Lettre aux catholiques de la Somme suite aux annonces gouvernementales concernant le confinement

Chers frères et sœurs,
Chers amis,

Lors de la conférence de presse de ce jeudi soir, le gouvernement a confirmé les règles du confinement sans y apporter d’assouplissement. Dans un même temps, le ministre de l’Intérieur rassemble les responsables des cultes pour travailler avec eux sur la possibilité de se rassembler à nouveau dans des conditions acceptables. Nos évêques ne nous lâchent pas et n’ont de cesse de chercher le chemin, qui, dans le respect de la Parole de Dieu et de nos lois françaises, permettra à tous de continuer à suivre le Christ.

Ces annonces gouvernementales, même attendues, accentuent votre souffrance et celle de vos pasteurs de ne pas pouvoir se réunir pour prier ensemble. Nous l’éprouvons de plus en plus fort, la prière communautaire nous est vraiment nécessaire.

L’Eucharistie est source et sommet de la vie chrétienne. Cependant, recevoir le corps du Christ est avant tout une grâce et non un droit. En attendant la joie de pouvoir retrouver la communauté, nous allons devoir continuer à vivre davantage de la Parole de Dieu, à poursuivre notre prière dominicale en petites Églises domestiques, à prendre soin les uns des autres pour vivre concrètement la fraternité en Christ. Quand je prie, par la communion des Saints, toute l’Église est en prière.

Dieu nous invite inlassablement à sa table mais il prend toujours des chemins inattendus pour nous y conduire, dans le temps qui est le sien. Il faut nous y préparer avec foi et en entendant l’appel de Jésus : « Veillez donc car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (Matthieu 25,13)

Veiller nous invite à la patience mais certainement pas à la passivité. Il s’agit de nous préparer à recevoir ce que Dieu veut nous donner en ne croyant pas que nos actions pourraient faire mieux et plus rapidement que Lui. Veiller demande de la persévérance. Cela « nous appelle à augmenter la puissance de cette ténacité intérieure, cette résistance de l’esprit qui nous permettent de ne pas désespérer dans l’attente du bien qui tarde à venir, mais de l’attendre, ou mieux encore, d’en préparer la venue dans une confiance active. »1

Comment nous préparer à retrouver le bienfait de nos rassemblements pour la célébration de l’Eucharistie ?

Si les célébrations ne sont pas permises, les églises peuvent rester ouvertes pour la prière personnelle.

Les prêtres restent disponibles pour vous. Lors d’une permanence annoncée dans l’Église, ou sur rendez-vous, il vous est possible de rencontrer le prêtre de votre paroisse, seul ou en famille, pour vous poser devant le Saint Sacrement, pour le sacrement de la réconciliation, pour un temps d’accompagnement spirituel, et aussi, de façon ponctuelle et après un temps de prière, pour recevoir la communion.

Certains d’entre vous n’en éprouveront pas le besoin et sauront se nourrir de la Parole de Dieu, d’autres viendront peut-être y puiser la force qui leur manque.

Durant ce confinement, les prêtres ont la possibilité de visiter les malades, les personnes seules ou isolées mais aussi les familles. Ils sont là pour vous. Chaque jour, en union de prière avec vous, ils célèbrent l’Eucharistie.

Bien sur toutes ces rencontres nous les vivrons en respectant les gestes barrières et en portant le masque. Chacun de nous doit prendre part à la lutte contre l’épidémie. Cela peut nous exaspérer mais je fais miens les mots que Tite reçoit de saint Paul : « Rappelle à tous qu’ils doivent être soumis aux gouvernants et aux autorités, qu’ils doivent leur obéir et être prêts à faire tout ce qui est bien ; qu’ils n’insultent personne, ne soient pas violents, mais bienveillants, montrant une douceur constante à l’égard de tous les hommes. » (Tite 3,1-2) C’est aussi l’action qui est en notre pouvoir afin de nous retrouver au plus vite pour célébrer ensemble l’Eucharistie !

Aidés de tout cela et avec la force du Seigneur, chacun dans le périmètre qui est le nôtre, ne renonçons pas à faire communauté : communauté de prière, communauté de veille, communauté d’attention aux plus fragiles, aux plus vulnérables…

Chers frères et sœurs, chers amis, je m’en remets à votre patience, votre persévérance et votre foi pour qu’ensemble nous nous tenions prêts, là où le Seigneur nous attend.

Ne cessant de faire mémoire de vous dans ma prière et de rendre grâce pour vous, je vous redis toute ma confiance.

 

Père Yves DELÉPINE
Administrateur diocésain

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1 Benoit XVI, Angélus du 12 décembre 2010