Parole de notre évêque : Une source inépuisable

Ce matin, à l’office de Laudes, la liturgie des Heures nous proposait ce passage de l’Écriture. Il venait bien.

Je n’hésiterai pas à mettre mon orgueil dans mes faiblesses afin que la présence du Christ habite en moi […] Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. 1

La décision que nous venons d’apprendre et qui fait qu’il n’y aura pas d’ordination cette année provoque en nous une tension entre le respect et les questions qui jaillissent sur nos fragilités, celles du diocèse, la formation, l’avenir immédiat à court et moyen termes, etc. Au cœur de cette tension et des sentiments divers qu’elle provoque, résonne cette affirmation de saint Paul.

Il ne nous invite pas à renoncer à nos analyses et relectures et à oser des projets spirituellement enracinés et humainement audacieux. L’appel à mettre notre orgueil dans nos faiblesses n’est ni un alibi pour nos démissions et résignations, ni un « sauve qui peut » appelant à la fuite hors du monde. Il s’agit d’opérer un double constat qui devient, dans la manière de tisser ses deux termes ensemble, une source inattendue de dynamisme, d’agir et d’espérance.

Premier constat : nous n’avons pas pouvoir sur toute chose. Nous sommes bien pauvres par rapport aux évènements du monde, bien impuissants par rapport aux autres, et nous faisons chaque jour l’expérience de cette pauvreté vis-à-vis de nous-mêmes (comme il est dur de se convertir… !). Nous avons bien quelques atouts, personnellement et communautairement. Ils sont cependant bien dérisoires par rapport à nos défis. Oui, nous faisons l’expérience de la faiblesse.

Deuxième constat : le Christ est mort de notre mort pour nous vivifier de sa résurrection. Alors plutôt que d’être une raison pour nous replier sur nous-mêmes, nos faiblesses peuvent être une occasion providentielle pour nous ouvrir à la miséricorde et accueillir la puissance du Christ afin qu’elle habite et agisse en nous.

Cela passe par un dépouillement radical. Cela demande de mourir à l’image idéalisée de nous-mêmes, des autres, de notre monde ou de notre Église. Cela demande de quitter l’idolâtrie, cette tentation qui s’exprime non seulement dans la tendance à réduire Dieu à ce que nous en comprenons, ressentons ou expérimentons, mais aussi quand sournoisement nos projets ou notre agir deviennent une fin en soi et viennent ainsi prendre la place de Dieu. Mais ce dépouillement radical ne nous vide pas. C’est l’exact contraire : il creuse en nous l’espace de Dieu qui est notre véritable centre, et insuffle de la puissance dans nos vies.

Au cœur de nos vies, il y a le Ressuscité, dans sa puissance, qui veut agir par nous, avec nous et en nous. Cette puissance qui nous échappe, mais qui elle seule ouvre et garantit l’avenir, nous permet de devenir pleinement homme et femme, fait la croissance de l’Église au service du monde.

Là est la fidélité du Seigneur. Là est notre raison d’être et d’agir. Là est notre espérance en actes. Et le diocèse, encore et encore, est provoqué à s’y engager.

+ OLIVIER LEBORGNE, ÉVÊQUE D’AMIENS

MGR Olivier Leborgne

Explications

1. 2E LETTRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS 12, 9B-10