L’adoration, un chemin d’ascension vers le divin

Adorer : pourquoi, comment ?

Enfant, il vous est sans doute arrivé de dire : « j’adore le chocolat ». Alors vous vous souvenez sans doute avoir entendu cette réponse : « on n’adore que Dieu ». En effet, seul Dieu peut recevoir l’adoration, puisqu’il est le seul créateur, le seul auteur de la vie, et que nous sommes sa créature. Les dix commandements s’ouvrent ainsi : « Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole (…). Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte » (Exode 20, 3-5). Lors des tentations au désert, Jésus lui-même cite l’Écriture et rétorque à Satan qui lui demande de l’adorer : « Il est écrit : c’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte » (Matthieu 4, 10). Aller à l’adoration, c’est reconnaître que Dieu est le seul maître de ma vie ; que je veux lui donner la première place ; que je ne veux pas soumettre ma vie à d’autres forces ; que la valeur infinie de ma personne ne dépend pas du regard des autres, mais du regard que Dieu pose sur moi de toute éternité.

Cela passe par des gestes concrets qui manifestent la priorité que je veux donner à Dieu dans ma vie. Tout d’abord, je rentre en silence. Je marque ainsi une coupure entre mes activités profanes et l’activé sacrée à laquelle je veux m’adonner. Le tourbillon de mes pensées est tel que je dois aider mon corps et mon esprit à « entrer en adoration ». Une génuflexion ou une inclination profonde ; un grand, lent et beau signe de croix sont autant de moyens pour cela. Naturellement, je coupe mon téléphone et je veille à ne pas me laisser distraire par lui. Dans l’adoration, je passe ainsi du virtuel au réel, de l’apparence à la présence. Sollicités, voire agressés par des heures passées sur internet ou devant la télévision, nous stockons dans nos mémoires des tas d’images qui encombrent notre cœur. Nous gardons aussi dans nos esprits des paroles de malédictions qui paralysent l’amour, engendrent la colère, la révolte, le désir de vengeance. Dans l’adoration, Jésus agit par son Esprit. Il pénètre nos âmesguérit nos yeuxnos cœurs, nos langues… Tout cela se passe dans le silence, avec les yeux de la foi, dans un échange de regards amoureux.

Dans l’adoration eucharistique, notre premier regard est donc d’abord celui de la créature vers son créateur. Nous y contemplons Celui qui nous aime le premier, Celui qui est l’Amour éternel, sans commencement ni fin, sans limite, désintéressé, qui n’agit envers nous ni par besoin ni par manque, mais par surabondance d’amour. Si l’initiative de l’amour vient de Dieu, il serait même plus juste de dire que, dans l’adoration, nous nous laissons regarder. Il n’y a rien à faire, rien à dire. Seule est active notre foi. Nous sommes devant Celui qui est l’origine et le terme de notre existence : nous venons de Lui, nous allons vers Lui.

Mais dans l’adoration, Dieu ne nous donne pas un bien quelconque : Il se donne lui-même ; dans son Incarnation, dans son Fils Jésus-Christ, qui est l’Amour en personne. C’est le second regard que nous pouvons avoir dans l’adoration. L’incarnation n’est pas seulement l’acte du Fils, elle est aussi don du Père ; et ce don s’achève dans celui de l’Esprit, qui diffuse en nous la charité. L’adoration nous met en présence de la Trinité, agissante, divinisante, béatifiante. Cet amour trinitaire s’est fait personnel : dans Jésus présent réellement dans l’Eucharistie, nous contemplons l’Amour. Et comme Jésus a reçu l’adoration durant sa vie terrestre, nous l’adorons à notre tour.

A l’imitation des rois mages (Matthieu 2), nous pouvons tout d’abord adorer Jésus comme notre roi. Nous pouvons aussi l’adorer comme notre Sauveur, l’Agneau immolé, Celui qui enlève les péchés du monde ; mon péché. L’adoration devient alors un lieu de guérison : « Qui regarde vers Lui resplendira sans honte ni trouble au visage » (Psaume 33). Dans l’amour personnel de Jésus pour moi, qui jaillit de son cœur transpercé, je fais, à la suite de Saint Paul, l’expérience d’un amour inconditionnel : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Enfin, nous pouvons adorer Jésus comme le Ressuscité, qui nous envoie porter au monde sa Bonne nouvelle. Comme les saintes femmes au matin de Pâques (Matthieu 28,9), nous nous prosternons devant Celui qui est revenu de chez les morts ; Celui qui brise la fatalité de nos existences ; Celui qui, en nous offrant une vie nouvelle, nous rend davantage vivants, pour Dieu et pour les autres ; Celui qui fait de nous des missionnaires de la miséricorde.

Don François Reynes
Vicaire à la Paroisse Saint Jean-Baptiste (cathédrale)
Aumônier des étudiants d’Amiens

TEMOIGNAGE

L’adoration dans ma vie

Étant étudiante à Amiens, j’ai la chance de pouvoir venir à l’adoration à la cathédrale le matin. Quoi de mieux que de démarrer sa journée en allant se recueillir dans la plus belle de toutes les cathédrales, devant Celui qui a donné sa vie pour nous ?

Pouvoir contempler le Saint Sacrement dans le silence recueilli du petit matin, c’est l’opportunité de confier ma journée au Seigneur, et de lui demander de me guider pour faire sa volonté tout au long de la journée.

C’est aussi l’occasion pour moi de lire et de méditer l’évangile du jour, pour me nourrir de la parole de Dieu.

Je pense que l’adoration est un moyen tout simple et en même temps si mystérieux, de se placer sous le regard aimant de Jésus, dans un véritable cœur à cœur avec Lui. Cela nous permet de rester « connecté » à Lui et de ne pas perdre de vue l’essentiel dans le tourbillon de nos vies mouvementées et rythmées d’impératifs en tous genres.

Malgré toutes ces vertus que nous offre l’adoration, je me laisse souvent distraire, et c’est un vrai combat de réussir à dompter toutes les pensées qui viennent occuper mon esprit. Mais même lorsque mon esprit est ailleurs, je sais bien qu’Il est là et qu’Il agit dans mon cœur, à chaque instant du jour où de la nuit, patiemment, sans se faire remarquer, et chaque fois que je me rends à l’adoration, c’est l’occasion pour le Seigneur de me façonner toujours plus à son image.

Albane, étudiante en médecine

ADORATION
Tous les dimanches de Carême
de 17h00à 18h00