Avons-nous peur de Jésus?

Il m’est arrivé dans les mains une petite revue dont la couverture posait cette question parce que (je crois) nous avons généralement une image « gentillette » de Jésus qui n’est pas forcément celle que nous montrent les Evangiles. Peut-être avons-nous aussi l’habitude d’édulcorer l’expérience que la première communauté chrétienne avait de Jésus, en oubliant les difficultés que cette communauté affrontait dans une société complètement hostile à cette nouveauté évangélique.

Quand nous lisons les évangiles nous pouvons constater que les témoins de Jésus sont, soit dans la fascination, soit dans la gêne.

Les paroles et les gestes de Jésus provoquent dans son public des avis partagés parce que, pour la « première fois », la parole correspond clairement à la vérité.

Jésus restitue le véritable visage de Dieu en l’appelant « Abba » et en nous donnant la possibilité de l’appeler Père. A partir de cela découle une autre réalité : nous sommes des frères et des sœurs, fils d’un même Père. Et nous pouvons même ajouter « bienheureux », sans pour autant nous la « couler douce » car il nous faut assumer pleinement l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Le Royaume que Jésus annonce n’est jamais séparable de l’engagement social : « avoir les pieds sur terre » ! Il n’y a pas de premier commandement (aimer Dieu) sans le deuxième (aimer l’autre). Nous ne pouvons privilégier ni l’un ni l’autre, ces deux commandements sont une seule et unique réalité. Celle qui constitue le fondement de notre Église, de notre communauté et bien sûr de notre Paroisse.

Je m’interroge souvent, qu’est-ce qui nous arrive aujourd’hui, à nous, chrétiens ? Pourquoi tant de peur au moment de faire face à ces temps décisifs ? Pourquoi si peu de confiance en Jésus ? N’est-ce pas la peur de nous enfoncer qui nous bloque ? N’est-ce pas cette recherche aveugle de sécurité qui nous empêche de faire une lecture plus lucide, responsable et confiante, de ces temps ? Pourquoi ne voulons-nous pas voir que c’est Dieu qui conduit son Église vers un avenir plus fidèle à Jésus et à son Évangile ? Pourquoi cherchons-nous notre sécurité dans ce qui est connu et établi dans le passé, et ne voulons-nous pas entendre l’appel de Jésus à « passer sur l’autre rive » afin de semer humblement la Bonne Nouvelle dans un monde indifférent à Dieu mais qui a tant besoin d’espérance ?

Quand nous sommes devant des « Aquarius », quand nous sommes auprès des familles endeuillées, quand nous animons une liturgie, quand nous offrons une feuille avant la messe dominicale, quand nous accueillons, quand nous célébrons ensemble, quand nous visitons des prisonniers, quand nous sommes avec des jeunes… n’oublions jamais que la personne à qui nous rendons ce se

rvice a besoin de douceur et de joie, d’espérance et de confiance. Ainsi pouvons-nous enlever la peur que le « Jésus-Institution » peut provoquer, et restituer l’image de Dieu : Notre-Père ! le véritable projet de Jé

sus.

P. Alexis CERQUERA TRUJILLO, CM