Mot d’accueil et Homélie des obsèques du Père Joseph d’Aulnay

Que dire de toi, Joseph, qui te respecte et ne te trahisse pas ? Humblement tu as été fidèle au Christ. Tu t’es efforcé de le suivre de près, en apôtre…

A sa suite, tu as eu soin des petits. Tu les as aimés comme on peut aimer les siens. Ils étaient ta famille. Tu pouvais dire à Jésus : « ils, elles, sont mon frère, ma s?ur, ma mère ». Tu savais voir, tu savais dire, la beauté, la grâce qui habitait chacun. Tu avais compris surtout que le monde est sans avenir s’il ne place les petits, les humbles, les handicapés au centre. Tu as donné écho à la Parole de Jésus s’adressant un jour à un handicapé : « Lève-toi, viens au milieu ». Tu as consacré de longues années de ta vie à leur service. Tu as fait entendre dans notre diocèse les Béatitudes : « Bienheureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux »…

Tu as été un frère. Tu as vécu la fraternité au jour le jour dans notre société malade de ses divisions, ses exclusions. Nourri par la prière, nourri aussi par la communauté « Évangile et Mission » à laquelle tu es resté fidèle près de 70 années, tu as répondu à l’Évangile qui invite toujours à désirer la rencontre de l’autre, avec sa présence physique qui interpelle, avec sa souffrance et sa demande, avec sa joie contagieuse, dans un constant corps à corps.

Prêtre, homme de foi, tu as été témoin du Christ fait chair pour partager notre vie. En te donnant comme lui-même s’est donné entièrement à Dieu, son Père, et à ses frères les hommes… Inlassablement tu t’es efforcé de faire naître, vivre et grandir des communautés qui trouvaient leur joie à rencontrer le Christ, dans les paroisses, les foyers en difficulté, l’ACI, les groupes de catéchèse d’enfants handicapés…

Tu n’as jamais cherché à convertir. Tu t’es toujours efforcé de faire de tout échange une conversation spirituelle. Tu avais reçu la grâce de vivre toutes tes rencontres dans un esprit d’absolue gratuité. Tu savais apprendre de l’autre, admirer la grâce qui émanait de lui comme elle émanait de toi. C’est sans doute pour cela que ton ministère de prêtre a fait de toi un ami de beaucoup. Tu n’as jamais prétendu être le père de personne, tu aimais qu’on t’appelle Joseph. Une conviction profonde t’a toujours habité :  » Pour vivre ensemble, ce n’est pas sur nos propres paroles, nos propres actions qu’il faut compter mais sur la parole et l’action qui nous lient les uns aux autres ». Tu l’as parfaitement compris et pour y rester fidèle avais placé l’Eucharistie au coeur de ta vie.Merci Joseph.

Père André Dubled

Seigneur, nous sommes rassemblés autour de l’abbé Joseph d’Aulnay et nous te rendons grâce de nous l’avoir donné. En l’oncle Jo, l’abbé Joseph, Jo… nous avons rencontré un homme doux et humble, discret et affectueux, confiant et heureux ; un homme de foi profondément habité !

L’abbé Joseph parmi nous n’a cessé d’être habité par le Royaume de Dieu qu’il a reçu mission d’annoncer ; Royaume pour lequel et vers lequel il n’a cessé de rouler, de sortir en vélo, qu’il vente ou qu’il neige, quelque soit le nombre de km à parcourir.

Le Royaume qui s’ouvre maintenant à lui dans la pleine lumière de la résurrection, était déjà transparent dans son regard, dans sa voix, dans l’orientation de sa vie ; Royaume où nous avons tous une place, à commencer par les tout-petits !

Joseph partageait la joie de Jésus qui loue le Père de se révéler aux tout-petits et les porte sur son cœur comme un berger ses agneaux (Is 40,11). L’hôpital Philippe Pinel fut à Joseph comme ce champ de la parabole de Jésus, champ pour lequel tu peux tout vendre, car s’y cache le trésor des trésors. Joseph y a rejoint une humanité dont les comportements nous déconcertent et nous mettent mal à l’aise, probablement, et moi le premier ; une humanité souffrante et blessée, sûrement ; des fils et des filles bien aimées du Dieu très Haut, assurément ; des hommes et des femmes porteur de grâce : sans aucun doute à ses yeux ! Et en cela il éduque notre regard !

« J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos » dit jésus à propose de tous les enclos dans lesquels nous nous enfermons par nos préjugés, nos frontières intérieures ou extérieurs ! Joseph n’a pas eu peur de répondre à l’appel pour rejoindre une partie de ceux qui sont à l’écart de la société. Il ne les contraint pas, il les laisse « aller et venir » quitte à un peu de remous dans une célébration ! Il est présence apaisante d’une paix enracinée dans l’amour du Père.

Les questions existentielles, y compris sur Dieu, sur l’Eglise… Il les a entendues ! J’ai compris certains neveux ou petits neveux – nièces ne s’en sont pas privés ! Des débats ont eu lieu en famille ! Je ne pense pas que Joseph ait d’abord cherché à convaincre ! D’une véritable écoute, il témoigne simplement de sa foi… (Joseph n’a pas d’explication sur tout comme s’il dominait tout !) Il témoigne par là de sa confiance en nous d’une part, et d’autre part de sa foi dans le Bon berger qui ne peut nous abandonner, qui veille, et prend patience !

J’ai été heureux alors d’entendre certains qui ont connu Joseph alors qu’il était jeune aumônier à Notre Dame de France, auprès des scouts ou du MEJ ! Il n’a pas perdu son regard bienveillant qui remercie et encourage le jeune quand il le voit servir !

Merci Joseph de nous apprendre ton regard bienveillant, constructif ! Tu m’a dit un jour avoir toujours été heureux dans les équipes de prêtres auxquelles tu as participées. Tu fus un frère toujours attentif à nous donner de voir le beau côté de ce que nous vivions.

Ces dernières années, n’ayant pu la force de célébrer ou même concélébrer la messe dans le chœur, tu te mêlais à l’assemblée des fidèles pour la messe dominicale. Si tu célébrais la messe à domicile la semaine, tu avais à cœur de rejoindre le peuple de Dieu rassemblé à l’Eglise ; incognito, fidèle au milieu des fidèles, accueillant à la Parole qui t’était donnée, te mettant toi-même sous la conduite de l’unique Bon Berger qui t’a préparé la table ! Tu savais que le psaume 22 n’est pas que la prière d’un individu, mais celle d’un peuple auquel tu appartiens.

Enfin, une petite suggestion ! Je crois que l’on n’est toujours marqué par son Saint Patron, surtout si on le prie ; une communion s’instaure. Cela tombe bien, c’est l’année Saint Joseph… Contemplez Saint Joseph dans l’Evangile… une lettre du pape François peut vous y aider… en méditant Saint Joseph, je suis que vous y reconnaîtrez ou même découvrirez à leur source quelques traits de l’abbé Joseph appelé Jo ou oncle Jo ! Amen

Père Patrick Derville

joseph d'aulnay

Monsieur l’Abbé Joseph d’AULNAY
né le 14 septembre 1926 à Petit-Couronne
ordonné prêtre le 22 décembre 1951 à Amiens

est décédé le 18 janvier 2021 à Abbeville

Il fut successivement :

• Vicaire à Sainte Jeanne d’Arc en 1952
• Aumônier à ND de France Abbeville en 1961
• Vicaire à St Vulfran Abbeville en 1972
• Curé à St Vulfran Abbeville en 1976
• Curé à St Acheul en 1978
• Curé à Ste Jeanne d’Arc et  aumônier à Ph Pinel en 1999
• En retraite en 2002
• Membre du Chapitre en 2010

La messe des obsèques a été célébrée le vendredi 22 janvier 2021 à l’église Saint Gilles d’Abbeville