Rencontre avec… les conteuses bibliques

Sylvie d’Hautefeuille, Mariette Duclercq (1 rang), Geneviève Ronsin, Dominique Caron, Dominique Dewas (rang du milieu) et Brigitte Derozières (1 rang)

Dans notre diocèse, comme partout en France, une association s’est créée pour présenter, différemment, la Bible. Une équipe de « conteuses » qui se propose de venir, en toute occasion, même liturgique, de dire la Parole de Dieu. Nous les avons rencontrées.

L’Association « la Bible n’est pas un conte, mais elle se raconte » existe depuis une vingtaine d’années en France. Sous l’attention bienveillante du diocèse d’Amiens, six conteuses, au terme de deux années de préparation, sont en mesure d’offrir, à titre bénévole, leurs services à tous ceux et celles qui les sollicitent pour une animation autour de la parole de Dieu. Elles témoignent.

 Pourquoi revenir à la tradition orale ?

La tradition originelle fut la méthode orale, méthode d’enseignement et de transmission, qui domina très longtemps, au moins jusqu’à la découverte de l’imprimerie. L’Ancien Testament, ce fut l’histoire racontée indéfiniment, répétée pour être méditée, puis à nouveau racontée… La pierre elle-même fut un Conte, sur les porches et les chapiteaux sculptés des églises et des cathédrales. Les textes se sont dérobés longtemps à la lecture, l’accès à la Bible fut parfois interdit, ou pour le moins, très peu encouragé ! Ce n’est que récemment  que l’approche des textes eux-mêmes fut rendu possible, et à présent conseillé.Raconter la Bible aujourd’hui est donc une tentative pour secouer les habitudes auditives, par des mots, des images, des symboles et ainsi faciliter le lien entre les textes et les auditeurs, en puisant dans l’Art du Conte, en faisant du récit un exercice séduisant porté par des images visuelles, tactiles, olfactives. Il s’agit de donner chair aux personnages couchés sur le papier, qui alors se redressent !

 Avant de conter un texte biblique, il faut s’en imprégner ?

Oui, bien sûr, et cela demande une longue préparation. Le conte s’enracine dans un double travail collectif, travail biblique et travail d’oralité puis réflexion personnelle qui engage le conteur.La première étape passe par l’étude du texte. D’abord un travail de compréhension, verset par verset, en utilisant cartes, notes, atlas, dictionnaire biblique. C’est essentiel pour comprendre le texte et en dégager les enjeux. On ne s’autorise pas à conter ce qu’on n’a pas étudié. Ensuite, chacune se fabrique son récit avec ses propres mots. C’est le travail d’oralité.La Bible n’est pas une histoire ordinaire, c’est la parole de Dieu pour les croyants, à la fois nourriture et mémoire. La Bible n’est pas un conte, en ce sens que ce n’est pas une création où se déploie l’art du conteur. Nous n’avons le choix ni du lieu, ni du temps, ni des personnages, ni des enjeux théologiques. Il ne s’agit pas d’expliquer les textes, mais de les rendre plus accessibles, sans gommer les aspérités. Il s’agit de faire ressentir que les enjeux humains sont millénaires et universels, à travers les vieux personnages (Moïse et la colère ; Jonas et la peur ; Judas et le dilemme ; David et l’amour interdit ; le père du fils prodigue et la gratitude ; etc.). Faire prendre conscience que ce qui semble lointain et dépassé est toujours d’une actualité brûlante. La vie, la mort, la souffrance, que l’on croie ou non, ces questions sont toujours là… Chacun est libre de recevoir le récit, d’y croire ou non.

Conter la Bible, c’est audacieux. Comment vous y prenez-vous ?

L’art du conteur est de donner à son histoire une dimension symbolique, poétique, philosophique et religieuse, en nourrissant nos sens pour un mûrissement futur. On donne à voir, entendre, sentir, goûter, toucher : on respire, avec Marie et Joseph, la poussière du chemin entre Nazareth et Bethléem ; on ressent la peur de l’ânesse de Balaam devant un éclair; on est pétri par l’émotion du repas partagé à Emmaüs ; on touche le grain des pierres de la prison où est jeté Paul… On dort avec nos personnages. Le silence peut s’inviter pour que le récit entendu s’infuse. Celui qui reçoit a le droit d’être du côté de l’incrédule. L’émerveillement, la joie, l’étonnement ou la contemplation et la prière peuvent être des fruits magnifiques.

Quel public rejoignez-vous ?

Des enfants comme des adultes : groupe de catéchèses, catéchuménat, maisons de retraite… Le public est réceptif, les enfants sont captivés. Nous pouvons aussi nous intégrer dans un temps liturgique : temps forts, fêtes paroissiales, randonnées, et pourquoi pas aller sur les routes et sur les parvis, « à la périphérie » comme nous y invite le pape François.

 

Propos recueillis par Daniel Caron pour le Journal Fenêtres Ouvertes

Venez redécouvrir le sens de la veillée en famille… Venez vous émerveiller en famille et savourer un temps de partage entre générations !
Un voyage au cœur d’épisodes bibliques mais aussi une exploration du merveilleux chrétien…  Tout un programme !
Parmi les thèmes notons:
Lundi 1.7., thème de l’eau
Mardi 2.7., thème du chemin
Jeudi 4.7., thème de la lumière
Vendredi 5.7., thème des animaux
Et FLORILEGE le samedi de 20h30 à 21h30!