Carême, chemin de conversion#2

En ce temps de carême, nous sommes appelés à vivre un temps de conversion. Mais quelle définition donnez vous à ce mot ? Quelle conversion avez-vous vécue ? Comment vivre concrètement cette démarche pendant le Carême ? Pas facile! Ces questions nous les avons posées à Juliette, professeur des écoles à Amiens.

Ma conversion
J’ai en tête un souvenir bien précis d’un avant et d’un après : c’était pendant un moment d’adoration à l’église St Nizier de Lyon lors de la fête de l’Immaculée Conception un 8 décembre. Je crois que je devais avoir 19 ans. Je faisais une mission d’évangélisation avec la communauté de l’Emmanuel. On était par binômes : il y en a 1 qui accueillait les personnes dans l’église et parlait de sa foi, l’autre qui priait à ses côtés. À minuit, à la fin de ce temps d’évangélisation, j’étais très frustrée : j’avais passé mon temps à « prier » à côté de Jean – Gabriel qui lui, avait été très à l’aise pour parler, contrairement à moi… Donc me voilà, à minuit, déçue et triste devant le Saint Sacrement. Et là, il est difficile d’expliquer avec des mots ce qui s’est passé : j’ai été saisie, et j’ai compris que Jésus était réellement présent là, devant moi, caché dans cette hostie si petite et lointaine. Je vais faire une comparaison : c’est comme si Dieu avait décidé de déverser tout son amour en moi à ce moment-là, et que j’étais beaucoup trop petite pour le contenir ! Donc ça déborde… Attention cet épisode n’est qu’une trace sensible de l’Amour de Dieu constamment présent en nous sans que nous le sentions ou que nous en ayons conscience. Oui, il nous aime d’un amour solide, puissant et éternel et il agit en nous de manière constante si nous le laissons entrer. Depuis cet épisode, je demande à Dieu que ma vie ne soit qu’un « débordement de sa grâce ». Merci de m’avoir permis de me rappeler de ce moment qui est encore aujourd’hui un tremplin dans ma foi ! La conversion, c’est tous les jours, par les petits « oui » que nous posons dans nos engagements ordinaires du quotidien comme se lever pour aller travailler… Faire ce travail avec courage, patience, en laissant passer l’amour de Dieu à travers ce que nous faisons, quoi que nous faisons.

Une personne qui t’a inspirée, et pourquoi ?
Le Bienheureux père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus ! Plus je le connais, plus j’ai besoin de lui… Il m’a toujours accompagnée de manière très concrète dans les épreuves difficiles de ma Vie. C’est un père, et je crois qu’il peut être un père pour beaucoup d’entre nous si nous nous approchons de lui en découvrant ce qu’il a écrit. Ce que j’ai appris de lui ? En fait, je l’ai découvert peu de temps après cette conversion que je viens d’évoquer. Pour moi, son enseignement a été une grande découverte : (même si j’ai toujours cru en Dieu depuis petite) Dieu est amour! Il t’aime d’un amour profond et sans limite ! Ce n’est pas parce que tu ne « sens » pas Dieu qu’il n’est pas là… Le père Marie-Eugène m’a appris la prière de l’oraison : moment de cœur à cœur silencieux auprès de lui. Dieu est là même si tu ne le sens pas, ne le vois pas. Et il agit dans la prière. (Même en dehors de la prière ! Quand tu joues au foot, ou au piano ! Etc) Comme un arrosoir qui déverse son amour sur toi pour te faire grandir et te fortifier.

Aujourd’hui te convertis-tu encore ?

Là il me vient à l’esprit de raconter une autre conversion. Un moment que j’ai vécu il y a 5 ans jour pour jour. J’écris le 13 février et le mardi 13 février 2018, c’était mardi gras, j’ai perdu ma maman. Le lendemain, nous sommes allés à la messe des cendres avec mon père. Je crois que le décès de maman à ce moment-là m’a permis de comprendre le vrai sens du carême : se laisser travailler par Dieu pour qu’il nous rapproche de lui et, encore une fois, nous donne son amour. Carême 2018 quelles ont été mes résolutions ? Aucune. Simplement garder mon temps de prière pour laisser à Dieu la possibilité de me consoler, de me soutenir, comme l’ont si bien fait mes amis.

Du coup, carême 2023 ! Quelles sont mes résolutions cette année ? Aucune ! Désolée de vous décevoir…  Si bien sûr ! Être fidèle au temps d’oraison que je prends chaque jour pour laisser Dieu continuer son œuvre en moi. Pour « coopérer » à son action et le servir comme il veut.

Quels sont les moyens que tu mets en place pour réussir ton carême ?

La prière : garder mon temps d’oraison quotidien. Cela m’aide beaucoup ! Même quand j’en ai pas envie, je le dis au Seigneur au début de ce temps de prière et en général, ça va beaucoup mieux après ! La batterie était vide, le Seigneur « s’en charge « !

La lecture de la Parole de Dieu. C’est elle qui nourrit mes temps de prière silencieuse et souvent, j’y trouve des réponses à mes questions. À consommer sans modération !

Les sacrements. J’essaie d’aller à la messe plus souvent, par exemple les jours où je ne travaille pas. Dieu me recharge aussi de cette manière, car il se donne… J’essaie aussi de vivre pleinement le sacrement de réconciliation pour que Dieu me renouvelle dans son amour.

La « charité » ou « l’aumône »… J’essaie de donner un peu de ce qui me coûte. Faire un petit don matériel ou financier, bien sûr, mais surtout don de moi, de mon temps… Pas facile ça pour moi, de donner du temps ! Quand je n’ai pas prévu et qu’un ami ou une rencontre imprévue me demande du temps… Et quand je le fais ça me donne de la joie.

Ta journée type pendant le carême ?
Comme d’habitude en fait : court temps de prière pour confier ma journée et me rendre disponible à l’action de Dieu, journée de travail, moment de prière un peu plus long le soir pour permettre à Dieu d’agir. Puis, activités extérieures s’il y a…

Comment vis-tu les piliers du carême ?
Prière aumône j’ai expliqué, il me reste le jeûne… Difficile ! J’essaie de « jeûner » des paroles malveillantes, critiques ou reproches que je peux faire à mes proches !

Bon carême à tous ! Et vive la joie de Pâques car c’est nous qui avons besoin de ce temps de conversion mais il nous a déjà sauvés !