Edito:  » Nous sommes le Corps du Christ, don de Dieu pour le monde »

Ce dimanche est la fête du Saint Sacrement, le Corps et le Sang du Christ, cadeau que Dieu nous donne à chaque messe… Ce don de Dieu ne nous garantit pas une vie facile, confortable et reposante. Au contraire, la foi nous demande de dépasser nos avidités pour entrer dans une logique de don, de transmission, de partage… dont nous sommes à la fois les bénéficiaires et les acteurs. Détaillons cette circulation des dons qui définit l’Église.

Si vous faites un sondage dans la rue sur ce qu’est être chrétien, on vous répondra sûrement que c’est « aller à la messe », on surnommait même les pratiquants voici un siècle les « talas », ceux qui vont-à-la messe. Pas suffisant, mais c’est vrai quand même ! C’est le lieu où nous retrouvons les autres chrétiens et où nous recevons le don de Dieu.

Réfléchissons à la position de nos mains dans notre vie. Nos mains sont souvent tournées vers le bas : un téléphone où je pianote, un clavier d’ordinateur, le volant de la voiture, l’outil que je tiens dans l’atelier, les légumes et les casseroles, ou vers l’enfant à conduire à l’école, ou vers le malade à soigner…

Cette position de nos mains vers le bas, pour travailler ou pour aider, est notre participation à la Création, à l’œuvre de Dieu qui fait le monde, qui le façonne. C’est très beau, cette position de la main qui travaille et qui prend soin, c’est d’ailleurs à peu près impossible à représenter en peinture ou en sculpture… C’est un être humain qui devient responsable de sa vie. Nous qui sommes chaque jour davantage en position de maîtrise, nous devenons ainsi images de Dieu.

La dynamique de la messe qui nous rassemble une heure par semaine, c’est de retourner nos mains. Nous les dirigeons alors vers le ciel, dans une attitude de louange, de prière, de réception. C’est en ouvrant les mains vers le haut que nous réciterons tout à l’heure le Notre Père. C’est en les tendant que nous recevrons le Corps du Christ que nous fêtons aujourd’hui. C’est en serrant les mains de nos voisins que nous nous transmettrons les uns aux autres, avant de communier, la paix du Christ. C’est avec ces mains ouvertes que nous pourrons « donner le coup de main » en nous mettant au service les uns des autres dès la sortie de la messe.

La fête du Corps et du Sang du Christ rappelle que nous devenons ce que nous recevons : nous sommes le Corps du Christ, don de Dieu pour le monde ; nous sommes envoyés comme témoins désarmés du pardon, de la paix et du service. L’Église tient une position originale parmi les structures de la société, car elle est d’abord une institution de transmission : nous recevons, nous donnons.

Mais comment transmettons-nous ? Nous pourrions prendre comme modèle de transmetteur, St Paul : il a rencontré le Christ, il se consacre inlassablement à faire connaître l’Évangile, il encourage les communautés dont il est responsable, il s’adjoint des coopérateurs, il dit à Timothée ce que peut-être tous les parents devraient pouvoir dire à leurs enfants : « Ce que tu as appris de moi en présence de nombreux témoins, confie-le à des personnes fidèles qui seront elles-mêmes capables de l’enseigner encore à d’autres » (2 Tim 2). Tous ceux dont nous avons reçu la foi, nos grand-parents, parents, parrains et marraines, curés, religieuses et catéchistes… sont les maillons d’une chaîne de transmission qui nous implique à notre tour.

Nous voilà appelés aujourd’hui à notre tour à nous engager, nourris par la Bible et la communion au Saint Sacrement, pour servir l’humanité. Ainsi l’Église n’est ni une association, ni une entreprise, ni un club, mais bien une réalité de transmission qui mobilise ce que nous sommes. Le Concile Vatican II (Gaudium et Spes 42) dit : « l’Église offre à la société cette foi et cette charité effectivement vécues , et pas une souveraineté extérieure. » A nous de voir ce que nous pouvons faire, entre témoignage, réflexion, don, prière, service, discernement…

Nous avons lors de chaque messe, à notre disposition, le don que Dieu nous fait, par sa Parole et par son pain. Recevons-le avec gratitude, mains tournées vers le ciel pour recevoir ; puis tournons les mains vers les autres et vers le monde pour y travailler : paroisse, prière, mouvement de solidarité, catéchuménat, groupe biblique, Secours catholique, école et caté, art, culture et action sociale pour la

Terre et pour nos frères… Tout nous attend !

Ouvrons les mains, pour recevoir et pour donner, pour témoigner et pour servir, pour prier et pour aimer en vérité : ainsi on reconnaîtra les Chrétiens !

Belle fête du Corps et du Sang du Christ !

 

P. Jean-Marie Poitout
Curé de la paroisse Saint François d’Assise