Brèves de confinement…

Chacun chez soi, mais pas chacun pour soi… La période du confinement a vu plusieurs initiatives solidaires naître dans notre Diocèse. La Pastorale de la Santé s’est mobilisée et mis en place un numéro vert pour rejoindre les personnes isolées et fragilisées par le confinement. Retour sur cette expérience avec les témoignages de François Cambier, délégué diocésain à la Pastorale de la Santé et de bénévoles « écoutants »

La joie n’est sûrement pas dans l’Avoir, souvent dans l’être mais certainement dans le Faire. Faire ensemble plait à Dieu.

Pour ma part après quelques jours confinés au Maroc qui m’ont permis de prendre de la distance avec l’évènement surtout en tant que soignant, j’ai senti que ma mission était de mettre en lien, de créer autrement. Ce qui me permettait aussi par ailleurs de contourner un confinement qui me faisait un peu peur, je l’avoue.

J’ai donc créé un numéro vert en deux jours après avoir lancé un appel à candidatures pour devenir écoutants. Quelle ne fut pas ma surprise de nous retrouver à 35 ! Une vraie merveille de voir ces personnes partir dans une mission que personne ne connaissait, partir de manière spontanée et courageuse, innover ensemble. A signaler un groupe fort disparate quant à ses origines parfois loin de la pastorale de la santé, des clercs, des laïques, des professionnels de santé, des étudiants venant de tout le diocèse. Cette écoute téléphonique a duré deux mois sans interruption tous les jours de 09h à 21h.

Une opération muguet vers les malades et les soignants pour le 01 mai, commencée sur la pointe des pieds a fini par fédérer une vingtaine de personnes sur Amiens et certainement beaucoup plus dans le diocèse. Deux mille cinq cents personnes rejointes à cette occasion. Là aussi union, faire ensemble m’a rempli de joie.

Cette période de confinement active m’a permis de me confirmer cette source de joie. Après un temps de réflexion ne pas attendre pour mettre son « tablier de service » et être témoin de la force de l’Esprit.

François Cambier délégué diocésain de la Pastorale de la santé.

Ce premier entretien m’a touchée au cœur. Une véritable visitation.

Dès que la proposition du Numéro vert de la Pastorale de la santé arrive, je réponds de suite à l’appel.  En tant que bénévole, à cause du confinement, les visites aux malades hospitalisés, sont suspendues.

Lundi 23 mars, 1er jour d’écoute de 15-18H : j’abandonne mes activités de jardinage, me prépare intérieurement pour être disponible et confie cet engagement au Seigneur.
17H15, c’est presque la fin du temps de permanence. Le téléphone sonne, le numéro vert s’affiche.Je suis un peu inquiète : c’est une première expérience, ne pas voir la personne… Une amie m’avait dit « Prudence », on ne sait pas à qui on a à affaire. C’est donc dans cet état d’esprit que je décroche.
L’entretien débute. Sophie a simplement besoin de parler, en ce temps si particulier où sorties et visites ne sont plus autorisées ! Elle m’explique comment elle vit, dans son petit appartement avec balcon, les personnes qui la suivent habituellement, internet qu’elle utilise après une formation, l’ordinateur qu’elle a pu acquérir, ses déplacements avec le TAM.
Son inquiétude est pour sa maman, seule à la campagne, fragilisée par un AVC, une année avant le décès du papa. Tout cela n’est pas facile en ce moment !
Il y a aussi, le problème au genou, pas de prothèse possible car trop jeune pour l’instant. Croyante, elle connait bien Lourdes, une personne de la paroisse lui apporte la communion chaque quinzaine. Tout son partage m’édifie.
Je lui dis que je suis touchée de voir comment malgré son handicap, elle est autonome et prend sa vie en main.Je lui propose de rendre grâce pour les personnes qui l’entourent, de prier pour elle, pour sa maman en lien son papa au Ciel. Nous nous confions à Marie puis, le Psaume 22 m’inspire…Phrase après phrase, elle répète après moi :
« Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien…. je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure… »

Dès la réception du message de François Cambier qui proposait de participer à une permanence d’écoute au téléphone, je n’ai pas hésité une seconde pour m’inscrire. Tenu de rester chez moi, j’ai aussitôt perçu la possibilité d’être au service. Comme bien d’autres, je n’ai pas reçu d’appels. Néanmoins, à l’heure de la permanence, j’étais prêt, disponible dans une attente active. Chaque permanence dont nous avons vite compris qu’elle serait « silencieuse », a été une occasion de penser et de porter dans la prière les personnes dont nous attendions l’appel.

Après en avoir parlé avec mon curé, cet engagement m’a permis de nouer des liens avec plusieurs personnes de la paroisse. Une liste de 8 noms m’a été confiée. A chaque contact, j’ai expliqué que c’est une personne de la paroisse qui m’avait donné ses coordonnées et que j’appelais pour faire le lien. Ce qui a donné lieu à des échanges d’une grande sincérité et d’une profonde richesse. C’est difficile d’imaginer le poids que peuvent porter certaines personnes. C’est à la fois une marque de confiance et un appel à être très humble.   

Un appel peu après 9h l’un des dimanches du confinement. 

Une femme, seule chez elle, se déplaçant difficilement, avait besoin de parler, elle était très inquiète. Elle ne pouvait plus rendre visite à ses parents : trop compliqué.

En l’écoutant on sent la personne qui s’apaise… Et quelle émotion de dire ensemble le « je vous salue Marie » avant de raccrocher.

Ce numéro vert a été pour moi une réponse à une demande de service, un temps donné qui m’a amené à être en grande communion de pensée et de prière avec tous ceux qui sont seuls, malades, isolés, et le sentiment de faire Eglise.