Quand la liturgie des heures se déploie au sein du Carmel…

Liturgie des heures, office, bréviaire, … Autant d’expressions, qui tout en ayant leur nuance propre, désignent une même prière liturgique de l’Église et un même désir de « sanctifier la journée et toute l’activité humaine ». Les carmélites d’Amiens ont accepté de nous parler de la liturgie des heures qui rythme leur quotidien de prière et comment  cette liturgie se déploie au sein de la communauté.

Qu’est-ce que la liturgie des heures?

La liturgie des heures est la prière de l’Eglise, l’Eucharistie en est la source qui actualise la prière du Christ en sa Pâque, en l’exercice de son Sacerdoce auquel Il nous associe.

A chaque heure du jour, l’actualité de la vie des hommes et de nous-mêmes, est placée sous le regard de Dieu, pour pouvoir être regardée avec Ses yeux.

La prière des Heures, nous décentre de nous-mêmes, et nous unit à la prière de Jésus Christ et de toute l’Eglise car elle nous fait parler devant Dieu, ce monde souffrant ou heureux dont nous faisons partie. Tout en étant ma prière, qui m’engage, même si les sentiments exprimés ne sont pas les miens à ce moment-là, elle nous apprend à faire communauté, Eglise.

Prière du Temps Présent car elle accompagne le rythme du jour, et embrasse tous les temps de l’histoire de l’Alliance de Dieu avec les hommes et femmes d’hier, d’aujourd’hui et de tous les temps.

Cette prière scande le temps de la journée :

Les Laudes : Invitent à la louange en ce jour qui commence
Tierce : en cours de matinée l’heure de la descente de l’Esprit sur l’Eglise en prière.
Sexte : milieu du jour, à l’heure la plus chaude, comme Jésus au puit de Samarie
None : (troisième heure) : l’Heure de la Croix
Les Vêpres : Invitent à l’intercession et à l’offrande du jour qui s’achève.
Les Complies : prière qui fait entrer dans le silence de la nuit qui approche.
La Vigile : écoute ensemble de la Parole pour une veille d’espérance au cœur de la nuit.

Ces « 7 couleurs » ne sont que le prisme de ce que nous célébrons à l’Eucharistie qui est source et sommet de la journée. « Action de grâce » pour ce Dieu qui donne et se donne.

« Dans le matin qui se lève…Quand le plein jour illumine…Quand sur nous l’ombre s’avance…Quand la nuit étincelle…

Nous sommes devant Toi. »

« Se tenir devant Dieu pour tous »

Comment  pouvons-nous nous associer à cette prière ?

Comme la Vierge Marie et les apôtres qui étaient réunis pour la prière au Cénacle, nous pouvons rejoindre des frères et des sœurs, une communauté paroissiale, religieuse, familiale, pour être ce petit « cénacle » où l’Esprit Saint se joint à notre esprit pour prier comme il faut. Car s’il est vrai que nous arrivons avec nos actualités : « pourquoi… s’Il te plaît… Merci… » La Liturgie des Heures nous fait entrer dans la grande prière de l’Eglise, dans l’histoire du Salut. C’est pour cela que nous traçons sur nous le signe de la croix au début de la prière.

Mais pour ceux qui ne peuvent rejoindre une communauté pour prier, Jésus dit : « quand tu pries retire-toi dans ta chambre et là prie ton Père qui te voit dans le secret… » Ce petit « cénacle » nous pouvons lui trouver sa place dans notre lieu de vie, le signifier par la Parole de Dieu ouverte, par une croix, une bougie, une image… un objet qui nous parle.

Aujourd’hui il est possible de suivre la Liturgie via son téléphone  ou suivre sur les réseaux. Certaines personnes nous disent que lorsqu’elles entendent nos cloches, elles se joignent à nous par la prière. C’est pour cela que nous ouvrons notre chapelle à ceux qui souhaitent venir prier seul ou avec nous aux heures où la cloche nous y invite.

Pour chacune de nous, le jour de notre engagement au Carmel, l’Eglise nous confie le livre de la prière des Heures. Alliance aux multiples facettes suivant les dons de chacune, qui, réunit dans la foi et harmonise nos différences. Chacune  y vient avec ce qu’elle est, ce qu’elle porte pour le déposer dans le cœur de Dieu. Ainsi se vit l’élan de la prière communautaire.

 » Elle me donne à voir  le monde, ses beautés et ses abîmes… pour louer et ou implorer la miséricorde du Seigneur et d’entrer activement dans ce réseau d’Humanité dont je fais partie. Elle me nourrit de ce qu’elle me découvre jusqu’au silence même, le silence habité que je perçois chargé d’amour, de foi, d’espérance. Je suis invitée à entrer  dans cette caravane-là, conduite et sauvée par le Christ, Roi de l’univers, cette caravane dont je fais partie. «