Un carême pour dire OUI à Dieu.

Seigneur, je t’aime. Ce sont les derniers mots du Pape Benoît XVI avant de mourir, le 31 décembre dernier. Ces mots résumaient toute une vie de service doux, humble et patient. Une vie faite d’attention à l’autre et d’amour de la Vérité. Une vie où l’intelligence et le cœur concourraient pour montrer combien le ciel et la terre sont intimement reliés.
Chers amis, le temps du carême est revenu. Le temps pour dire, nous aussi, à Dieu : Seigneur, je t’aime. Et pour le lui prouver par l’amour, chacun ayant à trouver pour lui-même la voie du véritable amour.
Le carême, c’est suivre Jésus sur le chemin de la Croix, le chemin de sa joie, son chemin pascal. Il m’a aimé et s’est livré pour moi (Galates 2,20). Ce qu’il a fait pour tous, il l’a fait pour moi, personne unique et infiniment aimée. Dans les larmes du repentir face à cet amour unique et personnel de Jésus crucifié, je peux accueillir ma vie, y compris ses médiocrités, ses bassesses et son péché, et me laisser guérir par l’Esprit Saint. Le carême est un entraînement pour être ce que nous sommes, aimés de Dieu, et pour l’être bien.
Comment ferons-nous ? Jeûnerons-nous : par une moindre consommation, des renoncements significatifs, une existence plus simple, plus sobre, voire plus pauvre ? L’Évangile nous y engage. Prierons-nous davantage, en goûtant le silence et la Parole, certains que les yeux de la foi nous font voir l’invisible, sûrs que Dieu est toujours présent, convaincus qu’il n’y a pas un instant où il ne se communique à nous ? La prière est un cadeau précieux, qu’il est bon de toujours recommencer de bon cœur. Ferons-nous l’aumône, non pas du haut de notre orgueil, mais en nous glissant parmi les pauvres, convaincus de l’être nous-mêmes, et heureux de les aimer, de leur prêter notre écoute et en donnant avec une audacieuse générosité ?
Ces trois moyens traditionnels du jeûne, de la prière et du partage ont une radicale efficacité. Ils inscrivent nos existences dans la perspective de l’humilité envers Dieu et de la douceur envers le prochain. Ils nous poussent à vivre chaque instant de nos vies avec une attention plus grande à la présence constante de Dieu et des autres, tous les autres.
Mais c’est à chacun de trouver ce qui le convertira le plus. « Si nous sommes saints selon notre volonté, nous ne le serons jamais bien. Il faut que nous le soyons selon la volonté de Dieu. » écrivait Saint François de Sales. Quel appel pour moi en ce carême ? Soyons vrais et pas superficiels : chacun, dans la particularité de son âge, de sa santé, de sa richesse ou de sa pauvreté, de sa capacité d’influence ou de sa solitude, peut sentir les petits ou grands passages à vivre : ils nous préparent à l’ultime passage vers la vie de ressuscité avec le Christ.
Cet entraînement, il nous faut aussi l’expérimenter ensemble, en Église, dans la communion des saints. Car il est missionnaire : il rend l’Église plus sainte, plus cristalline, plus belle. Il lui permet d’être ce qu’elle est en profondeur : le signe et l’instrument du pur amour de Dieu, pour ce monde qui se divise et se déchire, et souvent s’autodétruit et souffre trop.
Frères et sœurs, comme je me réjouis d’entrer en carême avec vous et avec toute l’Église, pour dire oui à Dieu, me laisser recréer par Lui, et lui dire d’un cœur limpide : Seigneur, je t’aime.

+ Mgr Gérard Le Stang
Évêque d’Amiens.