L’Avent, temps béni !

Certains vivront l’Avent 2022 à l’heure de la coupe du monde de football, en attente de belles victoires sportives, heureux, malgré les questions éthiques posées par un sport saturé d’argent. Beaucoup d’autres feront grandir leur contribution à la paix et au partage, en voyant l’Ukraine mourir de froid, les exilés en quête d’un abri ou les plus précaires se battre pour joindre les deux bouts. Des jeunes se mettront dans la perspective des JMJ de Lisbonne. Que d’attentes de bonheur et de mieux-être en ce monde inquiet ! Que de soifs de vivre autrement et plus saintement. Nous avons tous quelque chose à y apporter, à commencer par notre prière, énergie intérieure, et puissant antidote à l’inertie et au découragement

Sur ce fond, l’Église, notre Église, fragilisée elle aussi, mais habitée par la grâce et persévérante, réveille son attente du Christ Sauveur. Dieu est attentif au monde. Il vient s’y incarner encore et encore. Ce faisant, Il nous rappelle à nos incarnations. Il réactive en nous l’Espérance. L’Avent est le temps du long désir. L’homme y apprend son indigence, chemin creusé pour accueillir celui qui vient combler les pauvres.

Il peut être paradoxal de nous réjouir en un tel moment. Mais c’est plus fort que nous. Vivre de foi, c’est attendre Dieu en le sachant déjà là. C’est Lui qui nous fixe rendez-vous et nous offre le tremplin de l’espérance. Nous avons de belles décisions à prendre en ce temps, pour être plus vrais, plus simples (y compris pour nos cadeaux et nos fêtes), plus cohérents, en fait, avec le mystère de Noël que nous allons bientôt célébrer.

Plus que jamais, nous sommes appelés à être authentiquement chrétiens. Nous sommes conviés à faire corps avec ceux qui ne désespèrent pas de ce monde créé, aimé, sauvé par Jésus. Oui, nous sommes appelés à être heureux en Église, une Église à la fois sainte et sans illusion sur sa faiblesse, une Église qui se recentre sur l’essentiel : Dieu vient, Il touche les cœurs, Il convertit les âmes, Il nous rend frères et sœurs, Il nous fait passer de la colère à la miséricorde, du découragement à la persévérance, de l’ennui à l’eucharistie. La nuit peut nous sembler parfois privée d’étoiles, mais dans sa profondeur, elle achemine vers un don qui nous dépasse et qui est déjà mystérieusement présent en nous.

Chers amis du diocèse d’Amiens, faites de l’Avent un temps pour densifier la fraternité, pour vivre plus en proximité avec les autres, pour sortir de vous-mêmes à la rencontre de Celui qui vient à nous. Ce n’est pas d’abord le bien-être et le confort que nous cherchons ensemble, mais la joie d’être et de nous donner, fut-ce avec quelques degrés de moins, et pour faire du bien aux autres. Nous avons reçu le cadeau de la foi et de la charité, ne les gaspillons pas en plaintes et en macérations moroses. Livrons-nous à la divine douceur qui rejoint nos douleurs. La Vierge Marie nous y aide, avec Saint Joseph. Je vous souhaite un magnifique et confiant pèlerinage d’Avent.

+ Mgr Gérard Le Stang
Évêque d’Amiens.