Les Noces de Cana

« Comme aux Noces de Cana, le Seigneur rend alors possible l’impossible » Jn 2, 1-11

Nous avons déjà assisté à un mariage. Traditionnellement, nous nous accordons pour dire qu’il s’agit du jour des mariés. C’est d’ailleurs l’une des rares occasions où des personnes, en l’occurrence les mariés, sont autorisées à faire preuve d’originalité : à porter une robe onéreuse, à oser un costume original non moins onéreux, à prendre du plaisir à jouer les vedettes d’un jour, à être photographiées sous tous les angles et à être ovationnées à la fin d’un discours réclamé par les invités.

Il devait en être de même à l’époque de Jésus. Or, dans ce récit, nous ne savons absolument rien des mariés. Rien n’est dit des personnes sur qui les projecteurs et les regards étaient braqués. Seul un détail non élogieux nous est parvenu à savoir qu’ils n’ont pas prévu assez de vin pour leurs invités (Jn 2,3 « Or, on manqua de vin »). Ainsi, l’Histoire n’a pas retenu l’histoire des mariés mais l’intervention du Fils de Dieu dans leurs vies pour combler leur manque. Il en sera de même pour nous. L’histoire des hommes ne retiendra pas notre nom, ni ce que l’on a fait, ni les jours qui ont été les plus importants dans nos vies. Depuis que la Création est Création, des milliards d’hommes sont nés et morts sans que l’on retienne leurs noms. Contrairement à Dieu qui retiendra chacun de nos noms parce qu’Il nous aura gravés sur les paumes de ses mains (Is 49,16), l’histoire des hommes ne retiendra ni notre nom ni les faits marquants de nos vies.

Est-ce à dire que nous sommes insignifiants ? Évidemment non. Notre nom est la marque de notre identité personnelle ce qui signifie que c’est notre être le plus profond qui sera recueilli dans les paumes des mains de Dieu. Aussi, nous sommes appelés à vivre une vie extraordinaire (au sens premier du terme, une vie non ordinaire, pleine de saints projets) en ayant chaque jour pour invité le Christ. Laisser le Christ prendre quotidiennement sa place d’invité privilégié dans nos vies, le laisser modeler nos désirs pour qu’ils deviennent des désirs emplis de sainteté, s’émerveiller de nos manques comblés par lui dans le souffle de l’Esprit et en rendre grâce, nous donne de saisir l’unicité de nos êtres pour Celui qui nous a créés par amour et pour aimer. Méditer les Ecritures à partir des réalités sensibles dans lesquelles nous vivons nous donnera, selon une formule de Saint Thomas d’Aquin, de laisser la Grâce changer l’eau de la raison en vin de la Révélation. Par ce récit, nous sommes appelés à laisser le dessein de Dieu s’accomplir dans nos vies en Jésus par l’Esprit, non pour que l’histoire des hommes retienne notre nom mais pour que l’Histoire de l’humanité tout entière soit elle-même transfigurée par le Christ.

Laurence Bayard

Par ce récit, nous sommes appelés à laisser le dessein de Dieu s’accomplir dans nos vies en Jésus par l’Esprit, non pour que l’histoire des hommes retienne notre nom mais pour que l’Histoire de l’humanité tout entière soit elle-même transfigurée par le Christ.