La crèche n’est pas un doux rêve

Depuis mon enfance, j’aime les crèches, et je ne dois pas être le seul ! J’en ai vue de toutes sortes : enfantines, sophistiquées, spectaculaires, ethniques, ou inspirées… Certains y expriment leur talent et leur sensibilité avec brio, d’autres honorent une belle tradition, d’autres encore vous diront que sans elles ce ne seraient pas Noël. J’accueille tout cela joyeusement, car après tout ce que signifient nos santons de plâtres ou nos playmobils, c’est que le Christ doit pouvoir trouver une place chez nous, celle que les habitants de Bethléem il y a 2000 ans n’ont pas su lui céder.
Ainsi l’Evangile de Saint Jean, que nous lirons le jour de Noël, dit-il : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn1,11-12). Quand Dieu se fait petit enfant pour nous, c’est pour que nous devenions ses enfants, il prend notre humanité pour nous donner sa divinité. Les Pères de l’Eglise appelaient cela : « l’admirable échange ». Le Christ Jésus se saisit alors de nos bonheurs mais aussi de nos peines, de nos misères, et de nos colères. Jésus, l’enfant Dieu naît littéralement sur la paille, « sur la paille » couché dans la faillite de l’humanité. C’est une naissance dans la précarité d’un pays occupé, sous l’oppression de l’empire romain, pour une jeune femme qui accouche loin de tous ses repères, sans l’appui des femmes de sa parenté ; et pour un jeune homme qui doit protéger sa femme et l’enfant qui désormais est aussi le sien. Le Messie attendu est bien fragile au milieu des tumultes du monde, celui d’hier comme celui d’aujourd’hui. Il y a bien une dimension dramatique dans la crèche, ne la passons pas sous silence. Jésus le Fils du Très haut descend au plus bas, il lui faut la dernière place pour épouser notre histoire, l’histoire de chacun. Nul ne saurait être exclu de son Amour. Alors laissons-lui un peu plus de place dans nos vies, avec peut être une simplicité d’enfant, car finalement tout est simple à la crèche : Il vient t’aimer sans condition et t’apprendre à aimer.

Bertrand Ledieu.

Jésus, l’enfant Dieu naît littéralement sur la paille, « sur la paille » couché dans la faillite de l’humanité. C’est une naissance dans la précarité d’un pays occupé, sous l’oppression de l’empire romain.(…) Le Messie attendu est bien fragile au milieu des tumultes du monde, celui d’hier comme celui d’aujourd’hui.