Lectorat et acolytat : deux ministères particuliers au service de la liturgie.

A l’occasion de la publication du motu proprio intitulé Spiritus Domini (L’esprit du Seigneur), qui ouvre les ministères permanents de lecteurs et d’acolytes aux femmes, Isabelle Bertrand-Legros, Responsable de la Pastorale Sacramentelle et Liturgique nous explique l’importance de ces deux ministères.

Lectorat et acolytat : deux ministères particuliers au service de la liturgie 

La célébration eucharistique concerne le Corps tout entier de l’Église. C’est pourquoi, tous, ministres ordonnés ou fidèles laïcs, en accomplissant leur fonction ou leur office, feront tout ce qui leur revient1Concernant les laïcs, les ministères du lectorat et de l’acolytat, les instituent pour proclamer les lectures et servir à l’autel.  

Fonctions et offices en liturgie 

L’Église accorde de l’importance à la diversité des rôles en liturgie, œuvre du peuple de Dieu tout entier. Les rôles sont décrits dans tous les rituels, ainsi la présentation générale du Missel romain comporte un chapitre « Les offices2 et les ministères à la messe » dans lequel sont précisés les « Offices de l’ordre sacré », les « Fonctions du peuple de Dieu », les « Ministères particuliers » et les « Répartition des fonctions et préparation de la célébration ». L’Église corps du Christ est un peuple qui célèbre et chaque acteur devient lui-même signe du Christ.  

« Le prêtre est dans l’Église investi, par le sacrement de l’ordre, du pouvoir sacré d’offrir le sacrifice en la personne du Christ (in persona Christi). En conséquence, il est à la tête du peuple de fidèles rassemblé, il préside à sa prière. »3 Le diacre a un rôle propre dans la liturgie : le plus souvent, il annonce l’Évangile, prépare l’autel et accomplit son service dans la célébration de l’eucharistie. Avec les ministres ordonnés, les fidèles constituent l’assemblée, sont le Corps du Christ, constituent un seul corps. Et cette unité se manifeste par des gestes et des attitudes communes, c’est le sens de la liturgie que l’Église nous donne à mettre en œuvre. De nombreux laïcs sont acteurs de la liturgie : sacristains, fleuristes, organistes, animateurs, servants d’autel, chorale, lecteurs, psalmistes… accomplissent autant de tâches au service de la liturgie, ils sont avant tout serviteurs du Christ.  

Lectorat et acolytat 

La présence du Christ dans les actions liturgiques est une évidence pour tous les fidèles. Il est présent dans l’assemblée réunie, dans la personne du ministre ordonné, il est présent dans la Paroleil est présent au plus haut point sous les espèces eucharistiques. La liturgie est prévue pour rendre visible et sensible cette présence du Christ vivant auprès de son Église : c’est Lui qui parle quand nous lisons les Saintes Écritures, Il est là présent dans le sacrifice de la messe. Les ministères institués de lecteur et d’acolyte donnent un relief particulier à la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique.  

Le lecteur est institué pour proclamer les lectures de l’Écriture sainte, excepté l’Évangile. Il peut aussi proposer les intentions de prière universelle (PGMR 99). Force est de constater que dans nos célébrations, le lecteur est un laïc, homme ou femme, qui est appelé pour assurer ce service ponctuellement, sans institution particulière. Le fait que l’Église ait prévu cette institution nous invite à toujours considérer la fonction de lecture de la Parole comme une fonction particulière qui nécessite aptitude et préparation. Aptitude à la lecture publique qui nécessite une diction claire et précise, sans précipitation, en réglant correctement le micro pour être entendu et compris par toute l’assemblée. Préparation pour se mettre au service du dialogue que Dieu tient avec son peuple (durant la liturgie de la Parole, Dieu parle à son peuple), qui nécessite une lecture préalable du texte dans le lectionnaire pour en repérer le sens et le méditer 

L’acolyte est institué pour servir à l’autel et pour aider le prêtre et le diacre (PGMR 98). Dans nos assemblées dominicales, ce sont les servants d’autel, garçons et filles, le sacristain ou la sacristine qui assurent cette fonction pendant la liturgie eucharistiqueL’Église a prévu ce ministère institué. Cela doit toujours attirer notre attention sur l’importance de cette fonction particulière qui nécessite une préparation ne se limitant pas aux seuls aspects matériels.  

Le 11 janvier dernier, le Pape François a établi l’ouverture aux femmes des ministères du lectorat et de l’acolytat sous une forme stable et institutionnalisé. « Les femmes qui lisent la Parole de Dieu pendant les célébrations liturgiques ou qui accomplissent un service à l’autel, comme servante d’autel ou dispensatrices de l’Eucharistie, ne sont pas une nouveauté dans de nombreuses communautés à travers le monde » rappelle l’article de Vatican news du 11/01/2021. Mais jusqu’ici le lectorat et l’acolytat institués étaient réservés aux hommes, la plupart séminaristes institués dans le cadre de leur parcours vers la prêtrise. Si cette ouverture ne modifie pas nos pratiques habituelles, elle est toutefois une occasion de les revisiter, notamment le choix des lecteurs qui devraient toujours être désignés dans les jours qui précèdent la messe et non appelés dans les 5 minutes avant la célébration.  

La célébration eucharistique est l’action du Christ et de l’Église qui est le peuple saint réuni et organisé. C’est pourquoi elle concerne le Corps tout entier de l’Église ; elle le manifeste et l’affecte ; elle atteint chacun de ses membres, de façon variée, selon la diversité des ordres, des fonctions et de leur participation effective (PGMR 91).

Ministres ordonnés et fidèles baptisés, acteurs institués ou non, nous participons tous activement à la célébration. Le prêtre se fait le porte-parole de l’assemblée par la prière eucharistique pour le redire : « Tu nous as choisis pour servir en ta présence » « humblement, nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit saint en un seul corps ». Cette réalité nous dépasse, la liturgie doit la rendre visible et sensible. Il est de la responsabilité de chaque membre de l’assemblée réunie d’y veiller et d’y participer activement.