Carême, chemin de conversion #3

En ce temps de carême, nous sommes appelés à vivre un temps de conversion. Mais quelle définition donnez vous à ce mot? Quelle conversion avez-vous vécue?  Comment vivre concrètement cette démarche pendant le Carême ? Pas facile! Ces questions nous les avons posées à Denis Laloux, 65 ans, diacre permanent dans le diocèse depuis 10 ans.

Denis, peux-tu nous parler de ta conversion?
Si une conversion est, au sens propre, un retournement alors, je n’ai pas connu de conversion. Par contre, si l’on accepte la conversion comme quelque chose qui se change en quelque chose d’autre, en mutation en quelque sorte, alors je suis un « mutant ». Je crois à mon évolution au fil du temps, au fil des rencontres. Cela demande beaucoup de travail sur soi pour comprendre et accepter cet état de faits. J’ai compris que ma conversion dépendait plus de ce que m’apportait les autres en l’acceptant tel quel. Cela me fait évoluer tous les jours, me fait voir et accepter ( dans le sens de comprendre) des personnes ou des situations que je n’imaginais pas mais qui font parties de nos vies, de ma vie. Ces mutations successives font évoluer mon rapport aux autres, mon approche d’eux et spirituellement, ma prière, ma présence comme homme et comme diacre.

Une personne qui t’a inspiré?
Plusieurs personnes m’ont inspiré pour que je devienne ce que je suis. Tout d’abord, un prêtre, en région parisienne, qui m’a confié des responsabilités auxquelles je ne m’attendais pas et qui m’a permis de « prendre le pouls » des décisions, des rencontres, de l’importance de l’écoute. Evidemment, Ariane, ma femme, qui continue de me suivre, de m’aider et sans doute de donner ce supplément d’âme dont j’ai besoin. C’est vrai pour notre vie familiale ; c’est vrai pour mon épanouissement qui est, depuis son départ, bien délicat et bien difficile à vivre. On ne guérit jamais d’une telle blessure et je reste seul à la porter…malgré les enfants ! D’autres personnes m’ont bousculées ; je pense à l’abbé Gusching, ancien vicaire épiscopal, qui est venu un soir, me demander, nous demander de réfléchir sérieusement au diaconat permanent. Quelle tempête sous mon crâne, ce fut ! Mais que de grâces reçues en retour qui agissent et qui servent aux autres.

Quels sont tes conseils pour un Carême réussi ?
Le Carême est avant tout un temps de discernement. Nous avons tous besoin d’avouer nos défauts. Mais que fait-on de nos qualités ? Nous avons tous besoin d’avouer nos fautes, nos regrets, bref nos péchés. Mais que fait-on de nos mains tendues ? Voilà ce discernement à faire : reconnaître que tout n’a pas été facile dans notre vie de tous les jours mais mettre en évidence les bons côtés : il est là le Sauveur.

Que mettras-tu concrètement en œuvre pour vivre les 3 piliers du Carême?
A mon tour de vos poser trois questions!
A quoi sert le jeûne si l’on ne prie pas pour ceux qui meurent de faim, ceux qui font mourir de faim ?
A quoi sert le don s’il n’est donné en attente d’un retour ?
A quoi sert la prière si elle ne peut me permettre de jeûner et de donner dans l’Espérance de la Résurrection ?
Je vous souhaite à tous une bonne route vers Pâques !