Parole de notre évêque: Surprise et communion

Surprise et communion

 « Il aime l’encens, il est un peu tradi… » ai-je entendu il y a peu de temps, au hasard d’une de mes visites. Le ton était légèrement (mais poliment) condescendant. Et la sentence sans appel.

Il serait intéressant de réfléchir à ce que signifie « être tradi », sans doute traditionnel ou traditionaliste (ce qui n’est pas tout à fait la même chose) ; il serait stimulant de redécouvrir la place de la Tradition dans la foi chrétienne –  nous n’avons rien que nous n’ayions reçu, qui ne nous ait été transmis – ; il serait important de montrer que le vrai sens de la tradition n’a pas grand-chose à voir avec la simple répétition mais qu’elle est fondamentalement tournée vers l’avenir.

L’encens par exemple, emprunté à l’Orient et très utilisé par nos frères orthodoxes –est le symbole merveilleux de cette offrande faite à Dieu que l’un des mages offrit à Jésus, il est un indice, dans le récit évangélique, de l’affirmation, dès les commencements de l’Évangile, de la divinité de Jésus.  Ainsi, l’encens dans la liturgie eucharistique s’élève vers Dieu comme une offrande à quatre moments où nous saluons la présence réelle de Dieu (la parole de Dieu proclamée, les offrandes qui vont devenir corps et sang du Christ, le président ministre du Christ pasteur et l’assemblée, corps du Christ et temps de l’Esprit).

Aujourd’hui, nous redécouvrons certains gestes que quelques-uns pensaient abandonnés. Dans un christianisme minoritaire, dans une société qui a considérablement évolué dans son rapport au langage, aux sens et au corps, nous retrouvons des gestes qui signifient ce que les mots ne peuvent dire. Certains d’entre nous ont connu une société sursaturée de sacré. Aujourd’hui il y en a si peu de traces que nous sommes parfois heureux de pouvoir habiter quelques gestes qui expriment de façon spontanée une prière, un élan vers Dieu…

Il en va ainsi de la position à genoux. Elle peut avoir de multiples sens. Elle peut dire l’adoration, l’amour jusqu’à l’abandon de soi dans l’amour de Dieu.  C’est pour certains la manière de dire au-delà des mots leur reconnaissance et leur saisissement devant l’immense. Je sais que certains n’osent pas toujours ce geste. Je demande pour eux au Seigneur plus de liberté intérieure que la crainte qui nait de ce qu’on pense que les autres pourraient penser de nous. …

Je reviens du pèlerinage diocésain à Lourdes. Quel temps de grâce, quel cadeau. Devant la grotte à Lourdes,  j’ai perçu  le poids extraordinaire de foi qui se disait à travers la récitation toute simple du chapelet, et l’ouverture au don de Dieu qu’il favorisait.

J’aime  cette prière qui reprend les mots de l’ange et d’Elisabeth à Marie, et qui confie à la Mère de Dieu et notre mère, les deux moments plus importants de notre vie : maintenant, et l’heure de notre mort. J’aime cette prière qui nous permet de prier même quand nous ne savons plus trouver nos propres mots.

Je rêve d’une Église où nous nous enrichissions de nos pratiques différentes sans nous enfermer dans des étiquettes toujours trop faciles. Je rêve de l’a priori favorable et émerveillé qui n’a jamais peur de questionner pour comprendre et aider à approfondir, mais jamais pour juger.

En ce milieu d’été, alors que le synode diocésain s’annonce, portons-nous les uns les autres dans la prière. Avec Marie, que nous fêterons le 15 aout, demandons au Seigneur que notre diocèse se laisse féconder par l’Esprit Saint pour qu’il devienne ce qu’il veut et ose offrir Jésus à l’ensemble des habitants de nos territoires.

 

+Olivier Leborgne
Évêque d’Amiens

En ce milieu d’été, alors que le synode diocésain s’annonce, portons-nous les uns les autres dans la prière. Avec Marie, que nous fêterons le 15 aout, demandons au Seigneur que notre diocèse se laisse féconder par l’Esprit Saint pour qu’il devienne ce qu’il veut et ose offrir Jésus à l’ensemble des habitants de nos territoires.