMPLET DE LAURENCE DESJOYAUX PARU DANS LE JOURNAL « LA VIE »