Synode des jeunes: Témoignage d’Adrien

Le pape François a convoqué une nouvelle assemblée générale du Synode des évêques sur le thème de « la jeunesse, la foi et le discernement vocationnel, du 3 au 28 octobre 2018, à Rome. Adrien Louandre, Permanent pour le MRJC Picardie, a participé au travail préparatoire et au week-end de clôture du synode. De retour de Rome, Il partage avec nous les temps vécus aux côtés des pères synodaux et nous livre ses impressions

Evidemment, ce n’est pas en un synode que tous les problèmes de l’Eglise seront résolus. Mais de multiples signes sont porteurs d’espoir. En effet, plusieurs interventions furent marquantes, comme celle de l’archevêque de Sydney, Anthony Fisher, qui a demandé pardon aux jeunes pour les crimes de pédophilie. Il demande aussi pardon « pour toutes les fois où vous recherchiez votre identité sexuelle, ethnique ou spirituelle et que vous aviez besoin d’une boussole morale, mais que vous avez trouvé les membres de l’Église antipathiques ou ambigus […] ne tournez pas le dos à Jésus à cause de nos échecs ».Ce synode a voulu parler d’amour aux jeunes. D’amour d’eux-mêmes, d’amour des autres ; de relation à Dieu. Mgr Macaire disait vouloir se battre pour que « l’Eglise se batte uniquement pour la civilisation de l’amour […] pour que les jeunes n’aient plus honte de l’Eglise ». D’amour de la vie en général aussi car pour l’Eglise, chaque jeune à « sa » propre vocation, son espace où il peut aimer, être aimer, grandir, créer… Elle se pose ici à contre-courant du matérialisme : elle veut faire aspirer à autre chose que les leurres de la société de consommation.

Concrètement, les évêques se sont en quelque sorte appuyés sur le « voir-juger-agir » en commençant par établir un état de la jeunesse du monde et de la jeunesse catholique dans sa diversité de réalités : comment aider au mieux les migrants et les jeunes des pays du sud et se battre pour la paix ? Comment revaloriser la place des femmes dans l’Eglise ? Comment lutter contre ce que le Pape François appelle la « culture du déchet » ? Comment accompagner spirituellement au mieux chaque jeune ? Comment investir le monde numérique ? De la culture ? Du sport ? De la musique ? Et enfin et presque surtout, comment accompagner les jeunes sur le chemin de la sainteté ? Sur tous ces sujets – et bien d’autres – les évêques soulignent qu’il est nécessaire de sortir du moralisme. Toutes ces questions permettent entre autres à l’Eglise d’évoquer la question de la place des femmes dans l’Eglise (où l’on voit une notable avancée car on cherche à mieux leur laisser l’espace pour s’exprimer et leur confier plus de responsabilités) ainsi que la question de l’urgence écologique. Résolument ouvert sur le monde, ce synode cherche à donner des axes de réflexions qui permettront ensuite aux acteurs locaux de mieux agir auprès des jeunes en général.

A titre personnel, durant tout ce parcours sur le synode des jeunes depuis un an, j’ai appris à aimer l’Eglise de l’intérieur. Soyons clairs : j’y ai vu bien des défauts. Mais si l’Eglise essaye de répondre à la soif d’absolu de l’Homme, elle est aussi faite de ces mêmes Hommes. Si elle devait être parfaite je n’y serais pas et n’aurais aucune chance d’y entrer. Au pré-synode nous avons soulevé que pour nous, un bon pasteur est d’abord un « pêcheur pardonné » qui comme Jésus, ne juge pas, parle d’amour et nous tend la main pour avancer sur notre propre chemin. Nous avons pu faire unité dans plusieurs temps comme ici, avec des jeunes de toutes tendances et horizons (de tous les scoutismes à l’action catholique en passant par les communautés de l’Emmanuel, de l’Arche, par des athées, des agnostiques, des acteurs de la société civile etc.). L’Eglise a su créer ici des espaces de débats et de rencontres : cette dynamique ne demande qu’à se perpétuer. Toutefois pour que ce synode réussisse, pour que l’Evangile puisse avoir un impact plus concret dans le quotidien des jeunes, pour qu’il puisse leur redonner l’espérance, il faut que tous nous nous saisissions ensemble de ce texte car il sera très probablement une arme contre la résignation et contre l’argent roi.

Au XIXe siècle, le romancier français Léon Bloy écrivait « l’Evangile c’est de la dynamite et on en a fait de la tisane ». Le synode a voulu parler d’amour. Alors, à nous jeunes catholiques, d’oser redécouvrir (ne serait-ce que par curiosité !) la philosophie du Christ qui, j’en suis convaincu, peut parler à chacun et nourrir la spiritualité de tous. A nous de redécouvrir cette joie des premiers chrétiens qui fit trembler les puissants. Je peux humblement en témoigner : la spiritualité du Christ et les Évangiles sont d’une richesse inestimable qui permet une meilleure action concrète. Alors pourquoi ne pas redécouvrir ce Dieu qui, malgré les faiblesses et les peurs de chacun, aime chaque être d’un amour fou ?

 

Adrien Louandre, Permanent MRJC Picardie.