Carême, chemin de conversion #1

En ce temps de carême, nous sommes appelés à vivre un temps de conversion. Mais quelle définition donnez vous à ce mot? Quelle conversion avez-vous vécue?  Comment vivre concrètement cette démarche pendant le Carême ? Pas facile! Ces questions nous les avons posées au Père Jean-Louis Brunel, prêtre à Péronne.

Jean-Louis, peux-tu nous parler de ta conversion?
C’était lors du carême de l’année sainte 1975. J’étais alors étudiant en école d’ingénieur agricole en 4ème année. Une expérience amoureuse décevante m’avait questionné sur le sens de la vie et de ma vie au point de tout remettre en question de l’héritage de ma foi en Jésus Amour. J’avais reçu une éducation simple, non contraignante et montrant un Dieu de bonté particulièrement dans la prière familiale de mon enfance. Tout était remis en question : « Mon Dieu, si tu existes… ! » fut ma prière salutaire une nuit de grande déprime. Il me fallait faire le pas de rencontrer une oreille attentive pour sortir de ma peine et je résistais à l’idée qu’un prêtre avait quelques compétences dans la matière sans me récupérer dans « son » Eglise ! Ce fut mon salut de rencontrer ce dernier au hasard d’un presbytère dans la ville universitaire où je vivais et de l’entendre me dire après le récit de ma détresse : « Si tu savais ce que Dieu donne ! » Je ne compris pas cette parole ce jour-là mais quelques jours plus tard en lisant la rencontre de Jésus avec la Samaritaine (Jn4, 10). Pourtant le sacrement du Pardon de Dieu sur ma vie offert par le prêtre contribua à manifester ce Don de vie retrouvée. Cette rencontre se prolongea avec un groupe de chrétiens « débridé » de louanges et de joies à partager une vraie fraternité. Je retrouvais une joie de vivre avec la redécouverte de la Lumière qu’offre la Parole de Dieu dans la prière. Et j’achevais au mieux des études mises à mal cette année là! Une lecture me remit au cœur et à l’esprit une expérience vécue à 12 ans en secret : le désir de donner ma vie au Christ et devenir prêtre et sans que personne ne m’ait engagé sur ce chemin. Une expérience de coopération en Algérie 2 années puis la formation de 6 années au séminaire ont enracinés ce désir définitivement.

Aujourd’hui, qu’est-ce que cela change dans ta vie?
Aujourd’hui, la parole du Christ à la Samaritaine éclaire toujours ma vie : J’avais soif moi aussi d’un amour et Le Christ m’a proposé de me combler en Lui. Ma réponse est de tous les jours dans la foi . Dans les moments de peine, de désarroi, de solitude, de lassitude, C’est lui qui me dit : « Si tu savais le Don de Dieu ! » Elle est pour ma vie cette parole ! La conversion est permanente bien-sûr et a besoin de cette période d’entrainement du Carême pour retrouver la source de l’appel et l’envoi pour aujourd’hui. « Ravive en toi le don que tu as reçu ! » dit St Paul à son ami et frère Timothée. (2Tm1,6-7)

Quels sont les moyens que tu mets en place pour te convertir pendant le Carême?
Concrètement en Carême je ne rajoute pas trop d’exploits mais plutôt de maintenir et faire bien mes engagements de prière avec l’écoute de la Parole, (oraison, offices, la messe) d’attention aux plus pauvres, de visites aux malades, d’écoute plus attentive sans distraction de ce que j’ai encore à faire et qui m’inquiète, de retenue sur mes appétits d’avoir, ou de nourriture. … bref d’honorer sans prétention les trois appels du Christ : prière, jeûne et aumône.